jeudi 15 avril 2010

Le cri d’alarme des éleveurs du Niger

monde

Le cri d’alarme des éleveurs du Niger
L'Humanité
Dodo Boureima, président d’une organisation de pasteurs ouest-africains, témoigne.

« Le monde doit savoir que nous vivons une crise. » Invité à Paris par des associations humanitaires, le Nigérien Dodo Boureima a apporté un éclairage sur le drame vécu par les éleveurs de son pays. Dodo Boureima dirige le réseau Billital Maroobé (« Promotion des éleveurs » en peul), une association qui rassemble des organisations d’éleveurs et de pasteurs d’Afrique de l’Ouest. « Nous sommes passés d’une situation d’alerte précoce à celle de crise. La disponibilité et l’accessibilité aux principaux aliments pour le bétail sont limitées dans la zone pastorale et agropastorale. Le prix des animaux sur les marchés se détériore rapidement, pendant qu’au même moment le prix des fourrages et des céréales augmentent », explique-t-il. « Nous n’arrivons plus à nourrir nos troupeaux, ce qui nous pousse à les vendre à vil prix », poursuit-il. « Pour se maintenir en vie, l’éleveur est contraint de vendre son cheptel puis de fuir vers les villes où la situation alimentaire est déjà très tendue », ajoute-t-il. Selon le réseau Billital Maroobé, les communautés d’éleveurs et de pasteurs du Niger sont d’ores et déjà affectées et reconnues comme les plus vulnérables avec un taux prévisionnel aigu de 29,9 %, le double du seuil d’urgence fixé à 15 %. Pour la deuxième année consécutive, des déficits fourragers ont été signalés dans les zones pastorales au Niger, au Tchad, et au nord-est du Mali et du Burkina Faso. Selon Action contre la Faim, le déficit de céréales et de fourrage pour le secteur pastoral est de 16 millions de tonnes pour le Niger, ce qui représente 67 % des besoins du bétail.

« Le 2 décembre dernier, nous avons lancé une alerte. Mais ce cri d’alarme n’a pas été entendu », regrette Dodo Boureima. Le forum sous-régional sur la transhumance, initié par le réseau Billital Maroobé, qui s’achève le 16 avril à Gogonou au Bénin, sera une nouvelle occasion pour les éleveurs et les pasteurs de la région de lancer un S.O.S.



D. R.

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