mardi 21 février 2012

INDÉPENDANTISTES TOUAREG

PROJET INDEPENDANTISTE TOUAREG

La résurgence de la révolution touarègue au Mali interroge et interpelle aussi bien les acteurs politiques que les chercheurs en sciences sociales. Les déterminants de cette révolution devenue récurrente au Niger et au Mali depuis l’indépendance sont à rechercher dans plusieurs variables qui ont du reste fait l’objet de nombreux travaux. L’objectif du présent article est de présenter quelques éléments d’analyse tirés de l'histoire du territoire saharien des Touareg.Territoire que la France n'a jamais concédé entièrement aux états "indépendants"à cause de ses richesses minières telles que l’Uranium dans l'Aïr au Niger et les immenses reserves pétrolifère du bassin de Taoudeni et de l’Uranium de Kidal.

Le Sahara département français depuis l'OCRS

Lorsqu'on demande aux Touareg leur avis sur les indépendances africaines,ils vous répondrons toujours par l’indifférence par rapport à ce qui constitue à leur yeux une expropriation de leur territoire concédé et rattaché aux etats sahéliens.L'élite Touarègue comme beaucoup des nostalgique français de l'OCRS constitue la base juridique,historique et active de toutes les revendications des mouvements révolutionnaires Touareg depuis 1963. Les Touareg n’hésitent pas à défaut de déclarer:"autant être colonisés par la France que par des pays qui peinent à s'auto-suffire au plan alimentaire 63 ans après les indépendances et ou l'exclusion des minorités sahariennes est une réalité.

Les français en concedant l’indépendance aux pays sahéliens avaient donc déjà semés les germes de la révolution Touarègue car ils savaient que ceux ci ont le droit , les instruments juridiques à travers l'OCRS et les lois internationales sur les autochtones votés aux Nations Unies pour revendiquer à tout moment leur territoire.

L’OCRS ou les germes de la sécession
L’indépendance que revendiquent les rebelles maliens est un projet vieux de 60 ans. Cette revendication rappelle en effet le projet OCRS (Organisation commune des régions sahariennes) par lequel la France avait tenté de récupérer les régions sahariennes de plusieurs pays (Niger, Mali, Algérie, Soudan) afin de maintenir son contrôle sur les ressources minières qu’elles abritent (Boilley 1993 : 215-239). La loi créant l’OCRS fut introduite en 1956 par Félix Houphouët-Boigny, alors ministre délégué à la Présidence du Conseil et adoptée en décembre de la même année. Ce projet devait donc servir les intérêts impérialistes français, ainsi que l’analysent Claude Raynaut et Souleymane Abba : « A un moment où se profilait l’indépendance inéluctable de l’Algérie, certains milieux français caressaient le rêve d’un ensemble saharien prélevé sur différents pays limitrophes et dont l’existence pourrait sauvegarder les intérêts français dans le domaine pétrolier comme dans celui des expérimentations nucléaires » (Raynaut et Abba, 1990 :22). Les Touaregs eux avaient caressé le rêve de constituer leur propre État et voyaient dans le projet OCRS une opportunité pour échapper à la « recolonisation », c’est-à-dire à la domination des ethnies majoritaires qui prenaient le relais dans la direction de cette « entreprise franco-française pilotée de Paris » qu’étaient à leurs yeux le Niger et le Mali (CRA 1994 : 4). Comme le souligne Pierre Boilley, l’autorité coloniale était pour les Touaregs un moindre mal par rapport à celle des sédentaires noirs qui s’annonçait de manière inexorable ; ces sédentaires que les aristocrates touaregs ont toujours considérés comme des « gens inférieurs et lâches ». Voici ce qu’en disait Mano Dayak, le cerveau de la rébellion au Niger dans les années 1990 : « Les gens du Sud tels les Haoussas mais surtout les Djerma avaient accepté la domination française sans broncher. Ils fréquentaient massivement les écoles coloniales et ensuite se laissaient former comme cadres administratifs et sous-officiers de l’armée. Aujourd’hui, ils sont nos ministres, nos préfets, nos généraux » (Dayak 1992 :60-61). Même si le projet de cette « Afrique Saharienne » a avorté, l’OCRS apparaît « comme un handicap de naissance pour les futurs États-nations de la région, car il introduit le germe de la revendication séparatiste et des difficultés de la construction nationale (Hamani 2007).
Il est utile de rappeler qu’en 1960, le Sultan de l’Aïr (Agadez), Oumarou Dan Ibrahim avait écrit au général de Gaulle pour demander l’indépendance de la région d’Agadez. Selon Pierre Boilley, la lettre fut rédigée et adressée au général De Gaulle par un certain Elhadj Alamine au nom des Kel Aïr et elle disait ceci : « Puisque l’indépendance s’annonce, alors nous les Touaregs, nous voulons nous diriger nous-mêmes et rassembler notre société toute entière là où elle se trouve. Nous voulons que notre pays soit un seul pays » (Boilly, 1993 : 215-239). Pour Mamoudou Djibo, les Français étaient à l’origine de ces démarches indépendantistes. Il rapporte que lors de la mission effectuée par le ministre Maïdah Mamoudou à Agadez en juin 1960 en vue de sensibiliser les populations sur l’indépendance, les militaires français basés dans cette localité avaient manifesté devant la résidence du ministre en scandant le slogan « Niger français » (Djibo 2002 : 143). Bien avant, au Mali, des pétitions lancées le 30 octobre 1957 par un Cadi de Tombouctou du nom de Mohamed Mahmoud Ould Cheick avaient été signées par 300 notables touaregs, maures et aussi songhaï de la région de Gao, Tombouctou et Goundam pour poser la même exigence à l’autorité coloniale. Avec la naissance de la rébellion armée des années en 1990 au Niger, cette demande a été ressuscitée. Le projet indépendantiste n’est donc pas nouveau chez les Touaregs,et il repose sur une histoire lié à leur territoire d'influence qui constitue un trait d'union entre le Maghreb Berbère et l'Afrique sahélienne.

TOUAREG/NO borders

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