mardi 17 avril 2012


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PAR JEMAL OUMAR POUR MAGHAREBIA À NOUAKCHOTT

L’Azaouad tente d’affirmer son contrôle

MAGHAREBIA
mardi 17 avril 2012
Pour les séparatistes touaregs du nord du Mali, mettre fin aux diktats de Bamako aura peut-être été la tâche la plus simple dans le concert de difficultés que doit aujourd’hui affronter l’Azaouad.
Moins d’un mois après que les rebelles touaregs eurent proclamé l’indépendance de l’Azaouad, des défis majeurs se profilent déjà pour ce nouvel Etat, allant du manque de reconnaissance internationale à la présence d’extrémistes islamiques.
De nombreuses organisations terroristes sont aujourd’hui présentes dans la région, allant d’al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) à Boko Haram, en passant par le Mouvement pour l’unité et le djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), qui détient actuellement sept diplomates algériens en otage.
La situation est encore rendue plus délicate par les gangs de trafiquants et les groupes extrémistes comme Ansar al-Din, l’une des factions touaregs les plus puissantes.
Un Etat de non-droit prévaut dans l’Azaouad, et Ansar al-Din a affirmé son intention de faire appliquer la charia islamique dans la région qu’il contrôle en liaison avec les éléments d’AQMI.
Par ailleurs, les enlèvements se multiplient. L’attaque la plus récente a été l’enlèvement d’une Suissesse connue pour son travail social à Tombouctou. Elle a été enlevée par des extrémistes armés le dimanche 15 avril, portant à vingt et un le nombre total d’otages détenus par les terroristes.
De plus, des opérations ont eu lieu contre des symboles du christianisme à Gao, Kidal et Tombouctou, et le patrimoine humain et culturel de ces localités a été endommagé, vandalisé et spolié par les gangs d’activistes.
Au vu de cette situation, la question majeure qui se pose désormais est la suivante : Comment l’Etat tout juste né de l’Azaouad pourra répondre à ces défis, en particulier à la présence d’al-Qaida et à la mise en oeuvre de la charia islamique ?
Mubarak Ag Mohammed, membre du bureau de presse du Mouvement national pour la libération de l’Azaouad (MNLA), a expliqué que son organisation voyait l’indépendance comme la solution aux problèmes des groupes terroristes dans l’Azaouad. Il a ajouté que ces groupes opéraient déjà dans la région lorsque celle-ci était encore sous le contrôle de l’Etat malien.
"Lorsque la communauté internationale nous aura reconnus, nous serons disposés à fonder un partenariat international pour mettre un terme à ces groupes terroristes, parce que notre volonté, notre expérience du désert et notre capacité à endurer la chaleur nous permettront de le faire", a-t-il ajouté. "Tous ces facteurs nous permettent de jouer le rôle que les pays du champ n’ont pas été en mesure d’assumer. Mais en l’absence d’un soutien moral et financier, je ne pense pas que ces groupes pourront être chassés de l’Azaouad."
Et ce responsable du MNLA de poursuivre, en affirmant que la présence de ces groupes extrémistes ne témoignait en rien d’une quelconque collusion entre eux et les séparatistes de l’Azaouad. Il a souligné l’exemple de l’émir d’AQMI Mokhtar Belmokhtar (alias Laaouar) qui se serait rendu en Libye pour y acheter des armes.
"Laaouar lui-même a été vu à Syrte, en Libye, le 23 mars, et la Libye n’a pas pour autant été accusée de collusion avec le terrorisme", a-t-il ajouté.
Sur la question des enlèvements, le responsable de la communication du MNLA a déclaré que son groupe travaillait à remettre les ressortissants occidentaux à leurs ambassades respectives, et que l’enlèvement de cette Suissesse à Tombouctou avait eu lieu dans une zone "qui pourrait se trouver aux mains d’Ansar al-Din".
"Par ces actions, nous voulons prouver au monde que nous sommes prêts à coopérer dans la lutte contre le terrorisme", a déclaré Ag Mohamed.
Quant à Ansar al-Din, il a expliqué que le MNLA avait engagé un dialogue avec le dirigeant de ce groupe, Iyad Ag Ghaly, par l’intermédiaire des chefs de tribus, pour tenter de le convaincre de renoncer à son approche islamiste radicale. "Je dispose d’informations selon lesquelles certains jeunes auraient déjà fait défection de son mouvement en signe de rejet de cette approche radicale", a-t-il ajouté.
Pour sa part, le vice-secrétaire général du MNLA Mohamed Lamine Ould Ahmed a indiqué à Magharebia qu’ils faisaient pression sur Ansar al-Din pour que ce mouvement rejoigne leur groupe. "S’ils refusent, nous les combattrons dès lors que notre situation se sera stabilisée et que notre Etat sera devenu plus fort", a-t-il ajouté.
Concernant la présence d’al-Qaida dans l’Azaouad, Ould Ahmed a déclaré qu’elle était "un héritage".
"Mais nous comptons sur l’aide des pays du champ pour combattre al-Qaida, qui est un ennemi commun qui menace à la fois nos intérêts et ceux de ces pays", a-t-il affirmé.
"Pour ce qui est des affirmations faites par certains des dirigeants de ces pays concernant notre collusion avec al-Qaida, ce sont des propos exagérés. Notre stratégie en matière de contrôle de la sécurité se fonde sur la mise en place d’une armée et d’institutions civiles. Notre stabilité sera renforcée par la reconnaissance de notre Etat, ce qui est, à mon sens, une responsabilité morale pour l’ensemble des pays de la communauté internationale", a conclu Ould Ahmed.

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