Crise du nord du Mali : l’Union africaine et la France s’en mêlent
EL WATAN
mardi 14 février 2012
L’Union africaine a décidé de ne pas rester les bras croisés face à l’aggravation de la crise du nord du Mali qui connaît depuis le mois de janvier dernier une résurgence de la rébellion touareg.
Le Burkina Faso, pays qui a accueilli depuis le début du conflit près de 10 000 réfugiés touareg, a annoncé que l’organisation panafricaine était en train de préparer des « initiatives ». L’annonce a été faite en marge d’une rencontre entre le président burkinabé, Blaise Compaoré, et un émissaire du président de l’UA, le Béninois Thomas Boni Yayi. « Un message du président béninois, nouveau patron de l’UA, a été transmis à M. Compaoré samedi par le ministre béninois des Affaires étrangères, Nassirou Bako-Arifari », a indiqué la présidence burkinabé dans un communiqué.
M. Bako-Arifari a, selon la même source, « fait savoir que la question de la rébellion touareg au Mali a été abordée » avec le président Compaoré. Cette « concertation », précise-t-on encore, fait suite à une mission envoyée par le président Boni Yayi auprès du chef de l’Etat malien, Amadou Toumani Touré, pour « envisager des actions à mener ». « D’autres concertations sont en cours et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA est en train de prendre des initiatives », a ajouté la présidence du Burkina, sans plus de précision. Cette initiative africaine, précise-t-on, intervient une semaine après la médiation menée entre Bamako et les rebelles touareg par le gouvernement algérien.
A l’instar de l’Union africaine, la crise malienne semble également inquiéter la France qui a dénoncé hier des « exécutions sommaires » perpétrées lors de l’offensive des rebelles touareg dans le nord du Mali depuis la mi-janvier. Paris affirme, à ce propos, que 82 soldats ont été égorgés ou abattus fin janvier dans la ville d’Aguelhok. Néanmoins, le Quai d’Orsay n’accuse pas directement les rebelles touareg, préférant laisser planer le doute sur l’identité des auteurs. La prudence des autorités françaises pourrait s’expliquer sans doute par le fait qu’Al Qaîda au Maghreb islamique active sur le même terrain que celui sur lequel opèrent les Touareg et que la méthode utilisée pour les exécutions s’apparente à celle utilisée par AQMI.
Bamako, le MNLA et les mercenaires ukrainiens
Le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt, a précisé sur Radio France internationale (RFI) que les exactions ont été perpétrées le 24 janvier, soit le jour où, selon Bamako, la rébellion touareg et des membres d’AQMI ont attaqué la ville d’Aguelhok. Le gouvernement malien avait alors clairement accusé des membres d’AQMI et des rebelles touareg d’avoir attaqué ensemble Aguelhok, le 24 janvier. C’était d’ailleurs la première fois qu’il était officiellement fait état d’une connexion entre AQMI et le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Paris, qui connaît bien la région, avait toutefois indiqué n’avoir « aucune indication » sur des liens entre AQMI et les Touareg.
Aguelhok, située à 150 km au nord-est de Kidal dans les montagnes de l’Adrar des Iforhas, a été le théâtre de violents combats qui « ont forcé environ 4000 personnes à fuir et à s’installer dans les villages environnants, la plupart dans des conditions très précaires », selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Les affrontements ont poussé des dizaines de milliers d’habitants à fuir ces zones de combat. Selon toujours le CICR, il y a 30 000 déplacés internes au Mali et plusieurs dizaines de milliers de personnes qui se sont réfugiées dans les pays voisins, tels que l’Algérie, le Niger, la Mauritanie et le Burkina Faso.
Rejetant dans la globalité et le détail les accusations de Bamako, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) a, pour sa part, porté à la connaissance « du peuple de l’Azawad et de l’opinion internationale », que le gouvernement malien (…) se livre à la « pratique du génocide » dans le nord du Mali. « A travers l’usage des hélicoptères de combat, pilotés par des mercenaires ukrainiens, le gouvernement malien a décidé de ne rien épargner, les campements nomades et leurs cheptels », a dénoncé au début de la semaine le MNLA dans un communiqué publié sur son site internet.
Le MNLA précise, en outre, que l’armée malienne s’est octroyée les services de mercenaires ukrainiens, pour la réparation et le pilotage de ses avions de combat, basés à Gao, ajoutant que « le Mali viole ainsi certains traités internationaux, par l’usage d’avions de guerre contre des populations civiles et le recrutement de mercenaires étrangers ».
Zine Cherfaoui
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