vendredi 15 janvier 2010

Hama Ag Sid Ahmed. Porte-parole des Touareg du nord du Mali


El Watan - 14/01/10
Hama Ag Sid Ahmed. Porte-parole des Touareg du nord du Mali
« En une année, l’effectif du GSPC est passé de 250 à près d’un millier d’hommes armés »

jeudi 14 janvier 2010

Hama Ag Sid Ahmed. Porte-parole des Touareg du nord du Mali « En une année, l’effectif du GSPC est passé de 250 à près d’un millier d’hommes armés » Après cinq jours d’une rencontre qui a permis d’aplanir les divergences, le porte-parole de l’Alliance démocratique du 23 mai pour le changement (ADC), mouvement des Touareg du nord du Mali, Hama Ag Sid Ahmed, accepte de faire le bilan. Dans l’entretien qu’il nous accorde, il dresse un constat alarmant de la situation dans la région de Kidal où, selon lui, le GSPC a renforcé ses rangs, dont l’effectif est passé en une année de 250 à plus de 800 terroristes.

Deux ans et demi après la signature de l’accord d’Alger, mettant fin à la rébellion au nord du Mali, tout semble remis en cause. Pourquoi selon vous ?

D’abord, il y a ce grand écart qui sépare les représentants du mouvement des Touareg à l’Etat malien parce que la population avait cru au retour de la paix qui, pour elle, veut dire développement à travers la construction de centres de santé, d’écoles, de puits, de routes, enfin d’infrastructures qui correspondent à son environnement. Mais, depuis une année, elle constate que c’est l’inverse qui se passe. La situation ne fait que se détériorer et les responsables qui font les déplacements entre Kidal et Bamako n’ont jamais apporté de réponse concrète. Cette absence de l’Etat malien sur le terrain pourrait-elle s’expliquer par le manque de moyens ou de volonté ? Le problème n’est pas lié au manque de moyens mais à celui d’absence de volonté. Lorsque le pacte national a été signé, il a été suivi par de nombreux actes sur le terrain, ce qui n’est pas le cas pour l’accord d’Alger. A ce jour, rien n’a été réalisé. Il est facile de trouver les moyens. Les partenaires du Mali sont disponibles à débloquer les fonds nécessaires, mais une fois qu’ils constateront qu’il y a une volonté de la part de l’Etat à mettre en place des structures à même de prendre en charge les besoins de la population exprimés dans le cadre de l’accord d’Alger. Cependant, ces partenaires se méfient. En dépit des sommes colossales qu’ils ont avancé pour le développement du Nord, la région reste déshéritée. Ils ont du mal à comprendre où leur argent a été dépensé. Aujourd’hui, il faut recréer la confiance, non seulement avec les partenaires mais aussi avec les co-signataires de l’accord. La commission de développement prévue dans ce cadre, est en panne, ce qui fait qu’aucun projet n’a été exécuté. Plus grave, c’est tout l’accord qui est en panne, avec pour conséquence, l’élargissement du fossé qui sépare la population touareg du pouvoir central. Le sentiment d’abandon et de frustration s’est généralisé, notamment chez les jeunes…

Vous voulez dire qu’il y a une volonté délibérée de pousser ces jeunes vers la drogue, la contrebande ou le terrorisme ?

L’espoir nourri par le soulèvement de milliers de jeunes pour une vie meilleure s’est vite dissipé dès que les armes se sont tues et l’accord signé. Je ne sais pas s’il s’agit d’une fuite en avant ou d’une remise en cause des engagements. En fait, nous ne savons pas si c’est le président malien qui ne veut pas résoudre la crise au Nord, ou c’est son entourage qui l’informe mal sur la situation. Pour nous, il est clair qu’il y a une volonté préméditée de pousser ces jeunes vers la drogue, la contrebande ou le terrorisme. L’accord a été signé en 2006 et depuis, rien de sérieux n’a été fait sur le terrain pour permettre de dire qu’il y a une volonté d’agir de l’autre côté. Qu’a-t-on laissé, ou donné à cette jeunesse ? On a créé une situation pour les amener à détruire leur propre région ou à rejoindre l’AQMI (Al Qaîda pour le Maghreb islamique). J’avais dit aux jeunes combattants sur le terrain : « Faites attention, la politique de certains c’est de vous détruire. Vous avez un objectif, qui est l’accord d’Alger, il faut rester lucide pour continuer à le réclamer haut et fort, car il y va de votre dignité. Il ne faut pas vous embarquer dans ce qui a été créé pour vous détruire. »

Comment la population fait-elle face à cette situation chaotique, marquée par la sécheresse et le terrorisme d’un côté, et de l’autre le déni d’existence ?

C’est une région qui a traversé des moments douloureux. Elle a connu la sécheresse de 1973 à1974, ensuite celle de 1984 à 1985 et le soulèvement de 1990. Tous les gouvernements qui se sont succédé, depuis Modibo Keita jusqu’au général Moussa Traoré, ont utilisé des armes politiques pour détruire la communauté touarègue. La détruire physiquement en maintenant le black-out sur l’information. Lorsque l’Etat n’a pas les moyens de faire face aux éleveurs qui perdent leur cheptel, ne trouvent pas de quoi nourrir leur famille, ni de quoi étancher leur soif, et encore moins de soigner les malades, notamment parmi les enfants, les femmes et les personnes âgées, touchés par des épidémies, il fait appel à l’aide de la communauté internationale. Cela n’a jamais été le cas. Des milliers de personnes sont mortes durant ces dures épreuves dans l’anonymat le plus absolu. Les gouvernements ont de tout temps coupé cette région du monde.

Aujourd’hui, l’Etat dont la présence doit se refléter par des investissements en matière d’infrastructures de base, par une écoute de sa population, une prise en charge de ses préoccupations, est totalement absent. Tout a été fait pour creuser un fossé de plus en plus large entre lui et la population. Ce qui explique ce sentiment de rejet de tout ce qui incarne l’Etat, nourri par les touareg. Nous voulons attirer l’attention de la communauté internationale sur cette crise humanitaire engendrée par la sécheresse et casser le black-out qui étouffe notre région. L’accord d’Alger a pris en compte tous ces points et aurait pu réduire sensiblement la distance qui sépare Kidal de Bamako et faire naître chez les touareg, le sentiment d’être des citoyens à part entière. Cet accord a prévu une commission de sécurité, qui aurait pu ramener la stabilité dans la région et de ce fait attirer les investissements à Kidal. Malheureusement, cela n’a pas été le cas parce que l’Etat a failli à ses engagements. Ce vide a permis l’installation progressive des groupes terroristes qui, aujourd’hui, représentent près d’un millier d’hommes puissamment armés…

Ce qui veut dire qu’ils ont triplé leurs effectifs en l’espace de deux ans ?

Je dis bien près d’un millier d’hommes. Ils sont près de huit cents éléments. Ce qui n’était pas le cas, il y a un an où la situation était très différente. D’où viennent-ils ? Où ont-ils été recrutés ? Comment sont-ils arrivés dans cette région ? Ce sont des préoccupations majeures qui vont déstabiliser la région si rien n’est fait pour arrêter cette déferlante…

Ne pensez-vous pas que ce sentiment d’abandon et de désespoir puisse pousser certains jeunes de la région à prendre les armes ?

Il y a plusieurs formes d’armes ou de lutte. Pour l’instant, la lutte est concentrée sur la mise en application de ce cadre légal, qui est l’accord d’Alger, et qui reste bloqué par l’Etat malien. En fait, l’Algérie qui est co-signataire, doit assumer ses responsabilités, parce que c’est elle qui nous a poussé à venir à la table des négociations et à accepter le dépôt des armes. Si ce n’était pas l’Algérie, il n’y aurait pas d’accord et le soulèvement serait toujours en cours. De ce fait, il faut qu’elle fasse pression sur l’Etat malien afin qu’il honore ses engagements. Elle a tous les moyens nécessaires pour aboutir à la concrétisation de l’accord. C’est cette opportunité légale qui va nous ramener la paix sans recourir aux armes. Aucun pays ne souhaiterait que cette région soit encore une fois déstabilisée, et encore plus l’Algérie, parce qu’il s’agit d’assurer la sécurité à sa frontière. La panne de l’accord n’est pas dû à l’absence d’interlocuteurs, puisque nous avons exprimé notre volonté à ouvrir le dialogue, mais plutôt à une défaillance délibérée de l’Etat malien.

