vendredi 15 mars 2013

En Libye, l'alcool frelaté continue de faire des ravages



En Libye, l'alcool frelaté continue de faire des ravages

En Libye, l'alcool frelaté continue de faire des ravages

En Libye, où l'alcool est interdit, près de 80 personnes ont trouvé la mort à Tripoli depuis le 7 mars après avoir consommé de l'alcool frelaté au méthanol, selon un rapport publié jeudi, qui fait également état de 827 cas d'empoisonnement.

Par FRANCE 24  (texte)
 
Ce sont au total 79 personnes qui ont trouvé la mort depuis le 7 mars à Tripoli, après avoir consommé de l'alcool frelaté au méthanol, selon un nouveau bilan du ministère de la santé publié jeudi 14 mars.
"Le dernier bilan enregistré au niveau des hôpitaux de Tripoli à la suite de la consommation de l'alcool frelaté a atteint 79 morts et 827 cas d'empoisonnement", a déclaré à l'AFP le docteur Majda al-Fellah, membre de la cellule de crise au ministère de la Santé.
Selon elle, "la situation est désormais sous contrôle (...) et des échantillons prélevés sur les patients ont été envoyés vers des pays européens pour des analyses complémentaires". De plus, une équipe de spécialistes en toxicologie venant de Tunisie est arrivée à Tripoli pour apporter son aide.
Les patients ont été pris en charge dans cinq hôpitaux de la capitale libyenne, certains toujours en soins intensifs. La plupart souffrent d'insuffisance rénale et nécessitent donc un traitement par dialyse et plusieurs ont perdu la vue.
Depuis les premiers cas d’empoisonnement signalés jeudi dernier, le pays est sous le choc. La consommation et la vente de boissons alcoolisées est interdit par la loi.
Le ministère de la santé a insisté : "La consommation d’alcool et de drogues est dangereuse pour la santé. De plus, elle est interdite par la religion et contraire aux usages de la société musulmane libyenne".
Sur la piste de deux suspects
Le bilan du ministère de la Santé, arrêté lundi, faisait état de 69 morts et 709 personnes empoisonnées. Le chef du bureau de l'information du Centre hospitalier de Tripoli, Jomaa Nasr, a expliqué l'augmentation du nombre des décès par "l'état critique de plusieurs patients", ajoutant que "les nouveaux cas d'empoisonnement sont des personnes ayant tardé à se rendre à l'hôpital". Face au tabou, certains ont hésité à emmener un proche à l’hôpital pour une intoxication due à l’ingestion d’alcool frelaté.
Parmi les personnes décédées, 13 sont mortes alors qu’elles étaient en route pour être soignées en Tunisie, parce que leur famille ne voulaient pas qu’elles soient traitées en Libye.
Du côté de l’enquête, les autorités seraient sur la piste de deux suspects qui auraient produit l’alcool frelaté en question, selon le chef de la sécurité de Tripoli, cité dans le "Tripoli Post".
On compterait 18 femmes parmi les victimes
Cette affaire est d'autant plus choquante pour les Libyens que selon une source hospitalière, on compte 18 femmes parmi les victimes soignées. On ignore si des femmes font partie des personnes décédées.
Cette vague d'intoxication serait due au méthanol qui aurait été ajouté dans une boisson alcoolisée de fabrication locale, la Boukha (eau de vie), produite à partir de la fermentation de fruits comme les dattes ou le raisin.
Utilisé comme carburant, le méthanol est parfois ajouté en petites quantités aux boissons alcoolisées locales clandestines pour augmenter leur teneur en alcool. Mais ce produit peut rendre aveugle, provoquer une insuffisance rénale, voire entraîner la mort en cas de forte concentration.
Malgré l’interdiction, il existe un trafic important d'alcool fabriqué localement ou importé clandestinement depuis les pays voisins. La chute du régime de Khadafi il y a deux ans et le relâchement des contrôles aux frontières n’ont fait que renforcer ces trafics.

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