Avec l’annonce d’un passage de relais aux Nations unies au Mali
Le pied de nez de Paris à la Cédéao
Par : Djamel Bouatta
Au fond, la France n’a jamais cru ni en la Cédéao ni dans la Misma, la force panafricaine qui devait rétablir le Mali dans sa souveraineté territoriale en chassant les islamistes qui s’étaient propagés dans tout l’Azawad, la moitié nord du pays.
On peut même, avec du recul, postuler que le président français a initié le plan d’intervention africain pour mieux faire avaler son opération “Serval”. Mais alors pourquoi cette subite précipitation à vouloir passer le relais à l’ONU, d’autant qu’à en croire les bulletins de guerre égrenés par le ministre français de la guerre, la victoire finale des forces spéciales françaises sur les groupes islamistes djihadistes est très proche ? Laurent Fabius, le ministre français des AE, espère, en effet, le vote d'une résolution par le Conseil de sécurité, sur une opération de maintien de la paix (OMP) en avril! Deux raisons complémentaires sont à l’origine de cette volte-face. D’abord, Paris s’est rendu compte que repousser militairement les terroristes est une chose et que stabiliser le Mali, notamment sa poudrière du Nord, en est une autre, plus complexe. Laurent Fabius a lui-même avoué que son pays veut “éviter l’enlisement” au Mali, relayé par son homologue à la Défense, Jean Yves Le Drian qui a fait un tour des popotes chez ses forces spéciales dans les Ifoghas, dernier terrain de la guerre contre le terrorisme, dans l’extrême nord, aux frontières avec l’Algérie et le Niger avant d’entretenir le président malien par intérim de l’urgente nécessité d'organiser des élections en juillet. La France a-t-elle découvert que les enjeux dans le nord-Mali ne sont pas exclusivement d’ordre sécuritaire? L’Azawad a certes été transformé ces derniers temps en base de l’islamise pour tout le Sahel mais la région était instable bien avant qu’elle ne fut investie par des franchises d’Al-Qaïda. La question des Touareg est restée entière malgré de multiples accords de paix, dont ceux d’Alger. Les uns et les autres n’avaient cesse de se jeter la balle mais il faut retenir que Bamako n’a pas consenti d’efforts pour sortir le Nord et ses habitants de la précarité et a même joué avec le feu en fermant notamment les yeux sur la présence d’islamistes djihadistes dans l’Azawad. Sur ce sujet, de sérieuses divergences sont apparus entre Paris qui a essayé de recycler le MNLA, mouvement indépendantiste touareg, dans la lutte contre le terrorisme, et Bamako pour qui les gens de l’Azawad sont responsables de la tentative de division du Mali. L’autre raison, Paris ne peut plus supporter seul les dépenses engagées non seulement pour ses forces mais aussi, en partie, pour les 2 000 soldats tchadiens. L’argent promis à Addis-Abeba lors d'une conférence de donateurs de l'Union africaine destinée à financer la mission africaine de soutien au Mali (Misma) et la restructuration de l'armée malienne, soit plus de 455 millions de dollars (338 millions d'euros), ne serait pas disponible. Les Tchadiens se sont inquiétés de savoir quand et par qui ils seraient payés. La Misma déploie actuellement au Mali environ 6 300 soldats d'Afrique de l'Ouest et du Tchad auxquels il faut ajouter le contingent burundais annoncé par le président Pierre Nkurunziza à Paris en début de semaine. Une façon pour le président burundais de se débarrasser de la rébellion récurrente au sein de son armée, et en plus, il se fera payer par les Nations unies, comme pour ses 5 000 soldats en Somalie. L’OMP sera donc chapeautée directement par l'ONU et entièrement financée par elle. Soulagement pour la France dont Le Drian avait indiqué qu'en 45 jours, l'opération “Serval” avait déjà coûté à la France “plus de 100 millions d'euros”, à quoi il faut ajouter la prise en charge des 2 000 Tchadiens, en nourriture, munitions et pétrole. Cette nouvelle force de sécurisation onusienne reprendra la Misma et pourra être étendue à d'autres, a annoncé le ministre français des AE en précisant qu’elle pourrait mobiliser au total jusqu'à 10 000 hommes. Aux forces africaines actuellement dans la Misma, pourraient s'ajouter d'autres unités, les Tchadiens, des Burundais et des Mauritaniens. François Hollande qui répète ces jours-ci que ses troupes n'ont pas vocation à rester éternellement au Mali, a confirmé une diminution du nombre de soldats français déployés au Mali, plus de 4 000, après le vote onusien sur l'OMP. Mais le maintien d'une présence française sera assuré dans ce pays, avec la possibilité d'actions rapides pour seconder l’OMP qui aura absorbé la Misma. Paris veillera toujours à ses intérêts quoiqu’il arrive.