Certains médias maliens affirment que l’Alliance n’est représentative ni dans la région de Kidal ni des Touareg du Nord. Qu’avez-vous à répondre ?

Ce n’est pas nouveau pour nous. D’abord, il faut savoir que dans tous les mouvements de soulèvement, c’est toujours un petit noyau de 5 à 10 éléments qui commence la lutte dans la clandestinité. Ensuite, il y a des contacts avec un autre groupe composé de personnes de confiance et c’est ainsi que le mouvement se forme, avec comme base commune la volonté de lutter pour un changement. Les acquis de ce soulèvement vont profiter à toute la population mais jamais à ceux qui l’ont provoqué et conduit. Même ceux parmi les touareg du Nord qui ne sont pas d’accord avec la rébellion, savent au fond que la cause défendue est juste. Ceux qui ont pris part aux travaux de la conférence, sont ceux-là mêmes qui ont négocié et signé l’accord d’Alger avec l’Etat malien, donc ils ne peuvent pas être du jour au lendemain non représentatifs.

Qu’apporte cette conférence à la région de Kidal ? Est-ce uniquement une tribune pour aplanir les divergences au sein de l’Alliance ou le début de la fin de cette formation née dans la douleur du soulèvement populaire ?

Si on revient un peu en arrière, durant les deux ans qui ont suivi l’accord de juillet 2006, il y a eu un temps mort où rien ne s’est passé. A Bamako, on pensait régler le problème de l’intérieur et d’autres y ont cru. Ils avaient accepté de revenir en espérant mieux avancer. Mais l’Etat a tourné le dos à tout le monde. Je pense sincèrement que la conférence d’Alger est une grande réussite. Nous avons pu réactiver les autorités algériennes pour qu’elles s’impliquent et ramener le Mali à revenir à l’accord d’Alger…

Est-ce qu’il y a une disponibilité d’Alger pour faire en sorte que le Mali respecte ses engagements ?

Au mois de novembre dernier, nous étions venus vers l’Algérie pour la solliciter en tant que médiateur. Nous lui avions fait état de la dégradation inquiétante de la situation au Nord, région limitrophe de sa frontière sud. Nous lui avons demandé d’intervenir rapidement pour faire avancer les choses. De notre côté, il y avait une grande disponibilité de se réunir en Algérie pour mettre en avant nos difficultés. L’Algérie nous a accueillis pour tenir notre conférence dans de bonnes conditions. Les points débattus sont essentiels et constituent la préoccupation de tout le monde. Nous avons fait le bilan de l’accord d’Alger et constaté qu’il faut mettre en place des interlocuteurs habilités à discuter avec les autorités algériennes, maliennes et d’autres pays, en tenant compte ce qui se passe sur le terrain. A ce titre, un comité de crise a été mis en place et la tenue d’un congrès prévu en mars prochain à Tigharghar a été retenue.

Avez-vous senti chez le gouvernement malien une quelconque volonté de revenir au dialogue  ?

Si nous sommes là, c’est pour interpeller le gouvernement malien et lui dire que de notre côté, il y a une disponibilité pour faire le point et avancer dans l’esprit de l’accord d’Alger. Je ne vois pas pourquoi le gouvernement rejetterait un accord qu’il a lui-même signé. Si jamais il ne souhaite pas discuter ou revenir à cet accord, c’est à la facilitation de donner suite. Que veulent les autorités maliennes et où veulent-elles nous pousser ? Je pense que personne n’a intérêt à ce qu’une partie ou une autre rejette le dialogue. La région est aujourd’hui observée à la loupe et les gestes de tous sont épiés…

N’est-elle pas en train de se transformer en un nid des services de renseignement de nombreuses puissances du fait des activités terroristes ?

Je ne dirais pas que c’est un nid, mais plutôt un centre d’intérêt. Elle est observée avec une loupe à cause de la grande insécurité qui y règne. Pourquoi  ? Parce qu’il y a régulièrement des kidnappings visant uniquement les Européens. Ces derniers sont devenus un produit qu’il faut vendre pour renforcer la présence des terroristes dans la région. Alors, les gens sont étonnés de voir que ces enlèvements ne visent que les Occidentaux. Ils se posent des questions sur l’identité des auteurs, leur motivation et leurs objectifs. C’est pour cela qu’ils ont besoin d’avoir un regard, de s’impliquer et d’essayer de comprendre ce qui se passe. Viendra le jour où cette région ne nous appartiendra plus. Nous avons le sentiment que tout est fait pour arriver à cette situation.

Comment expliquer que les Touareg, connus pour leur opposition aux terroristes salafistes, puissent laisser ces derniers occuper leur territoire ?

Prenons l’exemple de la région d’Adrar des Iforas. Avant la rébellion de 1990, ce sont les notables qui prenaient en charge tous les aspects sécuritaires et de réconciliation. Ils maîtrisaient la situation. La rébellion touaregue avait aussi la maîtrise de la situation, que ce soit avant ou après la signature du pacte national. Durant cette période, il était très difficile de s’installer dans la région sans l’autorisation des Touareg. Mais ces derniers ont été retirés du terrain, privés de leur pouvoir et de leurs outils militaires. D’acteurs, ils sont devenus des observateurs. Les Touareg ont de tout temps voulu chasser les terroristes de la région, mais l’officier de l’armée les a empêchés d’agir en leur disant : « Ces affaires ne vous concernent pas. Vous êtes des citoyens, vous restez loin. Les terroristes, c’est nous qui les attrapons. Nous sommes là pour ça et si vous jouez aux gendarmes, nous allons vous arrêter. » C’est comme cela que l’armée malienne réagit à chaque fois que les Touareg tentent de poursuivre les salafistes. Les unités spéciales de sécurité prévues par l’accord d’Alger et dont feraient partie les Touareg est un outil adéquat de lutte contre le terrorisme. Une fois la population impliquée, elle sera responsable de la situation. Pour l’instant, elle ne fait que la subir, beaucoup plus que les autres…

A la veille de la conférence, vous avez annoncé la présence de Brahim Ag Bahanga, fondateur de l’Alliance et un des acteurs de la rébellion, mais il n’est pas venu. Peut-on savoir pourquoi ?

Il devait venir et y assister aux travaux. Mais des imprévus l’ont retenu. Sachez que Brahim est l’initiateur de la rencontre d’Alger. Il a pris part aux réunions de préparation tenues du 22 au 25 novembre 2009. Tout ce qui a été entrepris du début jusqu’à la fin de la conférence a été fait en concertation avec Brahim. Mais il viendra à Alger. C’est une question de temps. Ce qui est certain, c’est qu’il arrivera avant notre départ d’Alger…

Par Salima Tlemçani

Otages au Mali : pas de demande de rançon pour les deux Italiens

AFP - 13/01/2010
jeudi 14 janvier 2010

ADDIS ABEBA, (AFP) - Le chef de la diplomatie italienne a affirmé mercredi à Addis Abeba ne pas avoir reçu de demande de rançon pour les deux Italiens kidnappés en Mauritanie le 18 décembre et qui seraient détenus dans le nord du Mali par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Franco Frattini effectue depuis mardi soir une visite dans la capitale éthiopienne après s’être rendu en Mauritanie puis au Mali pour tenter d’obtenir la libération de six Européens, dont les deux Italiens, au cours d’une tournée africaine qui doit ensuite le mener au Kenya, en Ouganda, en Egypte et en Tunisie. "Nous n’avons reçu aucune demande de rançon. Nous avons activé tous les réseaux et les sources d’information possibles avec la coopération des autres pays voisins dansla région", a-t-il souligné à l’issue d’une conférence à l’Université d’Addis Abeba. "Nous devons coopérer de plus en plus, de manière à ce que le terrorisme ne puisse pas l’emporter", a ajouté le ministre italien. Six Européens dont trois Espagnols, un Français et les deux Italiens ont été enlevés en novembre et décembre en Mauritanie et au Mali. Le mois dernier, le quotidien espagnol El Mundo a affirmé qu’Aqmi réclamait sept millions de dollars (4,8 millions d’euros, ndlr) et la libération de plusieurs de ses membres détenus en Mauritanie contre la libération des trois volontaires humanitaires espagnols retenus en otages au Mali. Le ministère espagnol des Affaires étrangères, interrogé par l’AFP, s’était refusé à tout commentaire sur cette information. Sergio Cicala, retraité de 65 ans, et son épouse Philomène Kabouré, Italienne d’origine burkinabè âgée de 39 ans, se rendaient au Burkina Faso à bord d’un minibus immatriculé en Italie lorsqu’ils ont été enlevés sur une route du sud-est de la Mauritanie, selon une source de sécurité mauritanienne. M. Frattini lors de son étape en Mauritanie, a indiqué au président de ce pays Mohamed Ould Abdel Aziz, que Rome allait "reprendre la coopération dans les domaines de la formation de l’armée, de la police, de la police des frontières et des douanes" pour aider ce pays à combattre la menace d’Al-Qaïda. Le chef de la diplomatie italienne s’est également entretenu mardi à Bamako avec le président malien Amadou Toumani Touré du sort des six Européens. aar/jmm/amc/jpc

