dimanche 28 février 2010

Le Mali s’isole

Les Echos du 24 fevrier 2010

RAPPORTS DE VOISINAGE
Le Mali s’isole

De plus en plus, notre pays, du fait de l’incapacité de certains de voir au-delà de perspectives personnelles, s’isole et se coupe de la région. Une pente dangereuse.
Du jamais vu ! La Mauritanie rappelle "pour consultations" son ambassadeur et nous accuse de violer les accords entre nous. Dans le cadre de la gestion des otages et de cette question des islamistes d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), nous aurons bu le calice jusqu’à la lie.
Il est vrai que, depuis quelques années, tout se gère de façon intéressée, sous le manteau, sans débat, sans recul. L’inconvénient est que cela fini par se retourner contre nous puisque pour tous les voisins, NOUS SOMMES DEVENUS LE "MAILLON FAIBLE", celui sur qui personne ne peut compter, aussi bien pour jouer les bons offices ou juste pour respecter les règles de bon voisinage.
Le Mali, c’est connu, s’est fait le chantre de l’intégration. En dehors d’une guerre idéologique et frontalière avec le Burkina, nous n’avons eu que des rapports privilégiés avec les voisins. En tout cas, jusqu’ici, car, c’est la première fois que nos atermoiements finissent par agacer les voisins à ce point.
Pourquoi n’avoir pas instauré un débat national sur les otages ? Arrêtés avec des armes de guerre sur notre territoire, réclamés par une association reconnue terroriste, ces prisonniers devaient-ils passer à la correctionnelle comme des voleurs de poules ? Pis, on appelle un canard qui est briefé, pour mieux orienter les commentaires alors que c’est prouvé : aucun plumitif n’était présent dans la salle d’audience prise d’assaut par la sécurité.
La Côte d’Ivoire nous adresse à peine la parole. L’Algérie constitue notre pire cauchemar aujourd’hui, et la presse de ce pays, du jamais vu, se déchaîne quotidiennement sur nous. Blaise Compaoré ne manifeste pas une grande estime à notre égard, et nous sommes absents ou exclu de tous les débats sous-régionaux portant sur la paix, la sécurité ou les grandes questions du genre.
Mais, que gagnons-nous en faisant le jeu de la France ? Que gagne la France en obligeant le Mali à libérer des terroristes ? Cette situation ne va-t-elle pas encourager tous les preneurs d’otages et autres terroristes, s’ils savent qu’ils pourraient toujours se faire payer ou libérer, rien qu’en capturant un Blanc dans une République bananière ?

Alexis Kalambry

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