L'Algérie, pays exportateur de terrorismes et de malheurs dans l'Azawad
- Vendredi, 11 Mai 2012
- Écrit Par Acherif Ag Intakwa
Dans l'une de ses dernières sorties internationales en tant que président Français, Nicolas Sarkozy affirmait que l'Algérie est le pays qui détient la clef dans l'ensemble du Sahel. Cette affirmation n'est pas fortuite, loin de là. Par le biais du DRS, l'Algérie a une grande influence dans l'Azawad grâce à la présence d'Al Qaeda au Maghreb Islamique qui n'est qu'une émanation de ses services secrets. Retour sur ces liens dont peu de personnes s'attardent.
Pour mieux connaitre le cartel du trafic de drogue et du crime organisé qu'est AQMI, il faut faire un retour en arrière, plus particulièrement en 1992. Lors des élections locales de cette année en Algérie, un groupe islamiste, le Front Islamiste du Salut (FIS) remporte le premier tour des élections législatives Algériennes avec 82% des 231 sièges, le Front de Libération National (FLN) n'obtenant que 6% des sièges. Se sentant en danger, l'armée oblige le Président Chadli Bendjedid à la démission dans un coup d'état militaire qui ne dit pas son nom, et interrompt immédiatement le processus électoral pour voler au FIS sa victoire électorale.
Pour recouvrer sa victoire, le FIS se lance à partir de Juin 1992 dans la lutte armée par le biais de son bras armé le Groupe Islamique Armé (GIA). Formé en majorité d'Algériens ayant combattus en Afghanistan et en Bosnie-Herzégovine, le GIA mènera des actions militaires qui feront plus d'un millier de mort de 1992 à 1999.
L'exemple palpable de ce machiavélisme du gouvernement Algérien est l'assassinat des 7 moines trappistes de Tibhirine. Enlevés le 27 Mars 1996, les têtes de ces 7 moines seront retrouvées décapitées deux mois plus tard. L'assassinat sera revendiqué comme son habitude par le GIA. Dans le livre "Le crime de Tibhirine, révélations sur les responsables" paru en 2011, des anciens agents du DRS avouent que les moines ont été enlevés sur ordre du général Smain Lamari, ancien chef du DRS. L'objectif poursuivi selon ses anciens agents étaient tout simplement de non seulement d'empêcher aux moines de soigner les combattants du GIA qui n'était pas sous le contrôle des DRS, mais aussi de discréditer les islamistes du FIS.
Ces assassinats macabres commandités par le DRS Algérien n'est pas le seul exemple du machiavélisme de l'Algérie. Dans « La Guerre contre la vérité », Nafeez Mosaddeq Ahmed, politologue britannique et directeur de l'Institute for Policy Research and Development, affirme au bout d'une longue étude que le gouvernement Algérien à instrumentaliser la création du GIA pour non seulement discréditer les islamistes qui venaient de remporter les législatives, mais aussi pour contrôler les populations qui avaient voté en masse pour ces islamistes.
Pour confirmer ce dont beaucoup d'observateurs se doutaient, de nombreux témoignages de personnes proches des renseignements Algériens diront que de nombreux crimes durant cette décennie noire ont été commis par les services secrets Algériens, et que ces crimes furent «revendiqués» par le GIA dans des medias comme le journal Al Ansar de Londres. Questionné plus tard, le rédacteur en chef de ce journal avouera ne pas vraiment savoir si c'était vraiment le GIA ou une autre organisation qui leur envoyait les communiqués à publiés au nom du GIA.
Depuis les années 2000, des milliers de combattants du GIA ont bénéficié de l'amnistie du président Abdelaziz Bouteflika dans le cadre de la loi sur la concorde civile. La minorité restante créa le GSPC pour se spécialiser dans les activités illicites. En 2007, le GSPC est devenu "Al Qaeda au Maghreb Islamique" (AQMI) pour bénéficier du logo "Al Qaeda" pour légitimiser son trafic de drogue et de crimes organisés et tromper l'opinion internationale.
Les deux leaders du GSPC étaient Abdelmalek Droukdel (Abou Mossab Abdelouadoud) un ancien agent de la DRS et Amari Saïfi (Abdel Razak El Para) un ancien sous-officier des forces spéciales algériennes. Officiellement «détenue» en résidence surveillée en Algérie sous la protection de la DRS, El Para est en fait protégé par l'Algérie contre la justice nationale et internationale.
Interrogé par notre confrère de RUE89 en 2010 sur les liens entre AQMI et le DRS, l'un des services les plus centralisés du monde, le Professeur Jeremy Keenan, anthropologiste à l'University of London, l'un des plus grand spécialistes de la zone Sahélo-Saharienne, est on ne peut plus clair sur ces liens:
"Divers signes montrent les liens entre DRS et AQMI. Hattab, par exemple, vit aujourd'hui sous la protection du DRS, tandis que les relations entre ce service de renseignement et le chef actuel de l'AQMI, Abdelmalek Droukdel (alias Abou Mossab Abdelwadoud), fait l'objet de multiples supputations.