AFP 131857

Le nouvel an berbère, fête millénaire… fête clandestine


Kabyle.com - 12/01/10

Le nouvel an berbère, fête millénaire… fête clandestine
Les algériens célèbrent le nouvel an berbère aujourd’hui

mercredi 13 janvier 2010

Yennayer, une fête nationale légale ? Pas encore. Pas cette année. Si l’Algérie officielle célèbre le 1er janvier, le nouvel an (dit universel) du calendrier grégorien et aoûal mouharam du calendrier hégirien, amenzu n yennayer, fête du terroir par excellence, fête d’origine contrôlée célébrée dans toute l’Afrique du Nord depuis plus de deux millénaires, demeure frappée d’ostracisme par le pouvoir politique.

Les bonnes vieilles calendes de janvier, les rites « yennayériques », les vœux d’abondance… célébrés et honorés pourtant, en cette contrée, depuis la haute antiquité, n’ont toujours pas voix au chapitre... officiel. « C’est la marque d’un certain ostracisme de certains décideurs », reconnaît Youcef Merahi, secrétaire général du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA). Depuis 1999, souligne le chroniqueur et critique littéraire, le HCA – une institution rattachée à la présidence de la République – fête de façon officielle yennayer. « Ce que je déplore par contre, c’est la non-traduction de yennayer sur le plan légal pour qu’il soit consacré comme jour férié chômé et payé. Chaque année, nous renouvelons le même appel en direction des décideurs pour qu’ils franchissent ce cap. A mon sens, la volonté politique existe, même si elle est frileuse et j’imagine qu’il y a des résistances dans un certain sérail politique, de l’ostracisme pratiqué par certains décideurs. » Cette année, le HCA a choisi la ville de Bordj Bou Arréridj pour fêter yennayer 2960 (le calendrier amazigh version académie berbère). Dîner de yennayer (imensi) de rigueur, des expositions, des conférences et des tables rondes, un mini-salon du livre amazigh et des séances gargantuesques de dégustation des mets traditionnels. Le yennayer officiel ou semi-officiel a été fêté l’année dernière dans le pays Chenoua, à Tipaza ; l’année prochaine, ce sera dans le M’zab, à Ghardaïa. Il y a nécessité, selon M. Merahi, à invoquer le caractère national de yennayer : « Que yennayer n’est pas circonscrit à une seule région. Parce que certaines gens ont une vision réductrice de cette fête et ont tendance à le ghettoïser en Kabylie. » Toute l’Algérie fête yennayer, le jour de l’an du calendrier agraire, et au-delà toute l’Afrique du Nord, affirme Saïd Chemakh, enseignant de tamazight à l’université de Tizi Ouzou.

Fête païenne ou calendes romaines ? Tabburt u segwas (porte de l’année) ou ras el âm (nouvel an), laâdjouza (la vieille), as neferaouan (le jour de Pharaon), les noms qui lui sont associés, les rites qui lui sont rattachés divergent d’un coin à l’autre, les préparations aussi. Mais de Tlemcen à Souk Ahras, d’Alger jusqu’à l’Extrême-Sud, dans tout le Sahara, yennayer fait l’unanimité. « Si la fête nous appartient, le mot lui-même ne l’est pas. Il est romain. On le tient de Ianuarius, (janvier), onzième mois du calendrier romain dédié à Ianus (Janus), divinité romaine veillant sur les ouvertures, de l’an notamment, de la guerre », prévient l’universitaire. A ce jour, des querelles (de clochers) agitent encore la communauté scientifique. Les scientifiques n’ont toujours pas tranché les origines exactes et la façon avec laquelle cette fête antique s’est imposée en Afrique du Nord. Fête païenne, préromaine ou adaptation des calendes romaines ? La question est toujours posée. Pour le préhistorien Ali Aït Kaci, spécialiste de l’épigraphie libyque, « ce nom dérive vraisemblablement du cognomen lat. Ianuarius. L’emprunt de ce nom de mois, comme c’est le cas pour tous les autres mois de l’année, est resté dans le vocabulaire berbère sous le terme yennayer, yennar. En onomastique humaine moderne, nous le retrouvons dans Yanuri [Inouri], nom patronymique ». « La séquence anthroponymique (étude des noms de personne), YNWRN est attestée une seule fois dans une épigraphe de la Kabylie orientale », ajoute-t-il. Nombre de spécialistes relient yennayer à ses « origines » romaines. Yennayer, le jour de l’an berbère qui correspond au premier jour de janvier du calendrier julien (ce dernier est décalé de 13 jours par rapport au calendrier grégorien) ne serait-il qu’un legs romain et qu’il faut un jour rendre à César (Jules) ce qui, décidément, lui appartient ? Dans « Yennayer en Afrique du Nord : Histoire d’un mot » (article consultable sur le site Tamazgha.fr, l’historien Yidir Plantade fait remarquer que même : « il s’avère que durant plusieurs siècles d’occupation romaine, les fêtes d’Ianiarus, ancêtre de yennayer ont été célébrées en Afrique du Nord. Cependant, cela ne suffit pas pour présumer de la filiation directe de yennayer avec l’Ianiarus romain. En effet, yennayer est connu dans toute l’Afrique du Nord, y compris dans l’extrême-sud du Sahara, chez les Touareg (aujourd’hui Niger, Mali). Or, ces zones n’ont jamais fait partie de l’empire romain et l’influence latine y était faible (…) » « Le vocable yennayer s’apparente au terme latin enneyer (janvier). Il est le plus utilisé dans l’univers culturel berbère, même si le Kabyle a tendance à employer parfois "ixf u segwas" (le début de l’année) ou encore "tabburt u segwas". Les At Waziten (les berbères de Libye) préfèrent "anezwar n u segwas" (introduction de l’année). Ce mois marque les débuts du solstice d’hiver. Le soleil entame sa remontée. Les jours encore très froids se rallongent et instaurent l’espoir d’une meilleure année. Il est ritualisé d’une manière assez significative », écrit pour sa part l’animateur associatif Madjid Boumekla. Quelles que soient ses origines, yennayer demeure néanmoins une fête profondément populaire. Veille de yennayer, quartier populaire de Belouizdad. Les marchands de volailles, les vendeurs de gâteries et autres "treize » variétés de bonbons se frottent les mains (et pas seulement à cause du froid) et affichent bonne mine. Depuis 54 ans, Azzedine, fils de La Casbah, dit observer le même rituel, la nuit de yennayer. « Je me souviens, tous les enfants du quartier montaient après le dîner spécial de yennayer sur les terrasses des maisons munis de petites bourses pleines de bonbons. Celui qui réussissait à voir le ciel s’ouvrir laissait sa petite bourse de "treize" sur place jusqu’à l’année d’après. » Une foultitude de superstitions, de légendes, de contes et de rites sont associés à cet événement. Yennayer sonne par exemple le retour sur terre des morts porteurs de la force de fécondité. « Durant la fête, les femmes kabyles ne doivent pas porter de ceinture, symbole de fécondité. Celles transgressant la règle subiraient le sortilège de la stérilité. Imensi n’yennayer nécessite des préparatifs préalables. Chez les Chaouis et les Kabyles, la veille, la maison est méticuleusement nettoyée et embaumée à l’aide de diverses herbes et branches d’arbres (pin, etc.). Elle ne sera plus nettoyée durant les trois jours suivant sinon le balai de bruyère, confectionné pour la circonstance par les femmes lors de leur sortie à la rencontre du printemps (amagar n tefsut), blesserait les âmes errantes. On procède au changement des pierres du kanun (inyen n l’kanun). Tous les gestes accomplis pendant la fête se font avec générosité et abondance. Les yennayéristes estiment recevoir, par leurs actions, la bénédiction des forces invisibles circonscrivant chez le Berbère son univers de croyance », note par ailleurs M. Boumekla.

