vendredi 6 juillet 2012


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France 24

Les affiches électorales des candidates libyennes, cibles privilégiées des vandales

 
À l'approche d’un scrutin historique, au cours duquel les Libyens éliront les membres de l’Assemblée constituante le 7 juillet, force est de constater que les affiches de campagne des candidates ont été davantage vandalisées que celles des hommes. Selon notre Observatrice, l’engagement des femmes dans le processus électoral est vu d’un mauvais œil par une société culturellement "machiste".
 
D'après le représentant spécial des Nations unies pour la Libye, Ian Martin, près de 600 Libyennes se sont portées candidates pour la première élection libre depuis plus de 40 ans. Près de 2,7 millions de Libyens sont inscrits sur les listes électorales pour le vote de samedi, qui verra la formation d’une nouvelle Assemblée chargée d’élaborer un projet de constitution.
 
 
Toutes ces photos ont été prises par notre Observatrice, Ghida Touati, à Tripoli. 
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"L'étalage public des affiches de candidates est quelque chose de vraiment nouveau pour les Libyens"

Ghida Touati est blogueuse à Tripoli. Elle participe à l'opération spéciales élections des Observateurs de FRANCE 24 et de l'Atelier des Médias de RFI, dont les équipes se sont délocalisées dans la capitale libyenne. 
 
Il n’est pas possible de marcher dans les rues de Tripoli sans remarquer les affiches des candidates qui ont été dégradées. Ce phénomène n’est d’ailleurs pas propre à Tripoli ; le blogueur Ayman al-Mazini a constaté la même chose à Benghazi.
 
Ces affiches n’ont pas seulement été déchirées. Certaines ont été gribouillées d’encre noire au niveau du visage pour en cacher les traits. Dans une des rues principales de Tripoli, le slogan d’un candidat a été collé par-dessus l’affiche d’une femme. La presse libyenne est restée très silencieuse sur ces dégradations et ne cherche pas à savoir qui sont les responsables.
 
 
"Pour beaucoup de Libyens, il est impensable qu’une femme occupe un poste au sein du nouveau corps législatif"
 
Il est très probable que ces actes aient pu être commis par des extrémistes musulmans, qui estiment que la photo d’une femme est strictement réservée à son époux. Il peut aussi s’agir d’hommes chez qui prévaut une culture machiste : pour de nombreux Libyens, il est impensable qu’une femme occupe un poste au sein du nouveau corps législatif. Bien sûr, ces actes de vandalisme pourraient également être le fait de casseurs ou de personnes ayant des comptes personnels à régler avec les candidates visées.
 
J’ai réalisé un sondage sur la question sur Facebook. Plusieurs internautes ont répondu que l’étalage public des affiches de candidates et la participation des femmes à la course électorale sont des éléments vraiment nouveaux pour eux et très éloignés de leur culture. Pour d’autres, les courants extrémistes sont les premiers responsables de ces dégradations, car aux yeux de la plupart d’entre eux, ces élections sont une hérésie importée d’Occident.
 
"Même des électrices rechignent à donner leur voix à des femmes"
 
 
 
La Constitution libyenne de 1963 [la dernière avant le coup d’État de Mouammar Kadhafi de 1969 qui a aboli la monarchie et proclamé la république, ndlr] garantissait le droit d’éligibilité aux femmes. Aujourd’hui, il y a des électrices qui rechignent à donner leur voix à des candidates. L’une d’elles m’a d'ailleurs dit que les femmes présentes au sein du gouvernement de transition n’avaient pas le niveau requis et du coup elles décrédibilisaient leur image. C’est pour ça qu’elle ne votera pas pour une femme.

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