Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) est-il en train de revenir sur le devant de la scène politique malienne ? Alors qu’ils avaient été "oubliés" par les médias ces derniers mois,affaiblis par des alliances empoisonnées avec les islamistes d’Ansar Dine, discrédités sur la scène internationale, les Touareg du MNLA espèrent aujourd’hui tirer profit de la déconfiture des djihadistesmis en déroute par l’intervention française au Nord-Mali pour se rasseoir à la table des négociations avec Bamako.
"Ils ont perdu beaucoup de légitimité ces derniers temps, ils ont fait de graves erreurs politiques", explique Philippe Hugon, spécialiste de l’Afrique à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). "Ils ont eux-mêmes été victimes de leur union avec des groupes islamistes. De plus, ils ont revendiqué en mars dernier l’indépendance de l’Azawad [région au nord du Mali, NDLR]. Mais, malgré tout cela, ils restent des acteurs incontournables sur l’échiquier malien", ajoute l’expert.
"Sans le MNLA, pas de reconstruction possible du Mali"
Et pour cause, qui mieux que les Touareg connaît le terrain sahélien ou serait en mesure de démasquer les islamistes cachés dans l’immensité désertique ? "Ils connaissent parfaitement Kidal et sa région. Sans les Touareg, il n’y aura pas de reconstruction possible du Mali. Bamako est obligé de les prendre en compte", développe Philippe Hugon.
Un avis partagé par Pierre Boilley, professeur d’histoire d’Afrique contemporaine à l’université Paris-I et directeur du Centre d’études des mondes africains (Cemaf). "Certes, le MNLA a été considérablement affaibli ces derniers mois. Ses membres ont été délogés de Tombouctou, de Gao, ils ont dû se replier vers le nord du Mali (...), mais ils représentent des alliés de poids pour Bamako", confirme-t-il. Sans eux, la guerre contre le terrorisme dans cette région est vouée à l’échec.
Le MNLA "se rachète une bonne conduite"
Reste que les hommes du MNLA ne sont pas pour autant en position de force dans cette nouvelle équation post-opération Serval. Conscients que leur union éphémère avec les djihadistes a porté un coup dur à leur crédibilité, les hommes bleus savent qu’ils doivent montrer patte blanche à Bamako. "Ils ont arrêté [le 4 février] le numéro 3 d’Ansar Dine [Mohamed Moussa Ag Mouhamed, NDLR] et l’ont livré aux forces françaises", précise Pierre Boilley. "C’est une garantie de leur bonne foi, ajoute Philippe Hugon, ils savent qu’ils doivent se racheter une conduite auprès de la communauté internationale."
S'ils restent réticents à combattre aux côtés des forces maliennes qu'ils accusent d'exactions contre leur peuple, les hommes du MNLA se sont engagés, par écrit, à lutter contre les islamistes : "Le MNLA prend à témoin la communauté internationale sur ses engagements formels à combattre le terrorisme et réitère une nouvelle fois son entière disposition à participer, avec l’armée française et la Cédéao [Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, NDLR], dans la lutte contre le terrorisme", peut-on y lire dans un communiqué daté du 28 janvier. Une initiative confirmée mardi 5 février par une nouvelle déclaration du Mouvement de libération de l'Azawad qui a affirmé se "coordonner" avec l'armée française contre les "terroristes".
"Un nouveau statut de l’Azawad"
Sur le plan diplomatique, le MNLA a même apporté un gage inédit de sa bonne volonté. Contacté par FRANCE 24, Moussa Ag Assarid, le représentant du MNLA en Europe, a déclaré que les revendications de son mouvement avaient "évolué". "Nous sommes en train de rediscuter d’un nouveau statut de l’Azawad". Exit donc le terme "indépendance" employé jusque là. "Pour répondre aux sollicitations de la communauté internationale, nous avons accepté de reconnaître l’intégrité territoriale du Mali", a ajouté Moussa Ag Assarid.
