mercredi 11 avril 2012


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Mali / Point de presse du porte-parole du Quai d’Orsay

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mercredi 11 avril 2012
Q – Est-ce que l’on constate une dégradation de la sécurité dans le nord à tel point que tout occidental devrait en sortir ? Qui est l’agent de cette insécurité ? Est-ce AQMI, Ansar Dine, Muja ? Peut-on dire que le MNLA est quand même relativement civilisé dans cette affaire et respectueux des droits de l’Homme ?
R – Faisons attention aux étiquettes et concentrons-nous sur la réalité. La réalité s’agissant le nord du Mali en ce qui nous concerne, c’est plusieurs choses :
Premièrement, cela fait très longtemps que le nord du Mali est en zone rouge sur le site Conseils aux voyageurs du Quai d’Orsay.
Deuxièmement, nous avons observé avec beaucoup de préoccupations, et nous l’avons dit, nous l’avons redit inlassablement, l’augmentation du risque terroriste au nord du Mali au cours des derniers jours. Le risque terroriste qui a considérablement augmenté et qui se traduit par la présence sur place de terroristes en tout genre qui fourmillent désormais dans toute cette partie du territoire malien.
Troisièmement, c’est la raison pour laquelle nous mettons très formellement en garde notamment les journalistes qui voudraient monter au nord du Mali.
Quand je dis « qui voudraient monter », je pense principalement à ceux qui se trouvent actuellement à Bamako. Nous conseillons à tous, bien sûr, mais plus particulièrement aux journalistes de ne pas se rendre au nord du Mali.
Quatrièmement, s’agissant du terrorisme, nous souhaitons que le Conseil de sécurité des Nations unies, que la CEDEAO et que tous les États de la région s’engagent plus fermement encore dans la lutte contre le terrorisme au Sahel qui représente une menace très grave au nord du Mali actuellement plus particulièrement.
Q – Avez-vous une confirmation de la présence d’éléments de Boko Haram dans le nord Mali puisque vous parlez de terroristes en tout genre ?
R – Nous avons connaissance de connexions entre AQMI et Boko Haram.
Q – Et en ce qui concerne cette présence ? On parle d’une centaine de membres de Boko Haram.
R – Oui c’est ce qui nous revient aussi. Nous avons effectivement eu connaissance de connexions entre AQMI et Boko Haram. Je réponds à la question sur la présence de Boko Harma au nord du Mali.
Q – Vous êtes en contact avec les Algériens depuis très longtemps sur les dossiers de terrorisme et du Sahel. Qu’est-ce que vous disent les Algériens actuellement ?
Est-ce qu’ils sont aussi inquiets que vous ? Parce que vous, vous avez l’air très inquiet. Eux sont à proximité et ne disent pas grand-chose. Ils ont des diplomates qui ont été enlevés. Est-ce qu’il n’y a pas un moyen pour l’Algérie d’être plus actif sur cette question ?
R – Pour nous, ce qui est important c’est l’efficacité de la lutte contre le terrorisme. La lutte contre le terrorisme dans le Sahel passe par une coopération régionale accrue. L’Algérie a évidemment tout son rôle à jouer dans cette mobilisation qui nous paraît absolument indispensable.
Nous travaillons avec les Algériens. Nous avons des contacts réguliers avec eux. Nous sommes en relation avec les autorités algériennes sur ces thématiques et à cet égard, parce que vous faites référence aux diplomates, aux agents consulaires algériens qui ont été enlevés, je voudrais dire que nous réitérons notre condamnation de ces enlèvements.
Par ailleurs, nous remercions les autorités algériennes pour le rôle qu’elles ont joué pour mettre en sécurité notre compatriote qui se trouvait à Gao.
Q – Vous souhaitez plus d’efforts du Conseil de sécurité et de la CEDEAO et des États régionaux. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
Cela veut dire des troupes ?
R – Sur cet aspect ce que nous souhaitons c’est qu’il y ait une coopération régionale parce que ce n’est pas simplement le nord du Mali, nous parlons de l’ensemble du risque terroriste sur l’ensemble de la région du Sahel. Nous souhaitons que la lutte contre la menace terroriste devienne véritablement l’objet d’une coopération régionale qui soit accrue mais qu’il y ait également une mobilisation des pays de la CEDEAO, que le sujet soit évoqué aux Nations unies parce que c’est une évolution qui est préoccupante, qui est grave.
Souvenez-vous que nous en avions parlé lors du dernier conseil Affaires étrangères à Bruxelles où les 27 avaient adopté une stratégie pour le Sahel avec la déclinaison d’un volet sécuritaire destiné précisément à permettre aux pays du Sahel de lutter davantage contre le terrorisme. Nous essayons d’agir dans tous les forums ou auprès de tous ceux qui peuvent jouer un rôle dans la perspective d’un renforcement de la lutte contre le terrorisme.
Q – Et les 2000 soldats ne sont plus à l’ordre du jour ?
R – Nous attendons encore des précisions : des soldats pour quoi faire ? Avec quels moyens ? En ce qui nous concerne, nous réitérons la disposition de la France à apporter en fonction des demandes qui seront exprimées un soutien logistique. Je réitère les déclarations qu’a faites M. Alain Juppé la semaine dernière dans ce sens-là.
Q – Et le MNLA ?
R – Sur le problème touareg, je dirais deux choses.
La première, la réalité de la situation, c’est que les Touaregs formulent depuis très longtemps des revendications, et demandent des mesures en leur faveur. Depuis très longtemps précisément, les autorités en place à Bamako n’avaient pas apporté de réponses, de satisfactions à toutes ces attentes.
Nous considérons donc maintenant que le processus de retour à la normalité constitutionnelle qui est en train d’intervenir à Bamako aujourd’hui, permettra très rapidement d’engager un dialogue, des négociations entre les autorités maliennes de Bamako et la communauté touareg.
Il serait grand temps que toutes ces revendications touaregs puissent être prises en considération et que le régime de Bamako, les autorités maliennes, puissent y répondre et cela peut se produire maintenant que de nouvelles autorités sont en train d’être mises en place.
Q – Azawad est vraiment le noyau dur de la zone où AQMI était très actif.
Avoir un bon allié qui contrôlerait cette zone qui n’existait pas avant avec le gouvernement malien pourrait être un atout pour la France dans la lutte contre l’AQMI dans cette région, n’est-ce pas ?
R – N’oubliez pas une chose, c’est que les principales victimes du terrorisme dans cette région ce sont les États du Sahel eux-mêmes et c’est donc leur intérêt – c’est ce que nous disons depuis longtemps – de véritablement se mobiliser. Nous les appuyons à titre national et en menant une action européenne. Nous les appuyons au niveau de la CEDEAO. Ce que nous souhaitons, c’est de les voir davantage se mobiliser et davantage coopérer ensemble contre le fléau terroriste parce que ce sont les États de la région qui sont les principales victimes de ce terrorisme.
SOURCE
France – Ministry of Foreign Affairs

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