Il paraît loin, le temps de la campagne électorale. Souvenez-vous : c'était l'engagement n° 58 du candidat Hollande, « rompre avec la Françafrique ». En octobre dernier, premier déplacement, premier discours. Le président français vient à Dakar, comme Nicolas Sarkozy l'avait fait avant lui.
Mais si François Hollande se rend au Sénégal, c'est justement pour marquer sa différence et faire oublier le fameux « l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire » de son prédécesseur. « Le temps de ce qu'on appelait autrefois la Françafrique est révolu, déclare-t-il devant les députés sénégalais. Il y a la France, il y a l'Afrique et il y a le partenariat entre la France et l'Afrique. Avec des relations fondées sur le respect, sur la clarté et sur la solidarité. »
Le temps des promesses
Optimiste, certain de ses convictions, François Hollande se permet dans ce discours de parler de la Françafrique au passé. C'est le temps des grandes promesses. Avec lui, fini les réseaux occultes, terminée la bienveillance avec tous ceux qui ne respectent pas les droits de l'homme. Sauf que la crise économique le rattrape. Le président français invente le concept de diplomatie économique. Tous les moyens de l'Etat doivent être utilisés pour développer les intérêts français à l'étranger et surtout en Afrique, « le continent du futur », comme l'appelle M. Hollande.
Alors, lorsqu'il reçoit à l'Elysée des présidents africains jugés quelques mois plus tôt peu fréquentables, les premières critiques tombent. Mais pour l'opposant gabonais Marc Ona, ces tête-à-tête parisiens ont servi : « Oui, il faut les recevoir et leur faire passer des messages très clairs, estime-t-il. Je prends le cas du Gabon, avec l'audience accordée au président Ali Bongo, où effectivement le président Hollande lui a demandé d'ouvrir le dialogue avec l'opposition, la société civile pour une instauration de la démocratie. »
Le temps de la guerre
En janvier, l'Afrique rattrape une fois de plus le pouvoir français. Le chef de l'Etat rompt définitivement avec ses grands idéaux africains en lançant l'intervention au Mali, alors qu'il avait promis que l'armée française ne mènerait pas d'opération militaire seule sur le continent. Le président se justifie au nom de la lutte contre le terrorisme, et indique au passage que la France ne soutient plus les dictateurs. Elle n'a, par exemple, pas répondu à l'appel à l'aide du président Bozizé en Centrafrique.
Au Mali, une fois la ville de Tombouctou libérée, François Hollande vient récolter les fruits de la guerre au Mali. « Je viens sans doute de vivre la journée la plus importante de ma vie politique,lance-t-il. Et, à travers les clameurs, le soutien que vous m'apportez, c'est à toute la France que vous donnez votre plus grand hommage. Vive l'amitié entre le Mali et la France. Merci. »
Le Mali, pierre angulaire d’une nouvelle politique
Au Mali, François Hollande ne s'engage pas seulement sur le terrain militaire. Son nouveau slogan ? « Nous avons gagné la guerre, il faut maintenant gagner la paix. » Le président fait pression pour que l'élection présidentielle se tienne fin juillet. Il organise aussi la conférence des donateurs de Bruxelles. Mais s'il s'investit pour que les droits de l'homme soient respectés au Mali, le chef de l'Etat semble moins regardant sur ce qu'il se passe chez les voisins. Pas un mot par exemple sur la récente vague d'arrestations d'opposants politiques et de journalistes au Tchad.
Une situation inquiétante, juge Mathieu Lopes, vice-président de l'association Survie. « C'est vrai qu'il est délicat d'être entendu quand il s'agit de formuler un certain nombre de critiques,concède M. Lopes. On nous renvoit un peu dans une vision « à la Bush », « vous êtes pour ou contre nous ». On a bien vu récemment au Tchad un certain nombre d'arrestations d'opposants, de répressions qui n'ont pas ému outre-mesure les autorités françaises. »
Des diplomates français estiment que l'intervention au Mali constitue l'acte fondateur d'une nouvelle grande politique de la France en Afrique. François Hollande, qui réfute toute idée d'ingérence, veut mener de front trois grands chantiers dans le pays : la sécurité, la politique et le développement. Un projet ambitieux. Mais s'il veut laisser sa marque, François Hollande n'a désormais plus le droit au moindre faux pas.
