De l'avant
Peut-on faire encore comme si le peuple Touareg – et donc berbère - n’existait pas ? Peut-on encore nier que les frontières coloniales ont engendré moult conflits et qu’elles devraient être plus conformes aux désirs des peuples, notamment afin d’éviter que ceux-ci se radicalisent ? Les droits à l’autodétermination que la "communauté internationale" (en fait les États puissants de la planète) a accordé dans les années 1990-2010 aux séparatistes slovènes, croates, bosniaques ou albanophones face à l’Etat central serbo-yougoslave, ou encore aux chrétiens-animistes du Sud Soudan (désormais indépendant), longtemps massacrés par les Arabo-musulmans du Nord Soudan, peuvent-ils être refusés aux Berbères du Nord Mali ?
On peut répondre à cela que le droit international est fondé sur le sacro-saint dogme de "l’intangibilité des frontières", y compris celles qui sont le fruit d’un découpage colonial sommaire. Mais il est aussi clair que, faute de liquider physiquement les Maures et les Berbères du Nord Mali, honnis par les ethnies noires-africaines du Sud du pays, le fait de nier la "question touareg" et des minorités équivaudra à créer une "bombe identitaire à retardement" pour les futures générations maliennes.
Rappelons que les Touaregs du Mali sont membres de la grande famille des "Amazighs" et qu’ils parlent une langue berbérophone, le Tamasheq, qui vient lui-même du mot Tamazigh (berbère). Globalement, les Berbères vivent dans des États dominés soit par des nationalistes arabophones, soit par des tribus noires-africaines (Maroc, Algérie, Tunisie, Lybie, Mauritanie, Niger, Mali, etc). La plupart du temps, ils sont contraints de parler l’arabe ou l’une des langues nationales africaines au détriment du Tamazigh ou du Tifinagh. Ils sont pris en tenailles entre l’arabisation intensive et la domination des noirs-africains, souvent descendants d’esclaves et donc épris de revanche...
Le problème de fond au Mali remonte donc à la création, en 1960, d’un État central tenu par la tribu noire-africaine des Bambara qui domine le Nord touareg et Maure. Car au Nord du Mali, bien qu’étant laïques et hostiles à l’islamisme radical, les Berbères touaregs cohabitent depuis longtemps avec des Arabophones maures bien plus islamisés et qui pourraient être des ennemis, mais qui sont comme eux perçus comme des intrus "blancs" par les ethnies noires africaines du Sud. Tandis que les Touaregs ont repris leurs aspirations autonomistes, les arabo-musulmans se sont réislamisés sous le double effet de la réislamisation de l’Etat malien lui-même et de l’influence du salafisme venu des pays du Golfe.
Ainsi, depuis les années 1980, avec le remplacement du panarabisme par le panislamisme, les indépendantistes berbères d’Afrique du Nord et sahélienne ont connu un vaste mouvement de réveil identitaire, fort bien décrit dans l’ouvrage du leader kabyle Ferhat Mehenni : Le siècle identitaire, la fin des empires post-coloniaux (éditions Michalon, 2010), qui explique que la démocratisation couplé au réveil des identités et aux moyens de communication modernes aboutira tôt ou tard à une redéfinition des frontières post-coloniales, ce qui célébrera enfin, selon lui, la "seconde décolonisation".
Les mouvements laïcs touaregs du Nord étant traditionnellement hostiles à l’islamisme, le fait que certains de leurs groupes rebelles aient rejoint des "terroristes islamiques" arabophones a semblé paradoxal. Mais il convient de distinguer entre l’internationale islamiste salafiste, composée de groupes algériens et locaux comme AQMI et le Mujao (Maures arabophones), plus ou moins affiliés à Al-Qaïda, et l’islamisme malien plus spécifiquement touareg comme Ansar Dine. Clef du problème, ce mouvement dirigé par l’ancien leader de la rébellion touareg des années 2000, Yad Ag Ghali, a été co-créé très récemment par le régime algérien, qui voulait ainsi affaiblir le mouvement touareg laïque du MNLA et qui craignait plus que tout la création d’un Etat berbère à ses portes, susceptible de réveiller les vélléités indépendantistes des Kabyles algériens.
Rappelons que lorsque le MNLA conquit tout le Nord Mali en mars 2012, l’armée malienne décampa et ne combattit même pas les Touaregs. L’intégrité du Mali avait déjà volé en éclat. Dans ce contexte fort préoccupant pour Alger, le chef d’Ansar Dine, Yad Ag Ghali, ex-leader touareg de la rébellion de 2006 qui conclut un accord de paix avec Etat malien en 2009, enragé de ne pas avoir été choisi pour diriger le MNLA par la jeune garde du mouvement touareg laïque, accepta la proposition d’Alger de créer une nouvelle entité islamiste touareg suffisamment bien dotée militairement et financièrement par Alger, le Qatar et l’Arabie saoudite pour réussir à annuler la victoire des Touaregs laïques et créer un prétexte pour discréditer le nouvel Etat berbère du Nord, devenu un “fief d’Al-Qaïda”...
