samedi 16 juin 2012


Les rebelles touaregs entament les pourparlers au Mali

2012-06-15
Les analystes se disent optimistes quant à la possibilité de voir le dialogue avec les rebelles touaregs déboucher sur une solution à la crise du Mali sans autre bain de sang.
Par Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott – 15/06/12
[Jemal Oumar] Les séparatistes touaregs du MNLA ont rencontré le médiateur de la CEDEAO le 9 juin.
[Jemal Oumar] Les séparatistes touaregs du MNLA ont rencontré le médiateur de la CEDEAO le 9 juin.
Les rebelles touaregs du nord du Mali ont entamé la semaine dernière pour la première fois les négociations avec les médiateurs régionaux, affichant leur volonté d'entamer un dialogue avec la communauté internationale.
Une délégation du Mouvement national pour la libération de l'Azaouad (MNLA) conduite par Ibrahim Ag Mohamed Assaleh a rencontré le Président burkinabé et médiateur de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) Blaise Compaoré, samedi 9 juin, pour la première fois à Ouagadougou.
Mais le responsable du bureau de presse du MNLA Bakai Ag Hamad Ahmed a déclaré lors d'un entretien téléphonique avec Magharebia que "le monde doit comprendre que notre volonté d'entamer un dialogue ne signifie en aucune manière revenir sur l'indépendance de l'Etat de l'Azaouad, ni même l'acceptation d'un régime autonome ou fédéral. Plutôt, il s'agit d'éviter d'entrer en conflit avec l'organisation internationale et de lutter contre certains pays de la région favorables à une solution militaire rapide, comme le Niger, par exemple."
"Nous avons fait part de notre vision de ces négociations dans la lettre que notre président a envoyée avec la délégation au Président du Burkina Faso, et parmi les points les plus importants en discussion se trouve notre volonté de respecter les frontières de l'Etat malien, parce que notre volonté n'est pas expansionniste, et nous ne souhaitons pas aller au-delà des frontières de notre région", a expliqué ce responsable du MNLA.
"Nous voulons rassurer le monde sur le fait que nous lutterons contre tous les groupes armés dans notre région, et aiderons à mettre en place la sécurité et la stabilité au Sahel", a ajouté Ag Hamad Ahmed.
Toutefois, ce responsable des rebelles a averti que "si le monde décide de restaurer ce qu'il appelle l'unité du territoire malien, nous nous engagerons dans une confrontation armée pour défendre notre indépendance".
Pour sa part, le Président burkinabé a fait part de sa satisfaction au vu de cette initiative, qui vient compléter l'envoi préalable d'un émissaire dans cet Etat du nord du Mali pour instaurer un dialogue avec les groupes touaregs dissidents.
"Cette initiative ouvrira la voie, fixera les conditions et déterminera les mécanismes par lesquels le dialogue s'amorcera, avec la participation des acteurs les plus importants de la région, notamment l'Algérie et la Mauritanie, dans le but de parvenir à une solution durable à la crise", a ajouté Compaoré.
Le journaliste Makan Koné, président de la Maison de la presse au Mali et directeur du journalNouvelle Libération, a expliqué à Magharebia que "les négociations ne peuvent être considérées comme un échec par suite du refus des Touaregs de renoncer à l'indépendance".
"Mais nous devons être conscients qu'il est impossible de maintenir la situation en l'état, parce que le monde ne se contentera plus d'observer la division de l'Etat malien", a-t-il poursuivi.
"Où est l'Etat de l'Azaouad et quelles sont les conditions adaptées à sa création ?", s'est-il interrogé. "Le MNLA n'avance sur rien."
Le professeur d'université Abu Bakr al-Sedik Ag Hami a expliqué à Magharebia qu'il estime que "le MNLA fait monter les enchères sur ses revendications pour obtenir en fin de compte un régime de type fédéral, précisément ce que souhaite la CEDEAO".
"Les Touaregs ne pourront refuser ce que la CEDEAO propose, dans la mesure où ils ont fait part de leur volonté à négocier", a-t-il expliqué.
"Si ces négociations aboutissent, cela signifiera entrer en guerre, et les Touaregs seront alors en mesure d'occuper une partie plus importante du territoire malien, et ce dernier se retrouvera alors sur la défensive et sera contraint d'accepter l'indépendance", a-t-il conclu.
Ce contenu a été réalisé sous requête de Magharebia.com.

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