Les yennayéristes et la superstition Aussi vieux que l’histoire, yennayer est cependant toujours d’actualité. Une actualité qui fait la part belle à la « redécouverte des origines berbères », à l’ère du « patriotisme retrouvé » dans le sillage du match Algérie-Egypte à Khartoum. « Il se trouve que le pouvoir politique, dans ses professions de foi conjoncturelles, notamment dans les périodes de crise, concède une existence à l’amazighité. Uniquement dans le discours. On reconnaît l’amazighité dans le passé, dans la paléontologie en sous-entendant – car ce n’est pas dit clairement – que nous sommes des Berbères, mais que l’Islam nous a arabisés. Le triptyque amazighité, arabité et islamité, reconnu par la Constitution veut dire concrètement amazighité dans le passé, arabe comme unique langue officielle et Islam comme religion unique », dixit Arezki Aït Larbi, journaliste et militant démocrate. Qu’est-ce qui empêche le pouvoir politique de réhabiliter yennayer ? « C’est dans la nature même du pouvoir qui est uniciste, basée sur la conception fascisante : un pays, une nation, un peuple, une langue, un chef (…). L’Algérie actuelle ne prendra acte de son histoire, de sa préhistoire, de sa sociologie, de sa pluralité que le jour où yennayer sera jour férié au même titre que aoual mouharam ou le 1er janvier », conclut Arezki Aït Larbi.

Par Mohand Aziri

Journal : El Watan

jeudi 14 janvier 2010

Niger: Le président invite ses compatriotes au sacrifice


Afrique en ligne
Niger

Afrique de l'Ouest - Niger .Société - Le président du Niger, Mamadou Tandja, a invité mercredi ses compatriotes à plus de sacrifice, de courage et de détermination pour affronter de nouveaux défis, soulignant que "le combat ne fait que commencer".

Répondant aux v?ux des membres des institutions du pays, il a déclaré qu'il serait illusoire de croire que le combat pour la re-fondation de la République est gagné du seul fait de l'adoption d'une nouvelle Constitution et de la mise en place des institutions qu'elle prévoit.

«Le combat ne fait que commencer et il nous impose forcément beaucoup de sacrifices, de courage et de détermination pour affronter les nombreux défis qui nous interpellent», a-t-il dit

«Il nous impose de prendre véritablement notre destin en main, de compter sur nous-mêmes et de nous convaincre, à l'inverse de ceux qui parcourent le monde en quête de soutien, que le Niger, prospère et respecté, ne se fera que par nous-mêmes», a ajouté le président Tandja.

Selon lui, le Niger est actuellement dans la phase de parachèvement de la mise en place de ses institutions et organes avec l'installation toute prochaine des conseils municipaux.

«Avec le renouvellement subséquent du Conseil économique, social et culturel et du Haut-conseil des collectivités territoriales, ainsi que la mise en place du Sénat, du Conseil national de la jeunesse et du Conseil national de la chefferie traditionnelle, tous les piliers de la République seront définitivement fixés», a-t-il affirmé.

Le président Tandja a réaffirmé l'engagement de l'Etat à garantir à l'ensemble des agents de la fonction publique leurs droits et à veiller à l'amélioration de leurs conditions de vie et de travail.

«Qu'il soit clairement entendu que l'Etat ne tolérera plus que des agents publics gagnés par la politique politicienne, continuent de maintenir notre administration dans un état de dysfonctionnement, de nourrir des zizanies dans les services», a-t-il averti.

mercredi 13 janvier 2010

"Quand l'écriture prend le large" : salon artistique et littéraire à Thénac en Charente Maritime (samedi 16 et dimanche 17/01)



"Quand l'écriture prend le large" : salon artistique et littéraire à Thénac en Charente Maritime (samedi 16 et dimanche 17/01)
La médiathèque de Thénac organise au Chais ce 3e salon littéraire sur le thème du voyage. De nombreux supports culturels seront à la disposition du public pour le transporter le temps d'un week end dans l'évasion, la connaissance des autres, des civilisations de modes de vie des paysages, des coutumes et des croyances.

Deux passionnés sont les invités d'honneur de l'édition 2010. Pierre Schmitt, professionnel de l'image, de la scénographie et de l'architecture est également membre de la Société des Explorateurs français. Il est engagé dans la protection du désert Sahara ainsi que dans le soutien aux populations Touaregs menacées. Poète, écrivain et surtout musicien, Marc Vella voyage à la rencontre des autres à travers le monde avec son piano à queue. Journalistes, cinéastes, grands voyageurs, scientifiques, romanciers, auteurs de BD et jeunesse ... De nombreuses personnalités ainsi que des "talents de Saintonge" participeront aux débats et rencontres. Des artistes et créateurs présenteront leurs carnets de voyage, photographies, sculptures, tableaux, films.

Le public pourra également découvrir des films, assister au spectacle de contes Touareg de Moussa Ag Assarid ou bien au concert de piano par Marc Vella. Très dynamique, l'équipe de la médiathèque qui vient de fêter son 10e anniversaire a également associé des écoliers, collégiens et lycéens de la région de Saintes à cet événement littéraire. L'espace dédié à la vente de livre a été confié à "La Lettre à la bulle" de Saintes, une librairie indépendante qui bénéficie du label de la Région Poitou-Charentes.
Vendredi 15 janvier à 20h30, le réalisateur Olivier Wéber, invité du salon assistera au Gallia à la projection de son film La fièvre de l'or.
Samedi 16 de 9h30 à 19h et dimanche 17 janvier de 9h30 à 19h au Chais de Thénac au sud de Saintes. Contact : 05 46 92 68 04. Programmation détaillée à consulter les pages de la médiathèque sur le site de la ville de Thénac à l'adresse thenac.fr

Reportage sur la question Touareg demain sur RFI

Le Mali promet de tout mettre en oeuvre pour la libération des otages italiens


Mali/Italie/Enlèvements - Article publié le : mercredi 13 janvier 2010 -
RFILe ministre italien des Affaires étrangères a passé quelques heures au Mali, ce mardi 12 janvier. Franco Frattini a été reçu par le Président malien. Au centre des discussions, notamment, l'affaire des otages italiens, mais aussi français et espagnols enlevés au Mali et en Mauritanie, et détenus par al-Qaïda dans le Sahara, côté malien.

« Nous avons clairement dit au président malien que nous comptons sur lui pour la libération de tous les otages européens ». C’est un membre de la délégation italienne qui parle.

En retour, le Mali a affirmé qu’il mettait tout en œuvre pour obtenir ces libérations. Cependant, de source proche de la rencontre, le président Amadou Toumani Touré a expliqué à son hôte la complexité de la situation.

Il y a les ravisseurs qui bougent beaucoup avec les otages dans cet immense Sahara. Il y a les très nombreux intermédiaires et les exigences des preneurs d’otages. Rome a pris bonne note et s’est engagée à aider, sous diverses formes qui restent à déterminer, le Mali dans sa lutte contre l’insécurité dans la bande sahélo-saharienne.

Au sujet de cette lutte, le ministre italien Franco Frattini, qui venait de Nouakchott, a pu constater les divergences entre plusieurs pays de la zone. Des pays voisins du Mali souhaitent, par exemple, privilégier les échanges d’informations, mais que chaque armée traque sur son propre sol les islamistes armés. Alors que pour Bamako, contre al-Qaïda, il faut des opérations militaires communes.

mardi 12 janvier 2010

Trois Britanniques et un Colombien enlevés dans le sud du Nigeria


Trois Britanniques et un Colombien enlevés dans le sud du Nigeria
LEMONDE.FR avec AFP | 12.01.10



Trois Britanniques et un Colombien ont été enlevés, mardi 12 janvier, dans le sud du Nigeria, la région pétrolifère du pays, lors d'une attaque ayant fait un mort, a-t-on appris de sources sécuritaire et policière. Selon les informations transmises, les quatre hommes ont été kidnappés près de la ville de Port-Harcourt, la capitale de l'Etat de Rivers.

Selon Rita Abbey, le porte-parole de la police, le policier qui les escortait a été tué dans l'embuscade, et le chauffeur a été blessé. Les trois Britanniques et le Colombien travaillaient sur un chantier de projet gazier opéré par la multinationale Shell.

Shell Nigeria a confirmé que les quatre personnes travaillent pour la société Netco Diestman, un sous-traitant, et que leur convoi a été attaqué alors qu'ils se rendaient sur le site d'une centrale électrique du groupe anglo-néerlandais Afam 6. Shell "coopère avec les autorités et la société sous-traitante pour obtenir leur libération".

