Le MNLA repousse les forages d’ENI
Les sociétés ENI et Sonatrach, présentes dans le bassin de Taoudenni, le plus prometteur en hydrocarbures au Mali, vont encore prendre du retard.
Le contrôle du Nord du Mali par les Touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et les islamistes d’Ansar Dine provoquera des effets collatéraux sur l’exploration pétrolière dans le bassin de Taoudenni. Les sociétés Sipex (branche internationale de Sonatrach) et ENI avaient prévu de forer en février 2012 sur leur bloc 4, situé au cœur de cette zone. Cela avait été confirmé par la première ministre Mariam Kaidama Cissé Sidibe (désormais en résidence surveillée) lors d’un discours en juin (LAE nº655).
Deux autres sociétés rentrées récemment dans le bassin de Taoudenni vont également devoir retarder leurs explorations. Ce sera le cas du canadien Simba Energy, qui opère le permis 3 depuis le mois d’octobre, et de PetroPlus Ltd, qui contrôle les blocs 1A et1B. PetroPlus Ltd est dirigé par le Français Vincent Miclet et l’Angolais Sandro Dos Santos (LAE nº663). Ces trois blocs sont d’ailleurs des rendus des permis 1, 2 et 9 du consortium Sipex/ENI, qui avait auparavant 4 blocs.
Ce ne sera cependant pas le premier contretemps dans le programme de forage de Sipex. Celui-ci aurait dû être effectué il y a bientôt deux ans. La firme, qui a pris des blocs dans toute la sous-région depuis 2005 (blocs TA-7 et TA-8 en Mauritanie avecTotal et Qatar Petroleum ; Niger avec Kafra, et Mali) n’a pas encore effectué un seul forage en propre. L’accumulation des problèmes au sein de la Sonatrach (stagnation de la production, lire l’article précédent) et le relatif manque de moyens mis à disposition pour les explorations sous-régionales expliquent le report systématique des forages au Mali.
Le MNLA n’a jamais envisagé que le Nord-Mali, qu’il appelle l’Azawad, survive grâce aux ressources pétrolières. Contrairement à d’autres rébellions indépendantistes africaines – le SPLA au Soudan du Sud, l’Unita en Angola – ce mouvement n’aurait pas cherché à prendre contact avec des pétroliers, voire à épargner leurs intérêts. Le MNLA, qui n’a vraiment pas de discours économique, est en partie composé d’anciens soldats de Mouammar Kadhafi qui ont fui la Libye avec leurs armes et leurs véhicules lors de la chute du régime. N’ayant pas de place à leur retour au Mali, ils ont créé divers mouvements de rébellion afin d’être en position de force face au gouvernement. Ils contrôlent à l’heure actuelle plus de la moitié du pays.
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