Les islamistes aux commandes
MFC (avec AFP)
Mis en ligne le 02/07/2012
Ils ont pris le dessus sur les Touaregs. Et détruisent le patrimoine malien.
Depuis la semaine dernière, les Touaregs du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad, soit le Nord-Mali) ont été évincés de toutes les places importantes qu’ils détenaient avec leurs alliés islamistes. Des combats avec les islamistes, qui ont fait au moins 35 morts et 41 blessés par balles, selon des habitants de la ville, ont en effet mis fin à leur présence à Gao, mardi et mercredi derniers.
Le MNLA avait déjà été évincé de Tombouctou au début de la conquête du Nord-Mali, il y a trois mois, par une coalition entre le mouvement indépendantiste touareg et les islamistes algériens d’Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique), mauritaniens du Mujao (Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’ouest) et mal identifiés d’Ansar Dine. Ce dernier est dirigé par un Touareg, Iyad Ag Ghali, mais on ignore qui sont ses troupes et à combien elles se montent en dehors des alliés étrangers. Les islamistes viennent en outre de forcer le MNLA à évacuer ses dernières positions à l’extérieur de Tombouctou. Quant à Kidal, ville d’ag Ghali, elle est depuis le début contrôlée par Ansar Dine.
Tout-puissants, les islamistes se sont autorisés samedi, par la bouche de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar (AQMI), à mettre en garde toute opération militaire contre leurs positions au Nord-Mali. Il y sera répondu "avec fermeté et détermination". Une telle opération est envisagée par les pays voisins du Mali. Le Conseil de sécurité a, jusqu’ici, refusé de leur octroyer un mandat officiel, le projet militaire ouest-africain étant trop imprécis.
Les islamistes ont en outre voulu montrer leur puissance à Tombouctou, ce week-end. La ville - fondée aux XIe et XIIe siècles par des clans touaregs, fut à son apogée, au XVIe siècle, un grand centre intellectuel de l’islam. Celui qui y a prévalu jusqu’ici est toutefois un islam de tendance soufie (modéré), qui a laissé plusieurs mausiolées de saints dans la mythique cité des sables, classée au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1988. Les islamistes ont entamé leur destruction ce week-end "au nom de Dieu", en les déclarant impies.
Samedi, une trentaine de membres d’Ansar Dine armés de kalachnikovs, pioches, houes et burins ont encerclé ces lieux de recueillement populaire et de pélerinage et ont commencé à les abattre aux cris de "Allah Akbar". Le porte-parole d’Ansar Dine, Sanda Ould Boumama - qui doit recourir à un interprète pour s’adresser à l’AFP - a annoncé que "tous les mausolées sans exception"seront détruits. "Dieu, il est unique. Tout ça c’est haram (interdit selon l’islam).Nous, nous sommes musulmans. L’Unesco, c’est quoi ?" Selon des témoins, les islamistes ont, dans l’après-midi, demandé à des maçons de poursuivre la destruction contre salaire, mais ceux-ci ont refusé. Dimanche, Ansar Dine a repris la démolition, toujours sous le regard consterné des habitants. Bamako, Paris et Rabat ont protesté avec véhémence.
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