Selon les deux spécialistes, même l’Algérie, pays le plus riche et le mieux armé de la région qui est hostile à une quelconque autonomie des Touareg au Nord-Mali, trouverait son compte dans une alliance entre Bamako et le MNLA. "Soutenir le mouvement, c’est mettre des bâtons dans les roues d’Ansar Dine qui a pris part à l’attaque d’In Amenas. Une attaque que l’Algérie n’a pas digéré de la part d’un mouvement avec qui il dialoguait depuis des années", explique Philippe Hugon. "Surtout, Alger peut se rassurer. Le MNLA n’emploie plus le mot ‘indépendance’. C’est le terme qui ne plaisait pas à Alger. Les autorités algériennes ont toujours craint que la réalisation de cette revendication au Mali pourrait donner des idées aux Touareg installés dans le sud de l’Algérie", conclut Pierre Boilley.
"Ils ont perdu beaucoup de légitimité ces derniers temps, ils ont fait de graves erreurs politiques", explique Philippe Hugon, spécialiste de l’Afrique à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). "Ils ont eux-mêmes été victimes de leur union avec des groupes islamistes. De plus, ils ont revendiqué en mars dernier l’indépendance de l’Azawad [région au nord du Mali, NDLR]. Mais, malgré tout cela, ils restent des acteurs incontournables sur l’échiquier malien", ajoute l’expert.
"Sans le MNLA, pas de reconstruction possible du Mali"
Et pour cause, qui mieux que les Touareg connaît le terrain sahélien ou serait en mesure de démasquer les islamistes cachés dans l’immensité désertique ? "Ils connaissent parfaitement Kidal et sa région. Sans les Touareg, il n’y aura pas de reconstruction possible du Mali. Bamako est obligé de les prendre en compte", développe Philippe Hugon.
Le MNLA "se rachète une bonne conduite"
Reste que les hommes du MNLA ne sont pas pour autant en position de force dans cette nouvelle équation post-opération Serval. Conscients que leur union éphémère avec les djihadistes a porté un coup dur à leur crédibilité, les hommes bleus savent qu’ils doivent montrer patte blanche à Bamako. "Ils ont arrêté [le 4 février] le numéro 3 d’Ansar Dine [Mohamed Moussa Ag Mouhamed, NDLR] et l’ont livré aux forces françaises", précise Pierre Boilley. "C’est une garantie de leur bonne foi, ajoute Philippe Hugon, ils savent qu’ils doivent se racheter une conduite auprès de la communauté internationale."
S'ils restent réticents à combattre aux côtés des forces maliennes qu'ils accusent d'exactions contre leur peuple, les hommes du MNLA se sont engagés, par écrit, à lutter contre les islamistes : "Le MNLA prend à témoin la communauté internationale sur ses engagements formels à combattre le terrorisme et réitère une nouvelle fois son entière disposition à participer, avec l’armée française et la Cédéao [Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, NDLR], dans la lutte contre le terrorisme", peut-on y lire dans un communiqué daté du 28 janvier. Une initiative confirmée mardi 5 février par une nouvelle déclaration du Mouvement de libération de l'Azawad qui a affirmé se "coordonner" avec l'armée française contre les "terroristes".
"Un nouveau statut de l’Azawad"
Sur le plan diplomatique, le MNLA a même apporté un gage inédit de sa bonne volonté. Contacté par FRANCE 24, Moussa Ag Assarid, le représentant du MNLA en Europe, a déclaré que les revendications de son mouvement avaient "évolué". "Nous sommes en train de rediscuter d’un nouveau statut de l’Azawad". Exit donc le terme "indépendance" employé jusque là. "Pour répondre aux sollicitations de la communauté internationale, nous avons accepté de reconnaître l’intégrité territoriale du Mali", a ajouté Moussa Ag Assarid.
Selon les deux spécialistes, même l’Algérie, pays le plus riche et le mieux armé de la région qui est hostile à une quelconque autonomie des Touareg au Nord-Mali, trouverait son compte dans une alliance entre Bamako et le MNLA. "Soutenir le mouvement, c’est mettre des bâtons dans les roues d’Ansar Dine qui a pris part à l’attaque d’In Amenas. Une attaque que l’Algérie n’a pas digéré de la part d’un mouvement avec qui il dialoguait depuis des années", explique Philippe Hugon. "Surtout, Alger peut se rassurer. Le MNLA n’emploie plus le mot ‘indépendance’. C’est le terme qui ne plaisait pas à Alger. Les autorités algériennes ont toujours craint que la réalisation de cette revendication au Mali pourrait donner des idées aux Touareg installés dans le sud de l’Algérie", conclut Pierre Boilley.
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