mardi 17 avril 2012


La deuxième phase de la décolonisation en Afrique du Nord

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Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) vient de proclamer l’indépendance de son territoire au nord du Mali.Voila un rêve qui devient réalité.
L'Azawad serait le premier Etat amazigh
Le premier Etat d’un peuple amazigh vient d’être fondé sur un territoire Aamazigh. Sans surprise, les premières réactions hostiles à cet exploit du peuple touareg nous viennent du pouvoir raciste, anti-Kabyle et anti-Amazigh d’Alger et, quelque peu, du quai d’Orsay. Désormais, ils devront faire avec l’intelligence des autochtones qui ne vont sûrement pas brader leurs richesses naturelles contrairement à la junte militaire du Mali qui, fragilisée par son caractère illégitime et le manque d’armement, a toujours cédé devant les pressions.
Paniqué et complexé par l’idée de l’autonomie de la Kabylie, le pouvoir néo-colonialiste d’Alger ne s’est pas contenté de déclarer son opposition à la proclamation de l’Etat de l’Azawad. Il a accompagné son refus de cette nouvelle donne du paysage géopolitique de la région par une manœuvre dangereuse qui consiste à abuser l’opinion internationale en assimilant, les libérateurs de l’Azawad, les résistants du MNLA, à des terroristes d’Al-Qaeda menaçant le  Sahel.
Nous tenons à rappeler que des diplomates algériens à Gao ont été enlevés par l’AQMI, le jour même de la proclamation de l’indépendance par le MNLA. Le terrorisme islamiste, qu’il s’appelle AQMI ou Ansar Din, est une création des services des Etats, à l'image de ceux de  l'Algérie, qui cultivent le statu quo dans cette région. 
Semer le doute sur la crédibilité du jeune état Touareg est criminel.
Ce pouvoir raciste sait, pertinemment, que la création de l’état de l’Azawad est une confirmation et une consolidation des thèses développées par le clairvoyant leader kabyle Ferhat Mehenni dans son livre Le siècle identitaire ; la fin des états postcoloniaux. L’Afrique du Nord est, aujourd’hui plus que jamais, déterminée à concrétiser la deuxième phase de sa décolonisation, n’en déplaise aux nostalgiques du colonialisme et à leurs supplétifs sur la rive sud de la Méditerranée.
L’affirmation forte d’une volonté d’achever son entreprise de décolonisation est plus qu’apparente dans cette nouvelle géopolitique qui va peser très lourd sur l’échiquier politique mondial. Une Afrique du Nord fédérale et forte, basée sur, entre autres Etats, ceux qui seront amazighs, aura une réalité incontournable dans un proche avenir. C’est la panique qui s’est emparée des pouvoirs archaïques des Etats postcoloniaux en fin de règne et des medias occidentaux en manque de renouvellement de leur vision, qui les pousse à diaboliser l’Azawad.
Cette affirmation de l’identité amazighe à travers la création du 1er Etat qui lui est dédiée s’est déjà illustrée, d’une autre manière, sous d’autres cieux, notamment en Libye, au Maroc et bien entendu en Algérie, à travers la proclamation de l’autonomie de la Kabylie. Les divergences de taille des Amazighs de Libye avec le Conseil national de transition est une preuve tangible que les aspirations démocratiques de ce peuple ne se conjuguent pas avec les orientations dictatoriales et islamistes de cette institution transitoire qui n’est rien d’autre qu’un prolongement du régime de Kadhafi. La revendication de l’autonomie du territoire Amazigh dans ce pays, ne tardera pas à s’imposer comme solution irréversible.
Le lancement, en 2005, du mouvement de l’autonomie du Rif marocain à travers une déclaration intitulée "Préambule du Rif autonome" qui assumait clairement la nation rifaine était une contamination positive provoquée par l’idée de l’autonomie de la Kabylie qui se projetait, déjà, dans une Afrique du nord fédérale.
Ceci dit, la revendication de l’autonomie de la Kabylie depuis le 05 juin 2001, a eu pour impact immédiat de pousser à la recomposition de la nature des Etats nord-africains qui doivent avancer dans le sens de la modernisation de leur mode de gouvernance. Elle est le catalyseur qui a enclenché le processus des mouvements autochtones espérant entamer cette deuxième phase de la décolonisation et de la remise en cause des Etats postcoloniaux qui ne sont, en réalité, que des prolongements du colonialisme d’il y a 50 ans.
L’action du Mouvement pour la Libération Nationale de l’Azawad qui a donné naissance au premier Etat amazigh en Afrique du Nord est un début d’aboutissement de ce processus historique engagé en 2001 à travers la création du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK) et consolidé en 2010 par la proclamation du Gouvernement provisoire kabyle (GPK), l’Anavad.
De par son statut d’initiatrice, à partir de la moitié du XIXe siècle, du combat anticolonialiste, de son ouverture précoce sur la modernité et le monde développé, la Kabylie va, avec son accession à son droit à l’autodétermination, entamer la phase la plus pertinente et la plus cruciale qui permettra à Tamazgha de pérenniser sa véritable indépendance. Les instances internationales et les puissants de ce monde, à commencer par la France, seront mieux inspirés de revoir leurs copies et d’accompagner les peuples amazighs dans leur lutte de libération de leurs territoires.
Cette alternative est la seule garantie pour la stabilité et la paix dans la rive Sud de la méditerranée. Elle demeure, aussi, le seul rempart contre le terrorisme islamiste dans cette zone névralgique. L’édification des Etats amazighs sur des valeurs démocratiques et laïques, profondément ancrées dans nos sociétés respectives, permettra de combattre la source génératrice du terrorisme international en l’occurrence l’idéologie islamiste entretenue pendant longtemps par des pouvoirs d’ordre colonial et de nature raciste.
L’histoire nous a enseignés que les frontières n’ont jamais été statiques. La géopolitique s’adapte, toujours, aux nouveaux besoins de liberté et aux nouvelles intelligences. La résistance au changement est une seconde nature chez les humains mais les mouvements libérateurs des peuples en ont, toujours, eu raison.
Moussa Naït Amara, conseiller auprès du président du MAK

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