jeudi 29 octobre 2009

L’Offensive diplomatique des autorités de Niamey : le contre-la-montre de Tandja Mamadou


A. Aguelasse-La Hache-28-10-09

jeudi 29 octobre 2009


La mission conduite par le Premier Ministre, Ali Badjo Gamatié, devrait, en principe, rentrer ce mercredi. Nous savons d’ores et déjà qu’elle a rencontré plusieurs Chefs de l’Etat de la sous région. La délégation envoyée par le Chef de l’Etat a quitté Niamey le lundi 26 octobre 2009 pour un périple de trois jours qui devait la conduire dans tous les pays de l’espace UEMOA. Ali Badjo Gamatié était accompagné par d’imminentes personnalités au rang desquelles nous pouvons citer le président du MNSD - Nassara, le parti majoritaire au pouvoir, Elhadj Seïni Oumarou, Sanoussi Tambari Jackou, président du PNA Al’Ouma et les présidents des institutions républicaines.

Le Premier Ministre a tenu aussi à donner un plus grand impact médiatique à la mission en se faisant accompagner par une forte équipe de télévisions et de journaux privés. Pendant trois jours la délégation sillonnera le Mali, la Guinée Bissau, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Togo et le Bénin. Il est prévu des rencontres avec les Chefs d’Etat de ces pays pour rectifier certains préjugés colportés à tort sur le Niger. Il s’agissait pour les autorités de Niamey de rétablir dans leur contexte les faits ayant conduit à la décision de la CEDEAO de prendre des sanctions à l’encontre de notre pays.

En effet, lors de son dernier sommet tenu à Abuja, le 17 octobre 2009, le regroupement sousrégional a pris des sanctions contre le Niger. Deux sanctions ont été retenues : celle de ne pas soutenir les candidatures nigériennes pour des postes internationaux et celle de ne pas tenir de sommet au Niger. Les autorités nigériennes ont cru déceler, à travers ce comportement de l’institution sous-régionale, une profonde manipulation des leaders de l’opposition présents à Abuja au moment du sommet. En effet, il n’est un secret pour personne que Mohamadou Issoufou, président du PNDS - Tarraya, Mahamane Ousmane, président du CDS - Rahama et Hama Amadou, président du MODEN Lumana étaient très actifs dans la capitale nigériane. Ils auraient donc usé de leur influence sur les différents lobbies pour amener la conférence à adopter un ton plus ferme à l’endroit du Niger. Et, vraisemblablement, l’absence des autorités nigériennes au sommet a contribué à leur faciliter la tâche. Dans son communiqué final, la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement avait estimé que la tenue du Référendum du 4 août 2009 et les circonstances de son organisation " s’inscrivaient à l’encontre de l’esprit et la lettre de la Constitution du pays et une violation flagrante du Protocole Additionnel de la CEDEAO sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance ". Elle avait invité, par conséquent, les autorités du Niger à s’abstenir de commettre d’autres actes qui pourraient approfondir les divisions dans le pays et exacerber l’atmosphère politique. En clair, elle invitait les autorités de Niamey à surseoir l’organisation des élections législatives du 20 octobre 2009. Elle avait, pour la circonstance, dépêchée une mission de haut niveau, composée de son Excellence Ellen Johnson-Sirleaf, Présidente de la République du Libéria, son Excellence le Général Abdulsalami A. Abubakar, ancien Chef d’Etat de la République fédérale du Nigéria et le Président de la Commission de la CEDEAO pour rencontrer le Président Tandja, le dimanche 18 octobre 2009, afin de lui délivrer le message du Sommet visant à faciliter la restauration du dialogue entre les différents acteurs. La mission devait aussi prévenir les autorités de Niamey que le non respect des décisions de la Conférence aboutirait à l’imposition automatique et immédiate de toutes les sanctions prévues par l’article 45 du Protocole Additionnel sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance et au transfert du dossier Nigérien à l’Union Africaine en vue d’une action similaire. L’article cité en référence prévoit, outre les deux sanctions déjà infligées au Niger, d’autres moyens de coercition comme la suspension dans toutes les Instances de la CEDEAO et le paiement des cotisations pendant cette période. Et comme tout le monde le sait, les autorités nigériennes avaient passé outre ces recommandations de la Conférence des chefs d’états et de gouvernement de la CEDEAO et avaient organisé les élections législatives le 20 octobre denier. Les résultats provisoires globaux avaient d’ailleurs été proclamés par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) le dimanche 25 octobre dernier. Les nigériens estiment dans leur écrasante majorité qu’on ne peut pas demander à un Etat souverain de surseoir des élections à la veille de leur organisation.

C’est donc, depuis quelques jours, une volée de bois vert à l’endroit de la CEDEAO et des ses dirigeants mais aussi à l’endroit des leaders de l’opposition présents à Abuja. La plupart des acteurs de la société civile avaient vigoureusement réagi contre cette démarche de certains nigériens qui appellent et incitent des sanctions contre leur propre pays. Les déclarations contre la CEDEAO se succèdent les unes après les autres. En attendant la réunion du 30 octobre prochain autour du médiateur de la CEDEAO pour le Niger, le Général Abdulsalami A. Abubakar, les autorités nigériennes ont décidé de mener une offensive tout azimut pour contrecarrer le travail de sape engagé par l’opposition à l’endroit des intérêts du Niger. Elles pèseront de tout leur poids auprès des chefs d’Etat francophones influents de la sous-région, notamment le sénégalais Wade, le Burkinabé Campaoré et le malien A.T.Touré pour influer sur la décision de la CEDEAO. Des avocats qui pèseront de tout leur poids, si le Premier Ministre et sa délégation arrivent à convaincre, pour amoindrir ou éloigner les menaces de sanctions contre le Niger. C’est donc un contre-la-montre qui est engagé pour Tandja Mamadou avant la réunion du Conseil de Paix et de Sécurité du 29 octobre et le déroulement des premiers rounds de négociations avec l’opposition (CFDR) prévues pour se tenir à Abuja, le 30 octobre prochain, autour du médiateur de la CEDEAO, le Général Abdulsalami A. Abubakar.

A. Aguelasse

Source : La Hache

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