mercredi 6 février 2013

Bamako sans enthousiasme pour la feuille de route politique


Bamako sans enthousiasme pour la feuille de route politique

Le Quotidien d’Oran- Kharroubi Habib
L’on ne peut contester que l’intervention militaire française  au Nord-Mali a répondu à une urgence qui fut celle de stopper l’avance en direction du sud du pays des groupes armés islamistes dont la réussite aurait provoqué l’effondrement du fragile Etat malien. L’objectif atteint, les militaires français l’ont amplifié en pourchassant les éléments débandés de ces groupes armés et en allant déloger leurs congénères des villes et localités du Nord-Mali qu’ils occupaient. Cela réalisé, la crise malienne est loin d’être finie car le plus complexe et difficile à régler pour qu’elle le soit, reste à venir.En effet, la déroute des groupes islamistes et le retour progressif du nord du pays dans le giron de l’Etat malien n’entraîneront pas sa résolution, tant que les autres causes qui en sont à l’origine n’auront pas été traitées. Et celles-là ne peuvent se régler militairement, mais par l’approche politique car s’agissant de problèmes dont la solution ne peut s’entrevoir qu’à travers la refondation de l’Etat malien déliquescent dont la réalisation passe par un dialogue national inclusif de tout ce que le pays compte de forces et composantes diverses attachées à préserver l’unité du Mali et à en finir avec les discriminations dont pâtissent des segments de la population malienne. Cette approche s’est imposée comme une évidence dont il s’agit de convaincre les autorités maliennes et les autres acteurs de la crise d’y recourir pour entamer le début du redressement national.Tout comme elle a joué un rôle clef dans la phase militaire rendue inévitable par le développement de la crise malienne, la France se retrouve de par son implication en position d’influer sur ce qui va être entrepris dans ce sens au Mali. Hollande n’a pas manqué de le faire savoir. Dans son discours à Bamako, il n’a rien fait d’autre que développer la feuille de route que les Maliens vont devoir appliquer maintenant que la menace que les groupes islamistes armés ont fait peser sur le pays ne conditionne plus de façon pressante la vision des priorités que le pays a à résoudre. A Bamako, pourtant, on ne semble pas vouloir aller dans la direction tracée par cette feuille de route, au prétexte qu’avant de l’emprunter il faut d’abord achever le volet militaire du redéploiement de la souveraineté de l’Etat malien sur l’ensemble de la région nord du pays. Ce pourquoi le président intérimaire Dioncounda Traoré a montré un enthousiasme rien moins que tiède aux stipulations de la feuille de route assignée aux autorités maliennes.Passé l’affolement dont ont été saisis ces autorités maliennes mais aussi la classe politique et les militaires du pays devant l’avance en direction de Bamako des groupes armés islamistes, tout ce « beau monde » ne se préoccupe que de garder ou de prendre le pouvoir. Un objectif qu’ils poursuivent en exploitant ce que l’occupation du Nord-Mali par les groupes islamistes a généré d’humiliations pour le sentiment patriotique des Maliens. D’où leur rhétorique ostracisante à l’égard de certaines ethnies que compte la population du Nord-Mali les accusant d’avoir fait cause commune avec les groupes armés islamistes. Façon d’occulter ce que les revendications politique, sociale et économique ont de légitime et de convergent avec celles qu’exprime le reste du peuple malien et sont restées lettre morte du fait que depuis l’indépendance du pays, on n’a voulu ni pu les prendre en charge. Qu’elles le demeurent et la crise malienne rebondira inéluctablement et ce ne sont pas les résultats de l’intervention militaire étrangère présente qui empêcheront la rechute.
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5178929

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