Mais si François Hollande se rend au Sénégal, c'est justement pour marquer sa différence et faire oublier le fameux « l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire » de son prédécesseur. « Le temps de ce qu'on appelait autrefois la Françafrique est révolu, déclare-t-il devant les députés sénégalais. Il y a la France, il y a l'Afrique et il y a le partenariat entre la France et l'Afrique. Avec des relations fondées sur le respect, sur la clarté et sur la solidarité. »
Optimiste, certain de ses convictions, François Hollande se permet dans ce discours de parler de la Françafrique au passé. C'est le temps des grandes promesses. Avec lui, fini les réseaux occultes, terminée la bienveillance avec tous ceux qui ne respectent pas les droits de l'homme. Sauf que la crise économique le rattrape. Le président français invente le concept de diplomatie économique. Tous les moyens de l'Etat doivent être utilisés pour développer les intérêts français à l'étranger et surtout en Afrique, « le continent du futur », comme l'appelle M. Hollande.
Alors, lorsqu'il reçoit à l'Elysée des présidents africains jugés quelques mois plus tôt peu fréquentables, les premières critiques tombent. Mais pour l'opposant gabonais Marc Ona, ces tête-à-tête parisiens ont servi : « Oui, il faut les recevoir et leur faire passer des messages très clairs, estime-t-il. Je prends le cas du Gabon, avec l'audience accordée au président Ali Bongo, où effectivement le président Hollande lui a demandé d'ouvrir le dialogue avec l'opposition, la société civile pour une instauration de la démocratie. »
En janvier, l'Afrique rattrape une fois de plus le pouvoir français. Le chef de l'Etat rompt définitivement avec ses grands idéaux africains en lançant l'intervention au Mali, alors qu'il avait promis que l'armée française ne mènerait pas d'opération militaire seule sur le continent. Le président se justifie au nom de la lutte contre le terrorisme, et indique au passage que la France ne soutient plus les dictateurs. Elle n'a, par exemple, pas répondu à l'appel à l'aide du président Bozizé en Centrafrique.
Au Mali, une fois la ville de Tombouctou libérée, François Hollande vient récolter les fruits de la guerre au Mali. « Je viens sans doute de vivre la journée la plus importante de ma vie politique,lance-t-il. Et, à travers les clameurs, le soutien que vous m'apportez, c'est à toute la France que vous donnez votre plus grand hommage. Vive l'amitié entre le Mali et la France. Merci. »
Au Mali, François Hollande ne s'engage pas seulement sur le terrain militaire. Son nouveau slogan ? « Nous avons gagné la guerre, il faut maintenant gagner la paix. » Le président fait pression pour que l'élection présidentielle se tienne fin juillet. Il organise aussi la conférence des donateurs de Bruxelles. Mais s'il s'investit pour que les droits de l'homme soient respectés au Mali, le chef de l'Etat semble moins regardant sur ce qu'il se passe chez les voisins. Pas un mot par exemple sur la récente vague d'arrestations d'opposants politiques et de journalistes au Tchad.
Une situation inquiétante, juge Mathieu Lopes, vice-président de l'association Survie. « C'est vrai qu'il est délicat d'être entendu quand il s'agit de formuler un certain nombre de critiques,concède M. Lopes. On nous renvoit un peu dans une vision « à la Bush », « vous êtes pour ou contre nous ». On a bien vu récemment au Tchad un certain nombre d'arrestations d'opposants, de répressions qui n'ont pas ému outre-mesure les autorités françaises. »
Des diplomates français estiment que l'intervention au Mali constitue l'acte fondateur d'une nouvelle grande politique de la France en Afrique. François Hollande, qui réfute toute idée d'ingérence, veut mener de front trois grands chantiers dans le pays : la sécurité, la politique et le développement. Un projet ambitieux. Mais s'il veut laisser sa marque, François Hollande n'a désormais plus le droit au moindre faux pas.
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