Le dernier enlèvement de travailleurs expatriés dans le sud du Nigeria remonte à juillet 2009. A l'époque, le président nigérian Umaru Yar'Adua avait proposé une amnistie aux groupes armés opérant dans le delta du Niger pour faire cesser les violences et les enlèvements.
En octobre 2009, le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (MEND), principal groupe armé du sud du Nigeria, avait décrété un cessez-le-feu illimité à partir de ce dimanche pour "encourager le dialogue" avec le gouvernement.

Le mouvement, dont les actions depuis 2006 ont fait chuter d'environ un tiers la production pétrolière du Nigeria, expliquait alors avoir pris cette décision en raison de "la volonté exprimée mardi dernier par le gouvernement fédéral d'engager un dialogue sérieux (...), en vue d'arriver à une paix durable dans le delta du Niger".

L'absence pour raisons médicales du président depuis un mois et demi risque, selon plusieurs analystes, de relancer à terme la violence dans le delta du Niger, car le processus d'amnistie est actuellement au point mort.

Du 14 au 16 janvier à Tamanrasset : 2e rencontre internationale d’Imzad


El Moujahid - 11/01/10
lundi 11 janvier 2010

Du 14 au 16 janvier à Tamanrasset : 2e rencontre internationale d’Imzad Taille du texte : 10-01-2010 à 17:47 D.R. Sous le haut patronage de la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, l’association « Sauvez l’Imzad » présidée par Mme Farida Sellal organisera du 14 au 16 janvier à Tamanrasset une rencontre internationale placée sous le thème « l’Imzad, entre tradition et modernité ». A cette occasion, le ministre de l’Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, procèdera en présence des doyennes de la culture targuie à la pose de la première pierre de « Dar El Imzad ». Parallèlement aux débats du colloque scientifique, une exposition scientifique réunira des peintres, des sculpteurs, des photographes autour du thème de la musique avant toute chose. Des ateliers de plein air seront organisés sur la grande place de la maison de la culture ainsi que sur le terrain du site Dar El Imzad. En soirée, des concerts, ouverts au public, permettront d’écouter des musiciens et des poètes venus du Niger et du Mali, ainsi que des artistes originaires de l’Ahaggar et de l’Ajjer. Parmi eux, figurent des ensembles dont la renommée internationale est déjà bien établie. Ainsi, des groupes de jeunes touareg se mêleront aux représentants de générations détentrices du savoir ancestral : Tinariwen, Tartit, Atri N’Assouf, Choghli, etc.

Manny Ansar : Directeur du festival au désert à Essakane. : « Nous avons relevé le défi »


mardi 12 janvier 2010
Photo Manny Ansar
Le Quotidien de Bamako-Mali du 12/01/2010

Nous nous sommes entretenus avec monsieur Manny Ansar, l’initiateur et le Directeur du Festival au Désert à Essakane, le dernier jour du festival, le samedi 9 janvier 2010. Il nous parle entre autres sujets, des raisons du déplacement du site du festival d’Essakane à Tombouctou.


Il a surtout déclaré que les structures de financement occidentales qui apportaient d’habitude leur aide à l’organisation du festival ont « fermé le robinet » cette année dans l’espoir de voir ce festival mourir. Quotidien de Bamako : D’habitude, ce festival se tient à Essakane à quelques 70 km de la ville de Tombouctou.


Cette année, nous sommes à Tombouctou. Pourquoi ce déplacement de site ? Manny Ansar : Les raisons de ce changement de site s’expliquent par de nombreux facteurs. D’abord, le festival s’est coïncidé cette année avec plusieurs autres évènements touristiques et culturels à Tombouctou : la quinzaine touristique et culturelle de la région de Tombouctou, l’ouverture officielle de la saison touristique et la rentrée culturelle.


Les mêmes artistes et journalistes invités à ces évènements étaient aussi invités par nous. Ensuite, les touristes, à qui on avait demandé de ne même pas venir au nord du Mali sont venus jusqu’à Tombouctou. C’était déjà beaucoup. C’est pourquoi on n’a pas voulu leur demander de partir encore à 60 ou 70 km de Tombouctou.


En fin, vous avez vu comment les populations locales ont intégré le festival. Ça a été une fête populaire. Maintenant pour les années à venir, on est en train de voir. Comme c’est un festival qui a déjà été nomadisé, donc on fera le bilan. Nous le savons tous, les occidentaux en général et la France en particulier a lancé un appel à ses ressortissants leur demandant de quitter et/ou de ne pas venir au nord du Mali parce qu’il y aurait de l’insécurité.


Cet appel a-t-il eu une influence négative sur le festival de cette année ? Manny Ansar : on ne peut pas nier que tous ces appels ont eu une influence sur la participation des touristes occidentaux. Mais malheureusement pour les auteurs de ces appels, ça n’a pas eu l’influence qu’ils espéraient, c'est-à-dire l’absence totale de touristes occidentaux. Comme vous le voyez vous-même, sur ces dunes il y a au moins 800 touristes occidentaux qui sont ici présents parmi nous.


On n’a pas encore fait les statistiques, mais les chiffres seront certainement entre 700 et 1000 touristes occidentaux. Quelle comparaison pouvez-vous faire de cette édition avec celles des années précédentes? Manny Ansar : De la première édition jusqu’à la 8ème édition, le nombre des festivaliers occidentaux ne partait que croissant. Mais depuis deux ans (l’an passé), avec le matraquage médiatique contre la venue au nord du Mali, le nombre des participants occidentaux s’est stabilisé, voire un peu baissé. Si non on pourrait enregistrer 3 à 4 fois plus de touristes.



Votre mot de la fin. Manny Ansar : de façon générale, je suis très content. Je remercie les autorités de mon pays qui m’ont vraiment aidé pour que cette 10ème édition soit. L’an passé aussi, les autorités occidentales avaient déconseillé leurs ressortissants de ne pas venir au nord du Mali, mais ils avaient quand même maintenu leur aide financière à l’organisation du festival.


Mais cette année, en plus de l’appel déconseillant leurs ressortissants de ne pas venir, ils ont coupé leur financement aussi. Et il faut le reconnaître, on était à genoux. On pensait même à reporter le festival. Les occidentaux ne voulaient donc pas apparemment que le festival au désert se tienne cette année. Et c’est les autorités de mon pays, qui, nous ont aidé à relever le défi. Oui, c’est un défi, car si jamais ce festival n’avait pas pu avoir lieu, on allait donner l’occasion aux uns et aux autres de croire à tout se qui se dit sur l’insécurité au nord du Mali.


Comme vous le voyez, on est entrain de relever ce défi. On est à la 3ème nuit, soit la dernière et tout est entrain de se passer normalement jusqu’à preuve de contraire. Réalisé par notre correspondant régional Diakaridia TOGOLA Festival au désert : les touristes témoignent.


Dans mon quartier à Paris, il y a eu plus d’enlèvements et de gens tués en deux mois que dans tout le nord du Mali … » dixit un touriste français ! Suite à l’appel lancé par certains gouvernements occidentaux, notamment la France, demandant à leurs ressortissants de ne pas venir ou même de quitter au cas où ils sont déjà sur place le nord du Mali, nous avons fait un micro trottoir entre les occidentaux présents au festival au désert.


En général, ils soutiennent que l’enlèvement d’un seul individu dans un pays ne peut pas rendre toute une zone infréquentable. Sinon la plupart des pays occidentaux seraient aussi infréquentables. Donc un appel illogique. Et c’est pourquoi ils sont présents malgré tout. Philippe Angers : « je suis Philippe Angers.Je m’occupe de la presse pour le festival au désert à Essakane. Ce que je vois sur place, c’est qu’il n’y a aucune crainte. Je participe à ce festival il y a quatre années et c’est toujours le même constat. Dans mon quartier à Paris, il y a eu plus d’enlèvement et de gens tués en deux mois que dans tout le nord du Mali dans la dernière année. Donc, à mon avis, il doit y avoir d’autres raisons pour lesquelles on épingle le Mali dans les médias. J’ai une expérience de 4 années du festival. Ce que je vois sur place, est extraordinaire. Il y a des gens de tous les pays, des gens du pôle nord, des américains, des indiens… Tout le monde doit voir ce qui se passe autour d’eux et donc de ne pas croire à ce qu’on leur propose ».


