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A l'inverse de leurs voisins maliens, ils bénéficient de la décentralisation et sont intégrés à tous les échelons de la société.
Contrairement aux rebelles du MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) du Mali, les Touaregs nigériens semblent «apaisés et intégrés», selon le site de l'hebdomadaire Jeune Afrique, qui nous livre un long reportage sur les conditions de vie des peuples nomades.
Les Touaregs nigériens, qui représentent près de 10% de la population du pays, n’ont pas rejoint l’insurrection malienne, car ils sont beaucoup plus intégrés à la société, comme l'explique le colonel Mahamadou Abou Tarka, un Touareg qui préside depuis 2011 la Haute autorité à la consolidation de la paix:
«Au Niger, les Touaregs n'ont jamais été exclus comme ils ont pu l'être au Mali. Depuis toujours, il y a des cadres touaregs dans l'administration. Moi-même, j'ai franchi tous les échelons dans l'armée et je n'ai pas eu besoin de mener une rébellion pour cela.»
En effet, les Touaregs sont présents jusque dans les plus hautes fonctions politiques, militaires ou économiques. Jeune Afrique cite en exemple Brigi Rafi, Premier ministre nigérien, Rhissa Ag Boula, conseiller spécial du président, ou encore Mohamed Akotey, président du conseil d’administration d’Imouraren SA, une filiale d’Areva.
Cette situation, apprend-on encore dans l'article, est due à une politique volontariste de l’Etat pour l’insertion des Touaregs dans la société. A la fin du soulèvement des années 1990, «un quart des 12.000 combattants insurrectionnels avaient été intégrés dans différents corps d'Etat et un tiers avaient bénéficié d'un soutien économique», indique le site.
L’article évoque également des actions de fermeté, qui ont permis d’inverser le rapport de force entre le gouvernement et les Touaregs. En 2011, lors de la chute de Kadhafi, reconnu comme un «parrain de nombre de rébellions touarègues durant les trente dernières années», des manœuvres de dissuasion ont été mises en place (soldats postés dans le nord, missions de reconnaissance…) S’il subsiste encore quelques rebelles dans le Sud libyen, ils ne bénéficient pas de l’appui des populations locales, conclut Jeune Afrique.
Lu sur Jeune Afrique
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Nigeria: les portables coupés pour vaincre Boko Haram
Balama Mali Gubio a perdu le contact téléphonique avec ses proches il y a dix jours, comme de nombreux habitants du nord-est du Nigeria, pris en étau entre les attentats des extrémistes islamistes et l'offensive menée contre eux par l'armée.
"Je ne sais pas ce que deviennent mes parents, mes frères, ma soeur", explique à l'AFP cet homme de 62 ans, porte-parole d'un forum des principaux "anciens" dans le jardin de sa grande maison, dans la ville de Maiduguri, berceau du groupe islamiste Boko Haram.
L'armée a fermé les services de téléphone portable il y a plus d'une semaine, dans la majeure partie du nord-est du pays, où a été lancée une offensive contre les insurgés islamistes, laissant des familles sans contact entre leurs membres et contraignant les hôpitaux à acheter des radios.
Une source sécuritaire de haut rang a expliqué à l'AFP que le système téléphonique était "gelé" dans le cadre d'une "stratégie" afin de vaincre le groupe islamiste Boko Haram, réputé pour coordonner ses attaques par téléphone ou messages "textos".
Tandis que la fermeture des mobiles a suscité beaucoup de gêne, avec un réseau de téléphone fixe pratiquement inexistant, Gubio et d'autres disent qu'ils peuvent se débrouiller, si cela conduit à la paix.
"Si cela peut aider, continuons, même pendant trois mois, cela ne me gêne pas", dit Gubio, qui était auparavant extrêmement critique contre les méthodes utilisées dans le Nord-Est par l'armée, accusée de graves exactions dans son combat contre Boko Haram.
Les habitants de Maiduguri se sont habitués à vivre au milieu d'un conflit qui a handicapé le commerce et s'accompagne de couvre-feux. Les attentats-suicides, les attaques au fusil, les explosions de bombes déposées au bord de la route et les raids violents de l'armée sont presque devenus la routine.
Selon les estimations de l'ONG Human Rights Watch, les attaques de Boko Haram et leur répression par l'armée ont fait 3.600 morts depuis 2009.
Les attentats récents dans d'autres lieux de la région ont alerté sur le fait que Boko Haram s'était renforcé, enhardi, se vantant de contrôler des localités éloignées, près des frontières du Cameroun, du Tchad et du Niger.
Le 14 mai, le président Goodluck Jonathan a déclaré l'état d'urgence dans trois Etats -Adamawa, Yobe et Borno dont Maiduguri est la capitale.
Sa déclaration a conduit à l'offensive actuelle, avec des raids aériens et plusieurs milliers de soldats déployés au sol, dont le but est de rétablir l'"intégrité territoriale" du Nigeria, selon l'armée.
"Personne ne peut dire ce qui se passe"
Il semble que les combats se soient concentrés en dehors de la ville, dans des lieux éloignés, l'armée proclamant en particulier avoir détruit des camps de Boko Haram dans une forêt distante de 60 km de Maiduguri.
L'armée a décrit les insurgés comme étant "en déroute", une affirmation impossible à vérifier.
Les organisations de secours, comme la Croix-Rouge, n'ont pas encore pu se rendre sur les lieux concernés. Avec la clôture du système téléphonique, les civils frappés par les combats sont inaccessibles.
"Personne ne peut dire ce qui se passe", dit Gubio, qui affirme que beaucoup de ses proches vivent au sud de Maiduguri, où l'armée aurait lancé des frappes aériennes contre les camps de Boko Haram.
Le directeur de la santé de l'Université de l'enseignement de la médecine à Maiduguri, Abdurrahman Tahir, a indiqué ne pas avoir vu d'augmentation du nombre de victimes amenées à l'hôpital depuis le début de l'offensive, laissant entendre que le conflit était concentré loin de la ville.
La fermeture des communications rend plus difficile le fonctionnement d'un hôpital, en particulier les services d'urgence, qui s'appuient beaucoup sur les téléphones portables, dans un lieu où les "fixes" ne marchent presque pas, a dit M. Tahir à l'AFP.
"Nous sommes en train d'acquérir des radios", pour envoyer des messages-radio, a-t-il dit, insistant sur le fait que l'hôpital "se débrouillait" très bien sous l'état d'urgence.
En raison de l'état d'urgence, les activités à Maiduguri se sont ralenties, notamment sur le marché normalement toujours animé de Kolo.
Mais la vie continue, avec un calme apparent, dans d'autres quartiers. La mosquée proche du quartier très peuplé de la poste, a connu, vendredi, une grande affluence pour la prière.
L'armée avait imposé brièvement un couvre-feu de 24 heures dans certains quartiers de Maiduguri, qui a été ensuite assoupli.
Haruna Mamuda, 30 ans, a été touché de plein fouet par la fermeture du système téléphonique: il vend des recharges de téléphone, et, sans surprise, le marché s'est effondré.
Il dit que sa vie en est rendue très difficile mais, comme Gubio, ajoute qu'il fera volontiers ce sacrifice. "Si cela aide à mettre fin à l'insurrection, j'en suis heureux", déclare-t-il en langue haoussa, largement utilisée dans la région.
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