mercredi 3 février 2010

A quand le sommet sur l’AQMI ?


Hyacinthe Sanou-03-02-10-http://www.lobservateur.bf
A quand le sommet sur l’AQMI ?
mercredi 3 février 2010

Comme du lait sur le feu, la crise couvait depuis quelques temps entre l’Algérie et le Mali au sujet des exactions d’Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) dans la sous-région sahélienne.

Jusque-là pourtant, le langage diplomatique a toujours prévalu entre les deux Etats malgré la « guerre des mots » qui a vu journalistes algériens et maliens, chacun à son tour, rejeter la faute sur l’un des deux pays par articles interposés.

Malheureusement, le lait a fini par déborder et se verser, la crise éclatant au grand jour notamment au cours du 14e sommet de l’Union africaine, ouvert le 30 janvier 2010 à Addis-Abeba, avec cette brusque tension entre les deux pays. En effet, les Algériens accusent le Mali de laxisme flagrant face aux combattants de l’AQMI, et estiment que le Niger est beaucoup plus coopératif arguant que ce n’est pas un hasard si les terroristes ne sont pas installés dans le désert nigérien. Alger pointe également du doigt les mauvaises médiations engagées par Bamako pour la libération d’otages occidentaux, médiations qui se terminent presque toujours par le versement de rançons, à tel point qu’un diplomate algérien a affirmé :

« Les Maliens participent indirectement au financement d’Al Qaida ». Du côté malien, on estime ne pas avoir de leçon à recevoir en matière de coopération antiterroriste : « C’est un mauvais procès. Personne ne contrôle ces islamistes y compris l’Algérie malgré les moyens militaires dont elle dispose ». Ainsi, il est bien loin le temps où les présidents Amadou Toumani Touré du Mali, Mouammar Kadhafi de la Libye et Abdelaziz Bouteflika d’Algérie se sont réunis en marge du Sommet de l’OUA, tenu à Syrte en juillet dernier, afin de porter le coup de grâce au terrorisme dans la région en mettant en place une stratégie d’offensive.

Al Qaida au Maghreb islamique sévit toujours. Pire, la bande sahélo-saharienne a même été transformée en une sorte de ventre mou, refuge de prédilection pour les terroristes qui s’y replient une fois leurs crimes perpétrés. Seulement, pouvait-il en être autrement de ce vaste no man’s land ? Les pays qui se le partagent, notamment le Niger (1 267 000 km2), le Mali (1 241 238 km2) et la Mauritanie (1 030 700 km2) sont trop grands et trop indigents pour lutter efficacement contre la Nébuleuse qui se délecte justement de l’immensité de leur territoire.

L’Algérie semble donc la mieux nantie pour venir à bout de ce phénomène qui, rappelons-le, a vu le jour sur ses terres, avec le changement de nom de l’organisation islamique armée algérienne, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) devenu l’AQMI. Cependant, tant qu’il y aura pas d’entente entre les principaux intéressés, la lutte contre le terrorisme sera vouée à l’échec. Et ce n’est non plus en s’étripant dans la salle qui abrite la rencontre de l’UA que le problème sera résolu.

Aussi, peut-on se rallier à l’idée de l’inénarrable président sénégalais, Abdoulaye Wade, d’organiser un sommet sur la Nébuleuse regroupant les Etats concernés et les grandes puissances dont les ressortissants sont les plus visés par les prises d’otages de l’organisation terroriste. Cette rencontre permettrait surtout d’aplanir les divergences et de conjuguer les efforts afin d’obtenir des résultats probants dans la lutte contre le phénomène. Même les nations les plus puissantes ne sont pas épargnées par le terrorisme dont elles ont du mal à se départir ; alors plus que jamais, un front commun est nécessaire pour vaincre l’AQMI. Ne dit-on pas que l’union fait la force ?

Par Hyacinthe Sanou

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