dimanche 10 janvier 2010

“Changing is difficult”


Liberté - 10/01/10
“Changing is difficult”
dimanche 10 janvier 2010

Il s’agit de savoir pourquoi le département d’État n’a pas inclus dans sa liste, d’ailleurs très controversée, des pays du Sahel à l’exemple du Mali, du Niger ou de la Mauritanie qui ont été le théâtre de kidnappings et d’exécutions de ressortissants étrangers.

L’Algérie est-elle un allié stratégique des USA dans la lutte contre le terrorisme international ? Si l’on pose la question aujourd’hui, c’est que les dernières mesures annoncées par le gouvernement américain suscitent une série d’interrogations sur les objectifs inavoués de la nouvelle administration d’Obama en matière de politique étrangère et, notamment, de sa relation avec l’Algérie. En décidant de classer l’Algérie parmi les pays à haut risque sur rapport du Homeland Security, un département créé après les attentats du 11 septembre 2001, Washington lance un mauvais signal en direction de pays qui ont été à l’avant-garde de la lutte contre la violence islamiste. Alger vient de déposer une plainte en pointant du doigt l’agence américaine de sécurité aérienne, la Transportation Security Administration (TSA) en considérant le classement US comme discriminatoire. Et c’est le moins que l’on puisse dire. Il s’agit de savoir pourquoi le département d’État n’a pas inclus dans sa liste, d’ailleurs très controversée, des pays du Sahel à l’exemple du Mali, du Niger ou de la Mauritanie qui ont été le théâtre de kidnappings et d’exécutions de ressortissants étrangers. Depuis l’annulation du rallye Paris-Dakar en raison de la dégradation de la situation sécuritaire, l’Occident s’intéresse de près à cette région devenue un des principaux repaires du terrorisme international. Et l’on doit se demander à quoi obéit cette cacophonie au plus haut niveau de l’État US qui est passé en l’espace de deux mois, à travers la visite à Alger du numéro 3 du Pentagone et du patron de l’Afrikom, d’une position de soutien à une position de méfiance. Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi le département d’État a validé, avec une facilité déconcertante, une liste transmise visiblement de façon expéditive par la TSA ? Et au moment même où le nouveau locataire de la Maison-Blanche, très tôt récompensé d’un prix Nobel de la paix, veut effacer l’image d’une Amérique islamophobe, héritage du règne des Bush, ce classement achève de discréditer les intentions annoncées publiquement. À moins qu’il nous faille déjà oublier son fameux “yes we can” pour ne plus nous souvenir que de son non moins fameux “changing is difficult”.

Salim Tamani

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