27 mai 2013 à 17:54
Le président de l'Assemblée libyenne Mohamed al-Megaryef, le 23 novembre 2012 à Tunis (Photo Fethi Belaid. AFP)
Le président de l’Assemblée, plus haute autorité politique de Libye, va démissionner mardi, après l’adoption d’une loi bannissant de la politique les anciens collaborateurs du régime déchu, qui a aussi poussé vers la sortie le ministre de l’Intérieur.
Mohamed al-Megaryef «doit présenter mardi soir sa démission devant les membres du Congrès», a déclaré lundi à l’AFP un de ses conseillers, sous le couvert de l’anonymat.
«Les membres du Congrès général national (CGN) doivent élire un nouveau président dans les prochains jours», a ajouté la même source, sans plus de détails sur les raisons de la démission.
Selon l’agence libyenne Lana, M. Megaryef doit annoncer sa démission mardi soir dans un discours.
Cette démission est attendue depuis l’adoption le 5 mai d’une loi controversée qui écarte de la vie politique les personnalités ayant occupé des postes de responsabilité sous l’ancien régime, depuis le 1er septembre 1969, date d’arrivée au pouvoir de Mouammar Kadhafi, jusqu’à la chute de son régime en octobre 2011.
Cette loi, qui doit entrer en vigueur le 5 juin, avait été adoptée sous la pression de miliciens armés qui ont occupé deux ministères durant plusieurs jours.
M. Megaryef est concerné par la loi parce qu’il a été ambassadeur en Inde sous le régime Kadhafi dans les années 1980, avant de faire défection et rejoindre l’opposition en exil.
Elu en août à la tête du CGN issu des élections du 7 juillet 2012, M. Megaryef, né en 1940 à Benghazi (est), avait passé 31 ans en exil dont une vingtaine comme réfugié politique aux États-Unis, avant de rentrer au pays dans la foulée de la révolte qui a mis fin au règne de Kadhafi.
Diplômé en économie et titulaire d’un doctorat en Finances en Grande-Bretagne, il avait fondé dans les années 1980 avec d’autres dissidents le Front de salut national libyen (FSNL), auteur de plusieurs tentatives de coups d’État contre l’ex-dictateur.
Exclusion politique
Durant son exil, M. Megaryef a été traqué par les services de renseignement de Kadhafi, qui avait lancé dans les années 1980 une campagne visant à liquider des opposants dans plusieurs pays arabes et occidentaux.
La loi sur le bannissement politique des anciens responsables du régime déchu devrait aussi exclure d’autres membres du CGN ainsi que cadres de l’administration et des ministres, dont celui de l’Intérieur Achour Chwayel, qui semble vouloir anticiper sa sortie.
Ainsi, le CGN a annoncé lundi avoir approuvé la proposition du Premier ministre, Ali Zeidan, de nommer un nouveau ministre de l’Intérieur, Mohamed Khalifa al-Cheikh, en remplacement de M. Chwayel, démissionnaire.
M. al-Cheikh «a prêté serment devant le CGN et devrait être installé immédiatement dans ses fonctions», a précisé le bureau de presse du CGN dans un communiqué.
Selon une source au gouvernement libyen, M. Chwayel qui occupe son poste depuis novembre, avait présenté sa démission au chef du gouvernement début mai, invoquant des «raisons personnelles».
M. Chwayel pourrait être concerné par loi sur l’exclusion politique, dans la mesure où il avait occupé plusieurs postes de responsabilité au sein de l’appareil de sécurité de l’ancien régime, en particulier à Benghazi.
Le ministre de la Défense, Mohamed al-Barghathi, qui a été commandant des forces de l’armée de l’air du temps du dictateur déchu, avait pour sa part démissionné deux jours après l’adoption de la loi, avant de revenir sur sa décision à la demande du Premier ministre.
Depuis sa nomination, M. Chwayel s’était trouvé engagé dans un bras de fer avec des milices de thowars, ces ex-rebelles qui ont combattu les forces de Kadhafi durant la révolution de 2011 et refusent de déposer les armes. Sur successeur, âgé de 57 ans et diplômé de l’Académie de police de Tripoli en 1979, est en revanche présenté comme proche des thowars.
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