Martha : « Je suis là, malgré... » « je suis italienne. Je prépare un doctorat sur la musique traditionnelle touareg à Paris. J’ai travaillé pendant un mois sur le festival à Bamako. J’ai reçu trois emails de mon ambassade me déconseillant de venir, mai, mais je suis là. Parce que j’ai eu confiance à mes amis qui m’ont qu’il n’y a aucun problème ». Size : « Je ne rencontre que de la gentillesse et... »


« je suis allemande. Je vis à Paris. Je suis là en tant que bénévole et je m’occupe des journalistes et des artistes. C’est ma deuxième fois de venir. L’an passé, on m’avait dit la même chose, que c’était dangereux de venir. Je me suis dit que je vais venir pour voir si c’était dangereux comme ils le disent. Mais depuis que je suis venue, je ne rencontre que de la gentillesse et de la générosité de tous les gens, qui, nous ont accueilli. On a médiatisé quelque cas d’insécurité. Mais il y a de la violence et des attentats un peu partout dans le monde et ça ne veut pas dire que tout le pays est pourri ».


Propos recueillis par notre correspondant régional à Tombouctou, Diakaridia TOGOLA
Publié par al-ansary à l'adresse mardi, janvier 12, 2010

lundi 11 janvier 2010

Nord Mali : les Touaregs pris en otage ?


Jacqueline Dupuis-Tessalit-10 janvier 2010
Nord Mali : les Touaregs pris en otage ?
lundi 11 janvier 2010

Si loin, si proches, les touaregs carte postale boivent leur dernier thé dans une tempête de sable. Aujourd’hui la tempête devient un ouragan, qui donne le vertige d’une culture qui n’en finit pas de perdre l’équilibre. Pour arriver à Tessalit, pointe extrême nord du Mali, tout prêt de la frontière algérienne, tout est possible, et tout est impossible.

Témoignage d’un quotidien ordinaire,début janvier 2010 .


1-Tout européen est un otage potentiel.Je ne pensais pas que nos humbles personnes représentent des tas de dollars aussi substantiels. Je ne savais pas que ces tas de dollars allaient mettre le feu aux poudres aussi vite et aussi violemment à une région déjà trop fragilisée.

Ecoutons plutôt.

Début décembre, prise de contact depuis la France avec nos vieux amis touaregs, pour préparer le voyage pour se rendre à la fête du chameau à Tessalit.

« Tu peux venir, il n’y a pas de problèmes. »
« Tu ne peux pas venir, il y a trop de problèmes. »
« Tu peux venir, ca se calme. »
« Tu ne peux pas venir, on ne peut pas assurer ta sécurité. »
« Je ne sais même plus si tu peux venir ».

Bon. Les journaux maliens, les médias européens, la presse américaine, c’est à celui qui va être le plus intelligent, le plus manipulateur, le plus pédagogue, le plus naïf pour tenter de calmer le jeu ou mettre le feu aux poudres.

On ne comprend plus ni le gouvernement français et ses injonctions administratives, ni le gouvernement malien, ni les habitants du Mali, ni les habitants de la lune…Brouillard.

Un français a été enlevé à Ménaka, trois espagnols en Mauritanie, un avion fantôme bourré de je ne sais quoi brûle dans le désert malien, et le nord Mali explose.

Mais, au fait, combien y a t-il eu d’otages enlevés entre Tessalit et Kidal ? Aucun.


2-La fête du chameau à Tessalit, symbole de vie d’une communauté locale.Fin 2008 la troisième édition de cette fête avait été annulée à cause des rebellions touarègues, qui se battaient pour leur survie et leur place dans une société très inégalitaire et pour le moins condescendante à leur égard. Je ne referai pas le film, tout le monde connait le scénario. Injustices.

Cette année la fête a eu lieu. Réussite remarquable, inoubliable dans le cœur de chaque habitant, sentiment de fierté et de force d’un peuple qui a su, malgré une situation politique de tous les dangers, malgré les chantages de tous bords, affirmer son identité et ses valeurs traditionnelles.

Course de chameaux, concours de la plus belle tente, de la plus belle femme, forum, concerts avec les musiciens locaux y compris les Tinariwen natifs de Tessalit…Tout cela grâce aux habitants de Tessalit, qui ont su porter ce projet et qui l’ont mené à bien pour la troisième fois. Conviction.

Dernière édition déclinée entre considération nationale et dangers : la journée du tourisme malien a eu lieu dans le cadre de cette fête. Quatre ministres sont venus l’inaugurer de manière très officielle et ont marqué de leur présence l’importance de ces enjeux.

Une vingtaine d’européens sont arrivés par convois militaires, de Gao et de Kidal, d’autres, individuels, par l’Algérie, également étroitement encadrés. Les militaires maliens étaient présents partout, autour de la tribune, du forum, autour des tentes et des véhicules. Au pied de chaque arbre poussait une kalachnikov. Jardin de tous les dangers.

Mais, au fait, de quels dangers parle-t-on ?


3-Une région de bruits et de fureurs.Visiter les campements pour retrouver ses amis touaregs, prendre un chameau pour se couler dans le rythme du désert, se griser de la vitesse du 4/4, aujourd’hui c’est fini. Bouclés. Enfermés dans les villes. Interdiction de sortir pour les européens. Et en plus, nos amis touaregs sont tellement responsables de nous qu’il n’est pas question de transgresser quoi que ce soit. Sinon, ce sont eux qu’on accuserait de complicité. Responsabilité.

Le discours, le vocabulaire, les mots ont perdu sens et objectivité. Diffus, hésitants, contradictoires.

On entend dire à mots couverts que les « salafistes » sont là, partout. On a vu leurs traces, dans un campement, après la nuit, mais on ne les a même pas entendus. Ils ont donné de l’huile et du sucre à des nomades, ils utilisent l’eau des puits, les bergers ont peur pour leurs animaux.

Ils utilisent du matériel sophistiqué, et roulent en véhicules très puissants. Ils bougent très vite d’un point à un autre, et traversent les frontières sans soucis.

Certains parlent de réseaux organisés, d’autres de groupuscules imprévisibles qui se nouent et se dénouent, de la Mauritanie au Niger, en passant par le Mali D’aucuns évoquent le trafic de drogues qui finance leurs activités, d’autres l’argent rapide accueilli avec soulagement par les jeunes chômeurs en mal d’avenir.

Les explications, ou tentatives d’explications, montrent par leurs contradictions combien le problème est complexe et multiforme.Tout y passe.

« Je me promène depuis longtemps dans la montagne, et je n’ai jamais vu l’ombre d’un salafiste. »
« Je les vois passer très vite, et le lendemain ils sont partis loin. »
« C’est le gouvernement malien qui entretient la rumeur, car il ne veut pas développer le nord. »
« Ce sont nos voisins qui veulent garder la main-mise sur le Mali et que ca arrange. »
« C’est le gouvernement américain qui voudrait prendre le pouvoir au Sahel et qui a monté les rumeurs de toutes pièces »
« Ce sont les cartels de la camorra qui travaillent avec les sud-américains, et qui se servent des grandes zones portuaires de l’Afrique de l’Ouest et des immenses zones de non-droit du Sahel pour leurs trafics de drogues. »

Certains intellectuels commencent à parler de ces problèmes à mots couverts, d’autres se taisent, certains ne l’évoquent même pas.

En tout cas les gens ont peur, et ne comprennent plus ce qui se passe. Ils ont perdu leurs repères ancestraux.

Ce qui est sûr, c’est que le peuple touareg est pris en otage par une violence venue d’ailleurs, avec des codes et des modes de vie étrangers et incompréhensibles pour la population de cette zone.

Ce qui est sûr, c’est que le peuple touareg est pris en otage par des groupes qui utilisent les immensités désertiques dont les touaregs sont maîtres depuis la nuit des temps, au gré de leurs propres affaires, des affaires pas très propres, et que c’est bien la première fois que les touaregs ne maîtrisent plus leur territoire. Du jamais vu.

Mais au fait, au milieu de ces folles rumeurs, n’est-t-on pas en train d’oublier l’essentiel, une réalité âpre et brutale, la sécheresse en train de s’installer, pire qu’en 2005, et les animaux qui commencent à mourir, déjà maintenant…


4-Et la nature, exigeante, extrême, reprends ses droits.Au-delà du problème géopolitique, il est une histoire qui se répète, une fois encore, en boucle. Les pluies ont été rares, en 2009, et les pâturages inexistants. Déjà avant la soudure, les nomades sont partis nomadiser plus loin.

Dans les campements, même si la chaleur n’a pas encore commencé, même si les esprits sont encore calmes, on ne parle plus que des animaux qui meurent et qu’on ne peut même plus vendre, on ne parle plus que de l’eau à trouver et du prix de l’aliment bétail qui va augmenter.

