vendredi 24 janvier 2014

Un rapport d’Oxfam fustige les actions de la communauté internationale au Mali en matière de développement

Maliactu.net
« Stabilisation et développement durables du Sahel: 4 défis qui restent à relever », c’est le nom du rapport publié le 10 janvier dernier par Oxfam-France. Il concerne globalement tout le sahel mais est particulièrement critique sur les actions de la communauté internationale au Mali.Le Mali vit actuellement une période exceptionnelle car tout fraichement sorti d’une crise politico-sécuritaire sans précédent. Cela ne doit pas, pour autant, occulter les menaces qui pèsent sur le pays notamment en matière de sécurité alimentaire, de santé, etc. Il s’agit d’une manière générale de l’état des lieux des efforts consentis pour le développement durable.

oxfam

Même si l’attention du monde est portée aujourd’hui sur les actions militaires au Mali ainsi que leurs résultats, Oxfam a tout de même tenu, dans le rapport, à « mettre en lumière » 4 défis principaux qui ont trait à la politique et au développement en république du Mali, des facteurs « cruciaux pour la stabilisation à long terme du Sahel dans son ensemble, et sur lesquels l’action de la France n’a pas encore été suffisamment décisive. »
Le rapport recommande en effet, de briser le cercle vicieux de l’appauvrissement et de la vulnérabilité en investissant dans la résilience des populations, d’exploiter les ressources extractives en toute transparence et au bénéfice des populations, de mieux contrôler le transfert des armes et de créer les conditions pour une coopération efficace entre pays du Maghreb.
Il existe de très grandes disparités entre les pays côtiers et ceux du Sahel dont le Mali, en matière de sécurité alimentaire. Oxfam rappelle les crises récurrentes dans cette zone de l’Afrique avant de clairement montrer du doigt les interventions humanitaires « ponctuelles » en période critique. L’organisation les juge « nécessaires » pour répondre à des besoins immédiats, « mais n’apportent pas de solution durable. »

Paix et Développement

Elle prend François Hollande aux mots quand il a déclare que l’intervention au Mali ne vise pas seulement à rétablir l’intégrité du territoire mais aussi à « assurer la sécurité et la stabilité du Sahel et au-delà. » La connexion entre la paix et la sécurité alimentaire est donc prouvée, la première étant un préalable pour la seconde. Une mention allant dans ce sens est d’ailleurs expressément insérée dans le rapport.
Il s’agit d’une citation José Graziano da Silva, Directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) : « Il y a un lien clair entre la faim et les conflits, et entre la sécurité alimentaire et la paix en Afrique. (…) Investir dans la sécurité alimentaire au Sahel est également un investissement pour un avenir pacifique et plus stable »

Le trafic d’armes et sécurité frontalière

La responsabilité de la communauté internationale est engagée dans la crise qu’a vécue le Mali de 2012 à 2013. Il est indiqué, dans le rapport, que les causes sont d’abord externes car c’est l’effondrement du régime de Kadhafi qui a provoqué le retour des mercenaires au Mali avec « la dispersion des stocks d’armes des arsenaux libyens dans l’ensemble de la sous-région. » Cela est également la résultante d’un « contexte de forte porosité des frontières ».
Un traité international sur le commerce des armes a été adopté au sein des Nations unies en 2013. Cependant, à part le Mali et le Nigéria, ni l’Algérie, ni le Niger, ni le Maroc, ni la Tunisie n’avaient signé le Traité à la date du 9 décembre 2013.

Bonne gestion des ressources et transparence

Si le Niger a beaucoup d’uranium, le Maroc le phosphate, l’Algérie le pétrole ; le Mali dispose d’énormes réserves d’Or et bien d’autres ressources encore inexploitées. Et le rapport ressort les risques de « tensions » et « conflits » qui peuvent embraser tout le Sahel si la gestion de ces ressources n’est pas faite de façon efficiente et transparente. Toute chose qui ne peut se réaliser que si les populations locales y sont impliquées et deviennent les principales bénéficiaires de la richesse générée par ces ressources. Faute de quoi les foyers de tension continueront à se multiplier d’abord entre les communautés pour s’élargir ensuite à une échelle plus grande.
Ce cri d’alarme s’adresse principalement aux entreprises occidentales qui sont les premières partenaires économiques de l’Afrique dans ce domaine. Les contrats sont le plus souvent obtenus grâce aux bonnes relations des pays du sud avec ceux du nord. Ces derniers doivent donc être interpellés à ce sujet car ils sont fréquemment cités comme financiers de certaines rebellions.
Aliou Hasseye
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