L’intérêt commun d’Alger et des monarchies islamistes du Golfe étant de couper l’herbe sous le pied aux révolutionnaires laïques touaregs. Abandonné à la fois par les capitales africaines, occidentales et arabes, le MNLA dut donc affronter seul tous les mouvements islamo-terroristes (AQMI – MUJAO -Ansar Dine) lourdement armés et financés pas seulement par la drogue et les prises d’otage mais par les pétromarchies salafistes du Golfe qui leur ont ainsi permis de recruter d’anciens combattants MNLA alléchés par l’argent salafiste... C’est ainsi qu’en quelques mois, le MNLA s’est fait voler sa victoire par les islamo-terroristes et a tenté de "sauver les meubles" en contractant une alliance tactique, certes contre-nature, avec les Salafistes, ceci en échange de droits culturels. Pour le leader du Mouvement mondial berbère, Belkacem Lounès, l’Algerie de Boutéflika a donc joué un jeu plus que trouble, en démontrant, par son pouvoir de nuisance, qu’aucune paix n’étant souhaitable sans Alger. Selon Lounès, "si il ne s’agissait que d’un conflit entre Touaregs et l’Etat malien, la question serait déjà réglée depuis longtemps, car les Touaregs sont légitimes au Nord Mali et ont droit à une auto-détermination, leur capacité combattante leur permettant de repousser l’armée malienne et donc d’avoir l’avantage sur le terrain. Sans l’action extérieure d’Alger et des pays arabo-musulmans du Golfe, qui tirent les ficelles des mouvements islamistes du Nord Mali et d’ailleurs, ennemis fort "utiles" pour discréditer l’autodétermination des Touaregs, l’équation malienne serait moins difficile à résoudre…".
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Nos bons sentiments de démocratie ne sont évidemment pas compris par tout le monde.
CQFD.
Posez la question les palestiniens ne sont pas majoritaires a jerusalem est , donc sont illegitimes...
et la nous ne parlons que de VILLE.... pour ce qui est des touaregs on parle en millions de KM2.
Certains touaregs estimant être "les seuls blancs colonisés par des Noirs" ont commis des actes de violence à l'égard de leurs "colonisateurs", que ceux-ci ne sont pas prêts d'oublier.
Les Maliens du Sud savent aussi pertinemment que "leurs frères" du Nord les considèrent comme étant autant d'esclaves potentiels.
Parce que l'Afrique, c'est aussi cela, il faut se garder de vouloir exporter nos bons sentiments démocratiques bien formatés à l'aulne des boulevards parisiens !
Ceci doit nous inciter à laisser la CDEAO et/ou l'ONU accompagner la reconstruction politique du Mali.
Nos forces laissées sur place doivent ainsi axer leur effort sur l'aide à la sécurisation du processus politique à venir.
Les français souhaitent appliquer chez les autres ce qu'ils refusent chez eux au nom de l'unité nationale.
Et puis maintenant, tout le monde est adulte, non ??
depuis longtemps...
et n'a qu'à se prendre en main..
Mais bon, c'est tellement facile..
Non c'est plus facile de venir se faire assister. Moins fatiguant.
On veut nous faire croire que le brassage des cultures est un bienfait, Or il n'en est rien... une ethnie un peuple dominera toujours le plus faible, sauf a voir des guerres interminables...
le Soudan a bien su se separer en deux etats... les noirs du sud n'ont pas plus de legitimite sur ce territoire ( touareg) que les turcs sur le kurdistan...
Il est temps de reconnaitre aux peuples leur legitimite, culturelle et historique...
Ras le bol, ça va encore être de notre faute..
Question vivre ensemble, il se murmure qu'à Nice, il y aurait soit des gangters, soit des retraités, et se beau monde arrive à vivre ensemble
C'est pas possible!!!!!
Si votre analyse est juste, et je vois pas en quoi elle ne le serait pas... on n'en a pas fini ! Et la diplomatie de Normal 1er va être mise à très rude épreuve, s'il doit finir par parrainer le démembrement du Mali avec la création de l'Azawad...
Maintenant, un article qui ne parle pas de la faute originelle de l'intervention libyenne ne peut être que suspect (ironie).
Donc, la France, grâce à Hollande est intervenue dans une guerre civile pour défendre un camp, et ses intérêts économiques dans la région et servir d'i..t utile à l'Algérie ?
C'est pas possible!!!!!
ils me semblent marqué au sceau du parisianisme. Bozo, dogon, peul, bambara, touareg et autres ethnies arrivent à vivre ensemble sans difficultés majeures et ceci depuis plusieurs sciècles (3 au moins).
Pourquoi soutenir un irrédentisme construit par les trafiquants aux fins de se créer leur zone de non droit ?
"Le peuple touareg.... et les Bozos alors ? Le fleuve leur appartient non ?