vendredi 8 janvier 2010

L’échec de la décentralisation administrative au Niger : le fédéralisme, une alternative viable



Idées & Opinions
Vendredi, 08 Janvier 2010 08:30
Au Niger, le mode de gouvernement actuel est l’état unitaire où tous les pouvoirs sont centralisés et concentrés entre les mains d’une minorité de dirigeants. Le Niger est un vaste pays de 1.267.000 Kilomètres carrés, environ 13 millions d’habitants et 8 régions dirigées par un groupe d’hommes et de femmes nommés par des décrets et des arrêtés. Dans une moindre mesure, les pouvoirs sont décentralisés et déconcertés. Il existe même une régionalisation qui refuse d’être effective. Une partie du pouvoir centralisé est parfois attribué aux régions par le principe de dévolution. Ces pouvoirs sont parfois de nom car ils ne sont pas prescrits dans notre loi fondamentale, à savoir la constitution de notre pays.

Depuis des décennies, le Niger a été géré par ce mode de gouvernance qui n’encourage pas l’autonomisation des populations, leur esprit de leadership et d’autopromotion. Toutes les initiatives locales et régionales sont inhibées et les populations sont soumises à une dépendance chronique. Souvent, tout développement économique, social, culturel et politique est conçu, pensé et dicté du niveau central. L’organisation communautaire, communale, départementale et régionale se fait de haut en bas. Ce schéma politique semble être dépassé pour les raisons suivantes :
1) Participation : L’homme a atteint un niveau de développement élevé dans tous les domaines. Le domaine de la politique n’échappe pas à cette évolution des choses. L’homme a besoin d’être associé et impliqué dans la gestion de la cité

2) Autonomie : les populations, à tous les niveaux ont besoin d’une ‘souveraineté’. Les régions ou groupes de régions représentent des entités spécifiques dans plusieurs domaines. Elles ont besoin d’une auto-determination et une autogestion.

3) Séparation des pouvoirs : les populations aux différents niveaux de la pyramide de l’administration ont besoin d’une séparation des pouvoirs.

A l’inverse de ce schéma politique où prévaut le dogmatisme de l’unicité de l’état, existe le fédéralisme. Présentement plus de 25 états fédéraux dans le monde avec une population qui représente environ 40% de la population mondiale. Il faut citer par exemples le Nigeria, les Etats-Unis d’Amérique, le Canada, le Mexique, l’Inde, la Belgique, la Suisse, l’Allemagne, etc. Dans ces états federes, les états federes co-habitent dans une parfaite symbiose. L’unicité de l’état federe est garantie. Les compétences régaliennes, à savoir les Affaires Etrangères, la Monnaie et l’Economie et la défense sont du domaine de l’état fédéral. Les autres compétences sont du domaine des états fédérés.

Sans être un disciple des philosophes et politologues du fédéralisme suivants, Hamilton, Althusius, Montesquieu, Kant, Tocqueville, Proudhon, Maurras et Joseph Paul-Boncour, l’on peut aisément percevoir les avantages du fédéralisme. Cet article a pour but de relancer le débat sur le fédéralisme de manière très ouverte, non déguisée et responsable. Notre schéma politique calqué sur celui de la France est une aberration. Il faut le repenser. Les facteurs intérieurs et extérieurs favorables existent. Une révision constitutionnelle dans ce sens sera la bienvenue car même la France a essayé en 1792-1793 une sorte de fédéralisme en creants plusieurs états égaux en droit pour contre-carrer le pouvoir de la capitale Française (i.e., Paris). La France semble être le seul grand état de l’Union Européenne qui garde un système étatique unitaire. En dépit de cette résistance à l’esprit fédéral, en 2008, une révision de la constitution a vu le jour pour inciter à une plus grande décentralisation. Il y a quelques années, un parti politique a eu le mérite de proposer ce schéma politique aux Nigériens mais il n’a pas eu l’attention nécessaire.

Cette introduction d’un profane sur le fédéralisme a pour but de déclencher un débat inévitable au Niger et en Afrique. Le fédéralisme est un moyen de prévention des conflits. Il faut être pro-actif dans ce domaine. La rébellion du Nord et le Tazartché ne sont- ils pas des indices d’une revendication cachée du fédéralisme? Sans être futuriste, il semble que le Niger de demain sera un Niger ou nous aurons 8 régions autonomes et un état fédéral appelé la République Fédérale du Niger.

Saidou Hangadoumbo, MD, MPH, PhD hsaidou@hotmail.com Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.
08 janvier 2010
Publie le 08 janvier 2010
Source : http://hsaidou.over-blog.com

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