Evidemment tout ce que je raconte en ce moment se passe à Tessalit, mais aussi dans toutes les autres régions du Nord.

Aujourd’hui il y a un mot qui revient souvent, pour parler de la vie d’ici, c’est le mot RIEN. Pas de grain, pas d’eau. Rien. Pas de travail, rien. Pas de projet, rien. Pas de médicaments. Pas d’électricité, de journaux, d’internet, rien.

Et pourtant l’espoir existe. Une nouvelle municipalité qui a tout à réinventer, des femmes organisées en coopératives autour du maraîchage et du micro-crédit, des musiciens qui remettent en valeur la Takouba traditionnelle, des jeunes qui montent des projets autour d’un GIE, et tellement d’autres choses encore…

Tellement d’espoir dans trois fois rien…


CONCLUSIONLes hommes, les femmes et les enfants touaregs subissent à la fois les contrecoups de l’histoire interminable d’un monde en pleines mutations socio-économiques et géostratégiques, qui bouleversent la donne internationale à une vitesse exponentielle, et les perturbations environnementales extrêmes qui ont fait d’eux un des premiers peuples de réfugiés climatiques.

Otages ? Oui, mais de quoi ? De qui ?
Le touareg a l’horizon infini comme respiration, et son Sahara se rétrécit comme peau de chagrin, au fur et à mesure que d’autres se le réapproprient. Comment peut-il encore respirer dans ces conditions ? Comment peut-il retrouver son horizon sans perdre son âme ? Comment pourra-t-il, aujourd’hui, aller au-delà de l’horizon ?

Jacqueline Dupuis, webmaster Temoust

Tessalit, 10 janvier 2010

Dans quelques jours, des photos de la « Fête du Chameau de Tessalit »,qui a eu lieu les 29 et 30 décembre 2009

Mali : l'otage français menacé de mort

11/01/2010
La menace s'accroit sur l'otage français enlevé le 26 novembre au Mali. Selon les centres américains de surveillance des sites islamistes SITE et Intelcenter, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) menace d'exécuter Pierre Camatte sous vingt jours si quatre de ses membres prisonniers au Mali ne sont pas libérés.
Le ressortissant français, âgé de 61 ans et domicilié dans les Vosges, préside «L'Association Gérardmer-Tidarmene» et se rend régulièrement au Mali où il s'implique notamment dans la culture d'une plante thérapeutique contre le paludisme. Au lendemain de sa disparition, le ministère des Affaires étrangères avait appelé les ressortissants français à quitter le Mali et le nord Niger.

Al-Qaïda au Maghreb islamique revendique également l'enlèvement de trois volontaires humanitaires espagnols, kidnappés fin novembre en Mauritanie, pays frontalier du Mali.

leparisien.fr

Nord Niger:L'arrêt des conflits au Niger va permettre aux Amis de Timia de reprendre les projets de développement

Louviers
Enfin un retour à la paix


Malgré les apparences, l'association a augmenté le nombre de ses adhérents : 204 contre 201 l'année dernière ! LOUVIERS.L'arrêt des conflits au Niger va permettre aux Amis de Timia de reprendre les projets de développement.
Le froid et le verglas ont sans doute rebuté bon nombre d'adhérents de l'association Les Amis de Timia, samedi soir. Ils étaient peu à assister à l'assemblée générale et à entendre les bonnes nouvelles de Michel Bellevin, le président. Depuis lundi 4 janvier, au Niger, les derniers irréductibles ont regagné les rangs des négociateurs, déjà formés des différents membres des fronts rebelles et du gouvernement.

Les conflits armés au Niger ont fait place au dépôt des armes et aux négociations. « Depuis novembre déjà, l'état de mise en garde a été levé. Les personnes et les biens peuvent à nouveau circuler en toute liberté » se réjouit Michel Bellevin.
Ce retour à la paix tant attendu, après trois ans de conflit, permet non seulement à la population d'aller vendre sa production et son artisanat, mais va aussi grandement faciliter le travail de l'association.

Indispensable appui alimentaire
Pourtant, malgré les bandes rebelles, celle-ci n'a jamais cessé son action auprès des habitants de Timia. Elle a soutenu au maximum les activités économiques et notamment le trafic caravanier, qui assure depuis des décennies l'équilibre alimentaire du village.
L'association a également mené des actions d'urgence, d'ordre social et alimentaire. Trois ans de conflit ont en effet jeté des familles dans la précarité. « L'appui alimentaire représente 50,6 % de nos actions, ce qui prouve l'état de grande difficulté dans lequel se trouve la population, insiste le président. L'état sanitaire se dégrade aussi et nous avons apporté un appui auprès de soixante malades pour leur évacuation sur d'autres villages. »
Et parce que l'avenir du pays passe aussi par l'éducation, les Amis de Timia ont parrainé 18 étudiants et 7 lycéens pour la somme totale de 6 100 €.
Enfin, les travaux pour la réalisation d'un puits dans la zone pastorale ouest de Timia ont pu débuter et un second puits doit être creusé en janvier. Ces nombreuses actions ont tout de même permis à l'association de terminer l'année 2009 sur un solde positif de 8 000 €.
Cette année, l'association va reprendre ses projets de développement, à définir avec Moussana Alkabouss, l'homologue de Michel Bellevin, à Timia. C'est à lui et à la population de Timia de définir les priorités !

Pour adhérer à l'association : Les Amis de Timia, 10 rue Jean-Nicolle, 27400 Louviers, tél. 02.32.40.04.42 ou www.lesamisdetimia.org. Adhésion individuelle : 20 €, couple : 30 € bienfaiteur : 50 € ou plus.

Imidiwan LEGH ASSISTANE IHANE IMANE /KOK MATORDAM MEDINE SAWANE HANE LASTIGHMAR?????

dimanche 10 janvier 2010

La Direction des Echanges pour la Défense Américaine impose un Pseudo-Embargo sur le Niger…



http://www.exportlawblog.com/archives/1157
Samedi, 09 Janvier 2010 19:44


La direction des Echanges du commerce de la défense ( » DDTC ") a (Lien: annoncé ) aujourd'hui que les demandes d'exportation d’articles et de services de la défense vers le Niger pourraient probablement être retardés pour assez longtemps: En réponse aux événements récents dans la République du Niger (Niger), la DDTC souhaite informer les exportateurs que bien qu’il n y ait pas encore d’embargo sur les armes des États-Unis ou de l'ONU sur le Niger, la décision finale des demandes de permis d'exportation de la liste des articles de munitions des États-Unis (USML) vers le Niger reçues a partir de la date d’aujourd’hui ou actuellement dans le processus de révision seront surement retardés. Les applications de permis continueront à être passés en revue cas par cas, mais l'approbation ne devrait pas être assumée. Nous encourageons les exportateurs à prendre la situation actuelle en considération et en faisant leur demande pour tout nouveau permis d’exportation ou de réexportation d’articles de l’USML au Niger, l'appliquant du permis devra fournir des informations détaillées sur l'usage final et l'utilisateur de ces articles.

Les événements récents mentionnés par l'annonce de la DDTC sont les mesures prises en Août passé par le Président Mamadou Tandja du Niger pour modifier la constitution de son pays pour s’allouer le droit de servir un troisième mandat. La mesure a été prise après un référendum contesté et boycotté par l'opposition et que Tandja a fait passer en dissolvant le parlement et la Cour Constitutionnelle.

