jeudi 14 avril 2011

Libye : l'Otan demande à Mouammar Kadhafi de se retirer

AFP
Mis en ligne le 14/04/2011

Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a promis jeudi que l'Alliance continuerait ses opérations en Libye "aussi longtemps que nécessaire" et "ferait tout" pour défendre les civils libyens.

Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a promis jeudi que l'Alliance défendrait les civils en Libye "aussi longtemps que nécessaire" mais a estimé qu'elle devrait déployer plus d'avions.L'Otan continuera l'opération Protection unifiée en Libye "aussi longtemps que ce sera nécessaire", a-t-il déclaré à l'issue d'un déjeuner de travail des ministres des Affaires étrangères de l'Alliance atlantique consacré à la crise libyenne.
"Nous allons faire tout ce qu'il faut pour protéger les civils, et pas seulement en paroles mais aussi en actes", a-t-il poursuivi, en soulignant que l'Otan avait effectué 2.000 missions depuis qu'elle avait pris en main les opérations le 31 mars.
Il a cependant reconnu que l'alliance "avait besoin d'avions d'attaque au sol" en plus pour mener à bien sa mission en Libye.

"Je suis convaincu que les pays (membres de l'Otan) seront au rendez-vous pour fournir ces moyens" qu'a réclamés le commandant en chef de l'Otan en Europe, l'amiral James Stavridis, lors d'un exposé aux ministres, a assuré M. Rasmussen.La France et le Royaume Uni avaient annoncé qu'ils allaient demander aux autres alliés d'"intensifier" les raids contre les troupes de Mouammar Kadhafi, en fournissant des avions supplémentaires et en les autorisant à participer aux frappes.

Aucun engagement n'a cependant été pris publiquement dans l'immédiat.

Les ministres des Affaires étrangères de l'Otan, divisés sur l'urgence de durcir leur intervention militaire, ont préféré jeudi insister sur l'objectif politique qui les rassemble: la chute de Mouammar Kadhafi.
La France et le Royaume Uni avaient annoncé qu'ils entendaient convaincre leurs alliés réunis jusqu'à vendredi à Berlin de l'urgence d'"intensifier" les opérations aériennes contre les troupes de Kadhafi, sous peine de mettre en danger les civils libyens que la résolution 1973 de l'ONU leur demande de protéger.
Le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen a estimé en ouverture que la réunion du groupe de contact à Doha mercredi avait donné "une bonne base" aux discussions sur les conditions d'un changement politique en Libye, en réclamant le départ de Kadhafi et en octroyant un soutien matériel aux rebelles du Conseil national de transition (CNT).

Mais les clivages n'ont pas disparu pour autant au sein de l'Otan.


A son arrivée, le ministre danois Lene Espersen, mettant en avant les efforts "considérables" de son pays qui mène des frappes depuis des semaines, a réclamé que d'autres contribuent aussi aux missions de bombardement.
Son homologue espagnole Trinidad Jimenez a douché l'espoir que l'Espagne, l'un des pays, avec les Pays-Bas et l'Italie, qui déploie des avions pour contrôler la zone d'exclusion aérienne ou faire du repérage mais leur interdit de participer aux raids contre les troupes kadhafistes, allait changer d'attitude.
Seuls six pays des 28 l'Otan (Belgique, Canada, Danemark, France, Norvège et Royaume-Uni) effectuent des frappes contre les chars et les dépôts de munitions libyens.
Les Etats-Unis se joignent encore à eux de temps à autre a révélé mercredi le Pentagone, mais l'Otan n'a toujours pas compensé le retrait du théâtre libyen d'une cinquantaine de chasseurs-bombardiers américains le 4 avril.
Le commandement de l'Otan avait bien réclamé un renfort, mais une dizaine d'appareils manquent toujours, bien que le Royaume Uni en ait fourni quatre de plus et que d'autres aient haussé le rythme de leurs frappes air-sol, selon un diplomate allié.
Pour éviter que l'alliance n'étale trop ses divisions, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a assuré que les Etats-Unis "soutiendraient fortement" l'opération Protecteur unifié de l'Otan en Libye jusqu'au départ du pouvoir du leader libyen Mouammar Kadhafi.
Même attitude conciliante de la France et de l'Allemagne qui ont insisté jeudi sur ce qui les unissait, plutôt que sur ce qui les séparait depuis le début de la crise libyenne à la mi-février.
"La divergence porte sur les moyens", a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, en rappelant que Paris contrairement à Berlin était "pour une intervention militaire".

"Mais sur le fond nous sommes d'accord pour dire qu'il n'y a pas de solution militaire et qu'il faut une solution politique", a-t-il ajouté, lors d'une conférence de presse commune avec son homologue allemand Guido Westerwelle.Sur le terrain, un responsable de la rébellion libyenne a affirmé que les forces de Kadhafi avaient bombardé le port de Misrata, à l'est de Tripoli, faisant au moins 13 morts et une cinquantaine de blessés.
Les insurgés dans cette ville, "bien organisés" de l'avis même du régime, résistent depuis plus d'un mois et demi aux offensives des forces loyales qui assiègent la ville, et ont tenté à plusieurs reprises de prendre le contrôle du port.