"Le GSPC a commencé à faire parler de lui en 2003, lorsqu'il a enlevé 32 touristes européens : 17 avaient finalement été libérés en Algérie, 14 au Mali et l'un est mort. Comme je l'ai raconté dans "Dark Sahara" (2009) et dans "Dying Sahara", cette opération, avait été conduite par le DRS, en association avec les services de renseignements américains. Elle a sans doute été le premier test de la politique de l'administration Bush mené par une unité baptisée Groupe pour les opérations proactives et préventives (GO2P). Une politique conçue pour « fabriquer » et/ou « provoquer » le terrorisme.
"Amari Saifi (porteur de douze pseudonymes, surnommé « Le Para »), qui a dirigé l'opération, était un agent du DRS. Le ravisseur de Pierre Camatte, Abdelhamed Abou Zaïd, était l'adjoint du « Para » et responsable, à ce titre, de la zone malienne. Il bénéficierait de l'aide de deux hommes : Yahia Djouadi (alias Abou Amar), un vétéran de l'opération de 2003 et Mokhtar ben Mokhtar, sorte de «freelance» du DRS."
La présence d'AQMI au Mali est révélatrice à elle seule des liens entre AQMI et l'Algérie. En effet, jusqu'à récemment AQMI était présent dans la région de Tombouctou, dans les zones pétrolifères. L'objectif de leur présence était d'empêché les explorations pétrolifères et d'autres ressources naturelles présentes dans l'Azawad. L'Algérie voit également d'un mauvais œil toute exploration car elle a en commun de nombreuses nappes pétrolifères avec l'Azawad, et une utilisation assècherait rapidement les siennes. Aussi, le no-man's land qu'il avait instauré avait pour objectif d'écarter les visées géostratégiques de pays comme la France et les Etats-Unis qui souhaitent tous occupés la base militaire d'Amashash sous le contrôle du MNLA depuis le 10 Mars.
Durant la manifestation de soutien à l'Azawad du 4 Février à Paris, Masin Ferkal, représentant de Tamazgha a souligné une vérité claire et nette: AQMI n'agit qu'en Kabylie, et en territoires Touareg! Ces deux peuples sont les seuls qui résistent toujours au diktat du gouvernement Algérien qui à défaut de les arabiser veut les rendre docile. C'est dans ce même ordre d'idées que l'Algérie n'acceptera jamais un Azawad indépendant. Car un Azawad, libre, démocratique, et laïque donnera des idées aux Amazighs de l'Algérie, notamment les Touareg (Kal Tamasheq) et les Kabyles.
L'Azawad ayant déclaré son indépendance le 6 Avril dernier, d'après discussions ont eu lieu entre le gouvernement Algérien qui voulait envahir l'Azawad et le DRS qui était pour une méthode plus douce. Cette méthode douce du DRS c'est l'entrée en scène des islamistes d'AQMI et d'Ansar Adine pour miner le terrain. Et si jamais cette méthode échoue dans le futur, les services secrets Algérien ont pris le soin d'avoir une excuse de taille: l'enlèvement de ces 7 diplomates Algériens par AQMI. Si besoin de rappel il en est, il faut noter que tous ces 7 diplomates sont des agents de la DRS qui se retrouvent aux mains de leur collègues de la DRS d'AQMI. L'Algérie pourra donc utiliser cela comme une excuse pour envahir l'Azawad si jamais ces Islamistes n'arrivent pas à faire le travail.
L'enlèvement des diplomates Algérien le 5 Avril à Gao entraine un grand nombre de question. La première question c'est pourquoi les diplomates Algérien ont décidé de rester à Gao alors que le MNLA a demandé à tous les représentants diplomatiques étrangers de quitter Gao bien avant son assaut sur cette ville le 31 Mars. Une fois libéré, et étant donné les risques quant à leur sécurité compréhensible dans un jeune état en construction, pourquoi n'ont-ils pas quittés Gao? Dans la vidéo de l'enlèvement, entre les quatorze (14) et vingtième (20) secondes, on peut voir clairement le consul Algérien, supposé déjà en otage d'AQMI, qui fait un signe des yeux au cameraman comme s'il lui disait «C'est OK maintenant, tu peux arrêter de filmer». Les images parlent d'elles-mêmes.
Dans une de nos prochaines édition, nous reviendrons sur les liens entre le gouvernement et Ansar Adine d'une part, et ensuite sur la prise d'otage d'Ansar Adine par AQMI dont l'objectif est de s'assurer qu'Ansar Adine nuit à l'indépendance de l'Azawad pour le compte de l'Algérie. En tout état de cause, il est important que l'ensemble de l'opinion Azawadienne et internationale prenne conscience du jeu macabre que joue l'Algérie dans le dossier de la décolonisation de l'Azawad.
Par Acherif Ag Intakwa
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire