lundi 25 août 2008

A trois jours de la réunion d’Alger, les Touareg menacent de reprendre les armes


Le mouvement de l’Alliance lance un appel au gouvernement malien pour qu’il fasse preuve de bonne volonté afin d’appliquer totalement les Accords d’Alger.

Les rebelles touareg ne sont pas prêts à faire des concessions à l’armée malienne. A trois jours de la réunion prévue pour le 28 de ce mois à Alger, ces derniers, réunis autour de l’Alliance démocratique du 23-Mai, montent de nouveau au créneau et menacent de reprendre les armes. « Le gouvernement malien n’affiche pas une bonne volonté pour l’application des Accords d’Alger. Nous n’écartons pas l’éventualité de recourir aux armes dans l’avenir », a indiqué Mohamed Aghrib, porte-parole de l’Alliance dans une déclaration à L’Expression.

Contacté par téléphone, ce dernier affirme : « Nous mènerons d’autres attaques si le problème ne trouve pas de solution. » Notre interlocuteur explique que la partie gouvernementale a « tourné le dos » aux Accords d’Alger, déclarant : « Jusqu’à maintenant aucun des prisonniers détenus par l’armée malienne n’a été libéré. Il y a également désaccord sur l’endroit de l’implantation de l’unité mixte, ainsi que l’allégement du contingent de l’armée malienne dans la région de Tin Zaouatine ».

Sur ce dernier point, M.Aghrib souligne que les Accords d’Alger stipulent que l’armée malienne doit réduire ses forces, « chose qui n’a pas été respectée jusque-là ». En réalité, le vrai point de discorde entre les deux parties est lié au choix du site qui abritera l’unité militaire mixte.

Le mouvement de l’Alliance insiste pour que cette unité soit installée dans la région de Tin Zaouatine. « Pour plusieurs raisons, nous insistons pour que cette unité soit implantée à Tin Zaouatine », a déclaré M.Aghrib. A noter que les deux parties ont mis en place une commission de 200 personnes, dont des experts militaires, qui travaille au choix du meilleur site pour l’implantation de l’unité évoquée.

Cette commission va proposer, lors de la prochaine réunion d’Alger, les endroits jugés propices pour son implantation. Il s’agit, selon certaines indications, des régions de Tilizi et Bourassa dans l’extrême nord du Mali. Cela, en plus de la région du Kidal.

Sur ce lieu, le mouvement malien est catégorique : « On ne parle pas de l’installation de l’unité à Kidal. Ça serait difficile pour nous de faire confiance (au gouvernement) et nous installer à Kidal », a-t-il expliqué. Le porte-parole du mouvement indique, par ailleurs, pourquoi les Touareg insistent sur Tin Zaouatine, qui est, rappelle-t-on, le fief des ex-rebelles. « Pour que cette unité soit efficiente, elle doit être installée à Tin Zaouatine, car, cette opération va déboucher sur le réaménagement de cette zone et va faciliter le retour des familles, (réseau des réfugiés) », a souligné M.Aghrib.

Dans ce contexte, le mouvement de l’Alliance lance un appel au gouvernement malien l’incitant à faire preuve de bonne volonté afin d’appliquer totalement les Accords d’Alger. « L’armée malienne doit commencer par réduire son dispositif militaire. Elle doit ensuite libérer tous les prisonniers civils détenus lors les différentes opérations et de faciliter le retour des familles à la zone de Tin Zaouatine ». Grâce à la médiation algérienne, 21 militaires maliens ont été libérés il y a une semaine par le mouvement de l’Alliance.

De son côté, l’ambassadeur d’Algérie à Bamako, Abdelkrim Ghrieb, qui joue le rôle de médiateur, a affirmé à L’Expression, que les points évoqués par le mouvement de l’Alliance, seront abordés le 28 août prochain. « On va faire le point sur les grands axes discutés lors de la réunion d’Alger du 21 juillet. »

A l’occasion de la prochaine rencontre, les deux parties feront le point sur la libération de tous les détenus des deux côtés, sur l’opération de déminage, l’implantation de l’unité mixte et le retour des familles déplacées de Tin Zaouatine.

Tahar FATTANI - L'expression

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