La France de Dunkerque à Tombouctou.
Retour sur l’intervention française au Mali
Par Tamidit et Tango Habata
Il est croustillant de constater qu’après plus d’un demi siècle de décolonisation, le Mali célèbre dans la joie et l’allégresse le retour des troupes françaises sur son sol. La visite du Président français, que certains maliens, d’après les médias français, considèrent comme leur président, est censée prouver la totale réussite de l’opération « serval ». Au moins pour l’instant. L’histoire enseigne l’humilité et bien que la guerre soit aussi affaire de communication, la France aurait sans doute tort de crier « Victoire ! » trop vite.
I. Une situation humanitaire désastreuse
- Rien n’est encore fait pour les populations dans les camps de réfugiés qui meurent littéralement de faim.
- Des populations des villes à majorité maures et Touaregs (Kidal, Tessalit, Aghel hoc…) qui apeurées par le retour tant annoncé des troupes maliennes fuient les exactions (lynchage, arrestation et exécutions arbitraires, viols, kidnappings…)
- Le chameau offert à M. Hollande à Tombouctou, dont il assure qu’il s’en servira comme moyen de transport « aussi souvent que possible », risque fort d’être entravé par les règlements de compte (mais de quels compte s’agit-il ? d’une épuration ethnique ?) perpétrés par l’armée malienne.
Un Diocounda Traoré hésitant qui, au sortir de l’avion français sur le tarmac de l’aéroport, cherche fébrilement du regard où il doit aller, face à un François Hollande déterminé à montrer que la France sait encore préserver ses intérêts, incarne-t-il vraiment un avenir pour le Mali ?
II. « Notre route est droite, mais la pente est forte » déclarait un ministre de l’actuelle opposition française
Nul doute que cette raffarinade peut devenir un adage applicable à la situation prévalant actuellement au Sahara. C’est sûr, les pentes de l’Adghagh des Ifighas, mais aussi du Mont Tamgak, de l’Assekrem, de l’Emi Koussi ou de l’Akakouss sont fortes et les islamistes sont bel et bien en train de les emprunter pour mener leur Djihad, comme en Afghanistan, du fond de grottes.
La guerre ne fait que commencer. Elle se jouera au couteau, au corps à corps sur les pentes arides de bastions quasi inexpugnables. C’est comme arracher une dent avec une pince à épiler : ce sera très long et très douloureux et même l’anesthésie médiatique ne pourra rien y changer. Galvaniser un peuple meurtrie par une visite éclaire ne suffira pas à apaiser cette rage de dent : l’islamisme sera difficile à éradiquer.
Les racines du mal sont d’ailleurs profondes et dépassent de beaucoup les limites de la région, sur fond de recolonisation pour se tailler la part du lion dans les matières premières.
III. Baba Yaga aux pieds d’argiles
Les figures de style employées par les médias français pour faire croire qu’il existe un Etat malien, debout, digne qui appelle à l’aide une puissance amie car son armée a du mal à faire face à une force militaire supérieure laisse comme un goût de sang dans la bouche. Il n’y a pas d’Etat malien digne de ce nom et son armée se résume à des hordes de voyous qui suivaient hier religieusement un dénommé Amadou Aya Sanogo qui perpétrait des coups d’états à la petite semaine comme d’autres volaient la caisse de l’épicier du coin. Après avoir pratiqué le « replie tactique » face aux troupes indépendantistes touarègues, cette même armée s’en prend aujourd’hui aux civils, flagellant à coup de ceinturons des vieillards en pleine rue. Un instructeur de cette même armée disait à une jeune recrue « Après zéro, il y a toi ! ». Je vous renvoie, cher ami, le compliment. Le fait que ce groupe porte le nom d’ « armée » fait honte à la corporation. Sûre que la France, si elle veut s’assurer une victoire totale, ne pourra partir du Mali avant longtemps. Très longtemps. Très, très très longtemps. Un demi-siècle ? le temps d’une colonisation en somme.
A moins que, à moins que… Elle (la France bien sûre, pas le Mali) ne se décide à jouer la carte de stabilité en accordant aux indépendantistes du MNLA leur autonomie politique, juridique et militaire et la possibilité d’administrer eux-mêmes leurs terres.
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