lundi 27 avril 2009

Niger : Hama Plus sauvé par la maladie


Niger : Hama Plus sauvé par la maladie
par JA08, le 27 Avril 2009 à 13:45

Dix mois après avoir séjourné dans la haute prison de sécurité de Koutoukalé, l’ex-Premier ministre nigérien a recouvré la liberté le 23 avril 2009 « pour raison de santé », a dit avec insistance la Haute Cour de justice présidée par Moumouni Djermakoye Adamou. Rappel des faits pour ceux qui n’en auraient pas eu connaissance :


u commencement, Hama Amadou a été accusé d’avoir dissipé 100 millions de francs qui devaient servir d’appui à la presse privée. Même après avoir brandi les preuves que cet argent a bien été utilisé, et n’est donc pas allé dans sa poche, l’intéressé a été inculpé et emprisonné. Mais finalement la justice ne retiendra que 39 millions qu’il doit à l’Etat.

Reclus à Koutoukalé dont, ironie du sort, lui-même avait ordonné la construction, l’illustre prisonnier souffrait depuis quelque temps d’hypotension et d’hypoglycémie qui nécessitent des soins urgents. De sa geôle, les autorités ont voulu d’abord l’envoyer au Maroc pour recevoir les soins. Refus catégorique de l’ancien directeur de cabinet du président Seyni Kountché qui préfère l’hôpital américain de Neuilly en France où il a l’habitude de faire son check-up.

Le feuilleton politico-judiciaire qui vient de connaître une issue provisoire appelle quelques lectures concernant la vie nationale de ce pays. D’abord quoi qu’on dise, même la démocratie nigérienne est une réalité. Des députés de la majorité, notamment du Mouvement national pour la société de développement (MNSD-Nassara), qui votent des motions de défiance contre le Premier ministre, refusent de suivre le chef de l’Etat dans sa volonté de s’accorder un troisième mandat, une Assemblée où le débat intramajoritaire fait penser à ceux entre opposition et mouvance présidentielle... on n’est pas dans un pays européen mais bien au Niger.

C’est pourquoi, quand Hama Amadou a commencé à avoir ses ennuis judiciaires, d’aucuns ont certes loué le fait que cela prouve que nul n’est au-dessus de la loi dans ce pays. Mais la célérité de l’enrôlement du dossier ainsi que la suite qui en a découlé laissaient échapper un parfum de règlement de comptes politiques. Hama Plus n’est pas n’importe qui : véritable animal politique, il est électoralement assis au Niger et ce n’est pas l’actuel chef de l’Etat qui dira le contraire, puisqu’il doit son fauteuil en partie à Hama Plus. Mais, c’est connu, et Machiavel l’avait théorisé, « si tu es fait que quelqu’un soit roi... ». L’ancien chef du gouvernement a-t-il des remords pour avoir favorisé l’accession au pouvoir de celui qui fut aide de camp de Kountché ?

Depuis ce 24 avril 2009, Hama Amadou doit remercier non seulement la Haute Cour de justice mais aussi et surtout la maladie, car « l’attitude bienveillante de la justice » à son égard s’explique par le fait qu’il est souffrant. Du reste, si Mes Yawo Agboyibor, Issif Baddhio et d’autres avocats ont bâti leur plaidoirie sur le fait que leur client n’a rien à se reprocher, ils n’ont pu influer sur les attendus du jugement qu’en tablant sur sa santé, défaillante. Voilà donc celui qui fait figure d’adversaire de Tandja sauvé par la maladie.

Devant resté aphone ou plutôt dans une posture ou ne doivent poindre ni « provocation ni arrogance » et « être disponible à tout moment pour répondre devant la Haute Cour de la question de fond », Hama Amadou est véritablement à un tournant capital de sa carrière politique.

Crédité également de moyens financiers conséquents, l’homme est un potentiel remplaçant de Tandja si les élections se déroulent à la loyale. Et pour beaucoup, sauf accident et malgré l’épée de la justice qui pend sur sa tête, il va briguer l’unique poste qu’on l’accuse de lorgner et qui lui aura valu toutes ces avanies politiques et judiciaires, mais pour lequel il a toutes les chances. A moins que Tandja n’use de tous les moyens pour s’accorder la rallonge de 3 ans dont il a besoin pour terminer ses grands chantiers.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana/ L’Observateur

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