dimanche 24 août 2008

Néolibéralisme vu du 1/3 monde


Dans les pays traditionnellement riches nous observons chaque jour les méfaits de la politique néolibérale menée depuis plusieurs années par les gouvernements de droite dans la plupart des pays du globe : paupérisation de la société, délocalisations, etc, sont notre quotidien. Mais qu’en est-il de la population des pays vers lesquels nos multinationales délocalisent ? Ndiougou FALL, président du Réseau des Organisations Paysannes et Producteurs d’Afrique de l’Ouest, explique dans Le Monde du jeudi 5 juin 2008 que la crise alimentaire mondiale actuelle est provoquée par les politiques néolibérales imposées par les occidentaux via le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale et acceptées par les chefs d’états africains. A travers les exemples du Niger, des Philippines et de l’Inde, répartis sur 3 continents distincts, voyons les conséquences de ces politiques néolibérales.

Au Niger, la richesse du sol en uranium attire les entreprises minières étrangères comme Areva dans la région d’Agadez. Au nord du pays 300 000 touaregs ont été expropriés pour l’installation d’une entreprise minière chinoise. La population locale, peu scolarisée donc non formée, ne peut profiter des emplois créés par ces entreprises étrangères. De plus, ces installations menacent les occupations traditionnelles vivrières (élevage transhumant, commerce du sel, agriculture oasienne) laissant sans ressources ces touaregs alors que le pays, bien que 3ième exportateur mondial d’uranium, a un Indice de Développement Humain classé 174ième sur 177 selon l’OMS. En plus de leur supprimer les vivres, ces entreprises profitent de la pauvre législation sociale de ces pays (c’est bien pour ça qu’ils sont venus s’y installer) pour multiplier leur profit en économisant sur les règles sanitaires, mettant ainsi en danger la santé de la population locale : le Comité de Recherche et d’Informations Indépendantes sur la Radioactivité a dénoncé le stockage des déchets radioactifs à l’air libre depuis plusieurs décennies, le taux extrêmement élevé de la radioactivité dans l’eau distribuée à la population et la revente sur les marchés des matériaux radioactifs sortis des usines destinés à la construction d’habitations. En compensation, les touaregs revendiquent le transfert de 50% des recettes des entreprises minières étrangères aux collectivités locales. Face au refus du gouvernement d’aider ces populations mises en danger de mort, ils se sont regroupés au sein du Mouvement des Nigériens pour la Justice avec pour devise « Si la lutte est la seule voix qui puisse être entendue, tel est notre choix ! ». La réponse de l’état est sans appel : 70 exécutions sommaires de civils depuis août 2007 par les forces armées nigériennes, multiples arrestations et détentions arbitraires, tortures, viols, pillages, massacres de troupeaux, déportation et interdiction des journalistes. En mai 2008 un correspondant de Radio France International a été incarcéré.
(Inde, Philippines)

Au nom du profit d’entreprises étrangères les populations locales sont ainsi mises en danger de mort. Mort de faim en supprimant l’agriculture vivrière pour satisfaire le marché international, mort de maladies en passant par dessus des règles environnementales de base, et mort violente en réprimant massivement tout mouvement contestataire. C’est ce que les libéraux appellent la loi de population selon Malthus, du nom d’un pasteur anglais de la fin du XVIIIième siècle. Sa théorie repose sur le fait que la population progresse plus vite que les subsistances ; ainsi, lorsque la population excède les possibilités de la nature, une régulation s’exerce par le biais de famines, de guerres et d’épidémies. « Le peuple doit se considérer lui-même comme la cause principale de ses misères ; aider les pauvres c’est multiplier la pauvreté », expliquant ainsi la nécessité que l’état s’abstienne de toute politique sociale. En somme, ces entreprises, en installant la misère et la famine, ne font que provoquer l’ordre naturel, doctrine de base du libéralisme.

Vendredi 6 juin 2008
par Olivier GUILLARD

Source : blog d'O. Guillard

Aucun commentaire: