Au Niger, les attaques du groupe djihadiste Mujao, jeudi 23 mai, contre la mine d'uranium d'Areva à Arlit et contre un camp militaire nigérien à Agadez, montrent que, loin d'être terminée, la guerre menée par l'armée française au Mali touche aussi les pays voisins. Au Mali même, la population n'en a pas fini avec la guerre. Nos camarades de l'organisation trotskyste UATCI (Union africaine des travailleurs communistes internationalistes-UCI) décrivent cette situation dans le dernier numéro de leur mensuel Le pouvoir aux travailleurs.
Contrairement à la propagande diffusée par les dirigeants maliens qui laissent entendre que la guerre est déjà gagnée et qu'il s'agit tout juste de « consolider la paix », la réalité est tout autre. Certes, après l'intervention de l'armée française, la rébellion islamiste a subi des revers et a dû lâcher son emprise sur les villes du nord qui étaient sous sa coupe, mais elle est loin d'être anéantie. Certains de ses éléments se sont mélangés avec la population, d'autres ont traversé les frontières. Le 4 mai dernier, deux soldats maliens sont morts dans la localité de Hamakouladji (40 km au nord de Gao) lors d'un attentat suicide perpétré par un djihadiste qui s'est fait exploser au milieu d'une patrouille de l'armée malienne. Un autre attentat a eu lieu le 10 mai à Ménaka (non loin de la frontière avec le Niger) contre une caserne occupée par des soldats nigériens. Il y a déjà eu plusieurs autres attaques suicide depuis la reconquête des principales villes du nord.
Le Mali est donc vraisemblablement installé dans une guerre larvée pour une longue période. Les premiers à souffrir de cette situation sont les populations pauvres. Même si les médias gouvernementaux du Mali annoncent que les populations qui avaient fui les villes du nord à cause de la guerre reviennent sur leurs lieux d'habitation, ce n'est que de façon marginale. Ces mêmes médias ne parlent pas de ceux qui ont quitté les villes du nord (et qui continuent toujours de partir) depuis l'arrivée des troupes maliennes dans ces villes.
En effet l'armée malienne s'est particulièrement distinguée depuis la reconquête des grandes villes du nord, dans des actes de barbarie envers des ressortissants arabes, touaregs et songhaïs. Des cas de tortures et d'exactions sur des civils innocents ont été révélés récemment par des organisations des droits de l'homme. Les soldats ayant pratiqué ces actes n'ont même pas été inquiétés par leur hiérarchie. Tout juste si quelques-uns d'entre eux ont été mutés vers d'autres lieux.
Donc, si on assiste en effet à un petit retour des réfugiés vers Gao et Tombouctou, il s'agit essentiellement de ceux qui avaient fui vers Bamako et d'autres grandes villes du sud. Mais cela ne doit pas masquer le fait que, pendant ce temps-là, d'autres habitants quittent Gao et Tombouctou pour ne pas subir d'exactions.
Plus que jamais, la population malienne est divisée entre les « Sudistes » et les « Nordistes ». Ces derniers, (c'est-à-dire les Touareg, Arabes et Songhaïs) sont soupçonnés d'être des « séparatistes » et des « traîtres ». Cela ne favorisera pas la bonne cohabitation entre les différentes composantes de la population et l'on sait où cela peut conduire. Certes, le Mali n'est pas le Rwanda ou la République démocratique du Congo, mais l'exacerbation des sentiments ethniques, régionalistes ou nationalistes peut conduire à une barbarie sans nom.
L'avenir pour les exploités n'est ni dans le maintien des frontières telles qu'elles ont été tracées arbitrairement par les colonisateurs, ni dans l'isolement ethnique ou culturel, mais au contraire dans l'union de leurs forces pour combattre ensemble l'exploitation capitaliste, l'oppression et la dictature. Les travailleurs, quelles que soient leur ethnie, leur couleur de peau ou leur nationalité, ont partout les mêmes intérêts
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