Le Figaro (France) 3 septembre 2010
Face à al-Qaida, France et Espagne resserrent les rangs
Alain Barluet
vendredi 3 septembre 2010
Entre Bernard Kouchner et Miguel Angel Moratinos, c’est un dialogue suivi de deux hommes « qui parlent le même langage », comme le dit un diplomate. Les bons interlocuteurs, en somme, pour évoquer les défis auxquels est confrontée la façade méridionale de l’UE, des balbutiements du processus de paix israélo-palestinien, à la relance de l’Union pour la Méditerranée attendue lors du sommet de Barcelone, en novembre. Le chef de la diplomatie française tenait également à cette brève visite à Madrid, vendredi, pour évoquer avec son homologue un récent sujet d’irritation entre les deux partenaires : la lutte contre al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Paris et Madrid ont passé l’éponge et décidé d’envoyer une lettre conjointe au chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, pour l’appeler à se mobiliser sur le front de la lutte antiterroriste au Sahel.
Au surlendemain de la libération de deux otages espagnols détenus dans cette région par l’organisation terroriste, Nicolas Sarkozy s’en était pris à l’Espagne, sans la citer. « La seule stratégie ne doit pas consister à payer des rançons et à accepter de libérer des prisonniers en échange de malheureux innocents (…) ce ne peut pas être une stratégie », a estimé le chef de l’État devant les ambassadeurs de France, le 25 août. Même si Madrid n’a jamais parlé de rançon, la presse espagnole a évoqué le versement de 8 millions d’euros pour leur libération. Celle-ci a été précédée par l’extradition vers le Mali de l’auteur de leur enlèvement, « Omar le Sahraoui », une des exigences d’Aqmi.
Les déclarations du président de la République n’ont pas manqué de susciter des réactions dans la presse espagnole qui a rappelé que l’humanitaire français Pierre Camatte, détenu dans le désert malien avait été libéré en février dernier après qu’Aqmi eut obtenu de Bamako la remise en liberté de quatre islamistes détenus au Mali.
Lettre à Catherine Ashton
Le 25 août, Nicolas Sarkozy a paru appuyer sa critique implicite de l’Espagne en qualifiant, en revanche, de « tournant majeur » l’opération menée conjointement, fin juillet, par les forces mauritaniennes et françaises contre les combattants d’Aqmi sur le territoire malien. Trois jours plus tard, le groupe islamiste radical annonçait l’exécution de l’otage français Michel Germaneau, un militant humanitaire de 78 ans enlevé le 19 avril dans le nord du Niger.
Côté français, on s’est efforcé, fin août, de dissiper le malentendu en affirmant que l’Espagne n’était pas visée. On rappelle également que Nicolas Sarkozy a fait parvenir, dès le 23 août, un message de félicitations à José Luis Rodriguez Zapatero pour la libération des deux Espagnols.
Vendredi, à l’issue d’entretiens qualifiés de « fluides », Bernard Kouchner et José Luis Rodriguez Zapatero sont convenus d’envoyer une lettre conjointe, ouverte à la signature des Vingt-Sept, à l’adresse de Catherine Ashton pour viser une action commune face au terrorisme saharo-sahélien. Une initiative englobant notamment la formation des forces de sécurité, la bonne gouvernance et le développement
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