On peut même, avec du recul, postuler que le président français a initié le plan d’intervention africain pour mieux faire avaler son opération “Serval”. Mais alors pourquoi cette subite précipitation à vouloir passer le relais à l’ONU, d’autant qu’à en croire les bulletins de guerre égrenés par le ministre français de la guerre, la victoire finale des forces spéciales françaises sur les groupes islamistes djihadistes est très proche ? Laurent Fabius, le ministre français des AE, espère, en effet, le vote d'une résolution par le Conseil de sécurité, sur une opération de maintien de la paix (OMP) en avril! Deux raisons complémentaires sont à l’origine de cette volte-face. D’abord, Paris s’est rendu compte que repousser militairement les terroristes est une chose et que stabiliser le Mali, notamment sa poudrière du Nord, en est une autre, plus complexe. Laurent Fabius a lui-même avoué que son pays veut “éviter l’enlisement” au Mali, relayé par son homologue à la Défense, Jean Yves Le Drian qui a fait un tour des popotes chez ses forces spéciales dans les Ifoghas, dernier terrain de la guerre contre le terrorisme, dans l’extrême nord, aux frontières avec l’Algérie et le Niger avant d’entretenir le président malien par intérim de l’urgente nécessité d'organiser des élections en juillet. La France a-t-elle découvert que les enjeux dans le nord-Mali ne sont pas exclusivement d’ordre sécuritaire? L’Azawad a certes été transformé ces derniers temps en base de l’islamise pour tout le Sahel mais la région était instable bien avant qu’elle ne fut investie par des franchises d’Al-Qaïda. La question des Touareg est restée entière malgré de multiples accords de paix, dont ceux d’Alger. Les uns et les autres n’avaient cesse de se jeter la balle mais il faut retenir que Bamako n’a pas consenti d’efforts pour sortir le Nord et ses habitants de la précarité et a même joué avec le feu en fermant notamment les yeux sur la présence d’islamistes djihadistes dans l’Azawad. Sur ce sujet, de sérieuses divergences sont apparus entre Paris qui a essayé de recycler le MNLA, mouvement indépendantiste touareg, dans la lutte contre le terrorisme, et Bamako pour qui les gens de l’Azawad sont responsables de la tentative de division du Mali. L’autre raison, Paris ne peut plus supporter seul les dépenses engagées non seulement pour ses forces mais aussi, en partie, pour les 2 000 soldats tchadiens. L’argent promis à Addis-Abeba lors d'une conférence de donateurs de l'Union africaine destinée à financer la mission africaine de soutien au Mali (Misma) et la restructuration de l'armée malienne, soit plus de 455 millions de dollars (338 millions d'euros), ne serait pas disponible. Les Tchadiens se sont inquiétés de savoir quand et par qui ils seraient payés. La Misma déploie actuellement au Mali environ 6 300 soldats d'Afrique de l'Ouest et du Tchad auxquels il faut ajouter le contingent burundais annoncé par le président Pierre Nkurunziza à Paris en début de semaine. Une façon pour le président burundais de se débarrasser de la rébellion récurrente au sein de son armée, et en plus, il se fera payer par les Nations unies, comme pour ses 5 000 soldats en Somalie. L’OMP sera donc chapeautée directement par l'ONU et entièrement financée par elle. Soulagement pour la France dont Le Drian avait indiqué qu'en 45 jours, l'opération “Serval” avait déjà coûté à la France “plus de 100 millions d'euros”, à quoi il faut ajouter la prise en charge des 2 000 Tchadiens, en nourriture, munitions et pétrole. Cette nouvelle force de sécurisation onusienne reprendra la Misma et pourra être étendue à d'autres, a annoncé le ministre français des AE en précisant qu’elle pourrait mobiliser au total jusqu'à 10 000 hommes. Aux forces africaines actuellement dans la Misma, pourraient s'ajouter d'autres unités, les Tchadiens, des Burundais et des Mauritaniens. François Hollande qui répète ces jours-ci que ses troupes n'ont pas vocation à rester éternellement au Mali, a confirmé une diminution du nombre de soldats français déployés au Mali, plus de 4 000, après le vote onusien sur l'OMP. Mais le maintien d'une présence française sera assuré dans ce pays, avec la possibilité d'actions rapides pour seconder l’OMP qui aura absorbé la Misma. Paris veillera toujours à ses intérêts quoiqu’il arrive.
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