Ban Ki-moon appelle à un cessez-le-feu, Ashton au départ de Kadhafi


Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé jeudi à une solution "politique" et à un "cessez-le-feu immédiat" en Libye lors d'une réunion internationale à la Ligue arabe au Caire, tandis que la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a réclamé le départ du colonel Kadhafi.

"Nous appelons à un processus politique pour que le peuple libyen puisse réaliser ses aspirations", a déclaré M. Ban, qui co-présidait la réunion, lors d'une conférence de presse à l'issue des travaux.

"Nous réitérons notre appel à un cessez-le-feu immédiat", a-t-il ajouté.Mme Ashton a pour sa part déclaré que "la position de l'UE est très claire, le colonel Kadhafi doit se retirer immédiatement".

"La seule solution pour mettre fin à cette crise est politique", a-t-elle ajouté, en appelant à "un dialogue entre toutes les parties qui devrait mener à une période de transition".


Le chef de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) Ekmeleddin Ihsanoglu et le président de la Commission de l'Union africaine Jean Ping ont également participé à cette réunion consacrée à l'examen des moyens de mettre fin à la crise en Libye et co-présidée par M. Ban et le secrétaire général de l'organisation panarabe, Amr Moussa.

"Cette conférence vise à examiner les solutions et les issues politiques à la crise libyenne et à coordonner les efforts entre ces organisations", selon Ahmed Ben Helli, le secrétaire général adjoint de la Ligue, cité par l'agence officielle égyptienne Mena.

Elle s'est tenue au lendemain de la réunion à Doha du Groupe de contact sur la Libye, chargé du suivi politique de l'intervention internationale dans ce pays, qui a décidé la création d'un fonds d'aide à la rébellion et réitéré la nécessité d'un départ du colonel Mouammar Kadhafi pour régler le conflit.Noureddine Mezni, le porte-parole de M. Ping, a affirmé pendant les travaux que la réunion discutait "d'un mécanisme international pour mettre en place un cessez-le-feu" en Libye.
"L'essentiel actuellement, c'est un cessez-le-feu immédiat. Après le cessez-le-feu nous suggérons un dialogue global n'excluant aucune partie, une période transitoire au cours de laquelle le peuple libyen choisira lui-même ses dirigeants", a-t-il dit à des journalistes.
"Parmi les idées discutées pour un mécanisme de cessez-le-feu, il y a le déploiement d'une force internationale" d'interposition, a-t-il précisé."Une solution militaire est exclue et fournir des armes à n'importe quelle partie signifie davantage de destruction alors qu'il y a une catastrophe humanitaire", a-t-il ajouté.
Pour le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, qui s'exprimait lui aussi après la rencontre de Doha, il est exclu de fournir des armes aux rebelles libyens - une opinion partagée par son homologue belge, Steven Vanackere.
Selon M. Juppé, le groupe de contact -imaginé à l'origine comme un organe de pilotage politique mais qui se retrouve aux prises avec un conflit qui dure - a décidé d'aider financièrement les rebelles, et de les soutenir matériellement.Il est envisagé de "les aider à se financer, à se renforcer, mais il n'a pas été question de livraisons d'armes", a-t-il assuré.
Son homologue britannique, William Hague, s'est montré lui aussi prudent sur ce dossier, assurant que l'aide envisagée par le groupe de contact pouvait aller jusqu'à fournir des moyens de communication auxforces rebelles, mais pas au delà.

Les frappes menées "dans le respect" de la résolution de l'ONU

Les frappes aériennes en Libye de la coalition internationale sont menées "dans le strict respect de la résolution" du Conseil de sécurité de l'ONU, a insisté jeudi le ministère français des Affaires étrangères alors que Moscou a contesté la légalité de cette action.
"L'action de la France se situe dans le strict respect de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies d'abord, et dans le cadre d'une mobilisation en faveur de la population libyenne persécutée par (Mouammar) Kadhafi, dont le fils avait promis des rivières de sang à son peuple", a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay Bernard Valero lors d'un point-presse.
"Dès lors, et face à l'urgence humanitaire, les frappes ciblées sur les équipements militaires qui permettent à Kadhafi de continuer à terroriser la population doivent se poursuivre, comme cela a été réaffirmé le 13 avril à Doha par le groupe de contact" chargé du pilotage "politique" de l'opération, a-t-il poursuivi.
Les cinq pays émergents du Brics se sont prononcés jeudi contre l'usage de la force en Libye, lors de leur sommet en Chine, sans toutefois faire explicitement référence aux frappes menées par l'Otan en Libye.
Le président russe Dmitri Medvedev, dont le pays dispose d'une droit de veto au Conseil de sécurité, est allé plus loin estimant que la résolution de l'ONU n'autorisait pas les frappes.
La résolution 1973 autorise "toutes les mesures nécessaires" pour protéger les civils et prévoit une zone d'exclusion aérienne pour empêcher l'aviation du colonel Kadhafi de pilonner ses opposants.
"La solidarité internationale trouve sa source au Conseil de sécurité des Nations unies, s'ordonne autour des valeurs que défendent les Nations unies, se décline sur un engagement solidaire et responsable de chacun. C'est dans cet esprit que la France et ses partenaires agissent sur le dossier libyen", a insisté le porte-parole.

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