Les Touareg maliens revendiquent une application “stricte” de l’Accord d’Alger


El Moujahid - 09/01/10


Plusieurs cadres dirigeants représentant les Touareg maliens, affiliés à l’Alliance du 23 mai pour le changement, ont revendiqué hier une application “stricte” et “rigoureuse” de l’Accord d’Alger signé en 2006, estimant que les engagements pris par le gouvernement malien “n’ont pas été totalement tenus”. Ces cadres dirigeants, en réunion ouverte à Alger depuis mercredi dernier, ont appelé, par la voix du porte-parole, chargé des relations extérieures de l’Alliance, M. Hamma Ag Sid Ahmed, l’Algérie à “intervenir auprès du gouvernement malien afin de faire avancer les choses”. “Nous avons déjà sollicité l’Algérie et nous continuons à le faire pour qu’elle joue le rôle de facilitateur”, a-t-il déclaré à la presse. Le même responsable a exhorté les “autres partenaires du Mali”, en particulier l’Union européenne et la France, à contribuer à ce que l’accord de 2006 soit “strictement appliqué”. S’agissant des points qui ont été discutés lors de cette réunion, M. Hamma Ag Sid Ahmed a indiqué que “toutes les divergences ont été aplanies”, faisant savoir que les participants se sont entendus sur la tenue d’un congrès devant regrouper, “au courant du premier trimestre 2010 à Kidal” (nord du Mali) “toutes les composantes” de la mouvance des Touareg maliens. Ce congrès, pour lequel une commission de préparation sera bientôt mise en place, débattra, selon ce responsable, de tous les aspects liés au développement de la région (nord du Mali). M. Hamma Ag Sid Ahmed a relevé, d’autre part, que la réunion a passé en revue la situation sécuritaire dans la région, et la menace que représente l’organisation terroriste “Al Qaida au Maghreb islamique”. “Il faut prendre en compte l’aspect sécuritaire pour qu’il y ait un retour définitif au calme et à la sérénité”, a-t-il soutenu. “Il y va de la sécurité et de la stabilité de toute la région du Sahel et pas seulement du nord du Mali”, a-t-il ajouté. Au sujet de la réinsertion des anciens combattants touareg dans les rangs de l’armée malienne, il a plaidé pour la réactivation du comité de suivi déjà mis en place par le ministère malien de l’Administration territoriale, tout en œuvrant à la mise sur pied d’un “groupe technique de développement et de réinsertion”, en vue, a-t-il précisé, de “prendre en charge tous les aspects liés à cette question”.

CANAngola-Mali, puissance 4


Avalanche de buts pour le match d’ouverture de la CAN 2010.
dimanche 10 janvier 2010 / par Nicholas Mc Anally
Quelle entrée en matière pour cette vingt-septième Coupe d’Afrique des Nations ! Les Aigles du Mali, menés 4-0, sont parvenus à revenir à hauteur de l’Angola à force d’abnégation (4-4).
L’Angola avait beau jouer à la maison, on ne donnait pas cher de sa peau face à l’armada malienne. Mais les Kanouté, Diarra et autres Keita n’ont pas pesé lourd face à toute une nation. Car c’est bien toute la population angolaise qui poussait ses Antilopes. Plus qu’une rencontre de football, c’est l’honneur de tout un peuple qui était en jeu pour ce match d’ouverture de la vingtième CAN. Faire oublier les années de guerre civile et le récent drame qui a touché l’équipe nationale du Togo, voilà le véritable défi des hommes de Manuel José.

Un défi que les Angolais ont relevé haut la main, la tête haute. Du moins jusqu’à dix minutes de la fin. Car c’est justement de la tête que Flavio a fait la différence. Deux coups de casques tonitruants (37e, 42e) qui ont enflammé le public et placé les locaux sur de bons rails. 2-0 à la pause, la messe semblait dite. Au retour des vestiaires, il ne reste aux Angolais qu’à achever l’animal blessé.

C’est chose faite juste après l’heure de jeu avec ce penalty de Gilberto (67e), consécutif à une faute d’un Mamadou Bagayoko totalement dépassé sur son côté gauche. Le milieu de terrain angolais marque une première fois et ne tremble pas lorsqu’il s’agit de retirer, la faute à un joueur qui est entré dans la surface trop tôt. Gilberto ne flanche pas et l’Angola mène 3 à 0.

Le Mali revient de loin

La prestation collective des Aigles est proche du néant alors que les Palancas Negras ont joué intelligemment et ont donné le maximum, soulevés par le soutien inconditionnel de leurs supporters. Et c’est Manucho qui enfonce le clou, une nouvelle fois sur penalty (73e).

Et puis, le Mali, enfin se réveille. Il reste une dizaine de minutes à jouer et l’Angola mène 4-0. Mais les hommes de Stephen Keshi n’entendent pas s’en laisser compter. Keita réduit tout d’abord la marque, mettant en évidence les lacunes défensives de l’Angola. Tout le stade pense qu’il s’agit là d’un but pour l’honneur (4-1). Mais, en 5 minutes, les Aigles vont renverser la vapeur.

Kanouté (88e), suivi de Keita (93e) et Yatabaré (94e) ont permis à l’équipe nationale du Mali de renverser la vapeur. Une folle remontée qui permet aux deux formations de se quitter dos à dos, sur un match nul arraché au bout du bout. 4-4, score final. Une avalanche de buts qui ferait presque oublier le drame des derniers jours.





Angola
• Double coup de théâtre : le Togo ne participera pas à la CAN


• Kodjovi Obilalé vivant et conscient


• Angola-Mali, pour passer à autre chose

“Changing is difficult”


Liberté - 10/01/10
“Changing is difficult”
dimanche 10 janvier 2010

Il s’agit de savoir pourquoi le département d’État n’a pas inclus dans sa liste, d’ailleurs très controversée, des pays du Sahel à l’exemple du Mali, du Niger ou de la Mauritanie qui ont été le théâtre de kidnappings et d’exécutions de ressortissants étrangers.

L’Algérie est-elle un allié stratégique des USA dans la lutte contre le terrorisme international ? Si l’on pose la question aujourd’hui, c’est que les dernières mesures annoncées par le gouvernement américain suscitent une série d’interrogations sur les objectifs inavoués de la nouvelle administration d’Obama en matière de politique étrangère et, notamment, de sa relation avec l’Algérie. En décidant de classer l’Algérie parmi les pays à haut risque sur rapport du Homeland Security, un département créé après les attentats du 11 septembre 2001, Washington lance un mauvais signal en direction de pays qui ont été à l’avant-garde de la lutte contre la violence islamiste. Alger vient de déposer une plainte en pointant du doigt l’agence américaine de sécurité aérienne, la Transportation Security Administration (TSA) en considérant le classement US comme discriminatoire. Et c’est le moins que l’on puisse dire. Il s’agit de savoir pourquoi le département d’État n’a pas inclus dans sa liste, d’ailleurs très controversée, des pays du Sahel à l’exemple du Mali, du Niger ou de la Mauritanie qui ont été le théâtre de kidnappings et d’exécutions de ressortissants étrangers. Depuis l’annulation du rallye Paris-Dakar en raison de la dégradation de la situation sécuritaire, l’Occident s’intéresse de près à cette région devenue un des principaux repaires du terrorisme international. Et l’on doit se demander à quoi obéit cette cacophonie au plus haut niveau de l’État US qui est passé en l’espace de deux mois, à travers la visite à Alger du numéro 3 du Pentagone et du patron de l’Afrikom, d’une position de soutien à une position de méfiance. Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi le département d’État a validé, avec une facilité déconcertante, une liste transmise visiblement de façon expéditive par la TSA ? Et au moment même où le nouveau locataire de la Maison-Blanche, très tôt récompensé d’un prix Nobel de la paix, veut effacer l’image d’une Amérique islamophobe, héritage du règne des Bush, ce classement achève de discréditer les intentions annoncées publiquement. À moins qu’il nous faille déjà oublier son fameux “yes we can” pour ne plus nous souvenir que de son non moins fameux “changing is difficult”.

Salim Tamani

Niger/ Aghali Alambo, Aklou et d'autres sous protections


Vendredi 8 janvier 2010 5 08 /01 /2010 15:11
Niger/ Aghali Alambo, Aklou et d'autres sous protections

Ambiance très chaude au Nord-Niger en ce moment.
Le retour à la maison de nos anciens combattants commence à poser de réels problèmes.
L'argent de Kadhafi a été "dépensé" un peu trop rapidement par certains et le compte n'y est pas pour beaucoup de combattants de la première ou de la dernière heure.
A Arlit et à Agadez des "responsables" de fronts se sont fait agressés par des combattants très en colère et c'était chaud aux Arènes d'Agadez.
L'ami Aklou est sous protection suite à une tentative d'incendie de sa maison et Alambo a eu très chaud aux fesses à Arlit. Pas content du tout les combattants.
Ainsi parlait la rumeur.

Ce qui est sûr c'est que aucune solution n'a été proposée pour résoudre les problèmes qui ont amenés nos amis Touareg à prendre le chemin de la rébellion.
La sécurité dans l'Aïr n'est pas encore pour demain amis touristes.
Ceci n'est qu'un avertissement en toute amitié.

Pellet Jean-Marc

source occitan touareg
voire aussi rfi Afrique midi du 10/01/2010

vendredi 8 janvier 2010

L’échec de la décentralisation administrative au Niger : le fédéralisme, une alternative viable



Idées & Opinions
Vendredi, 08 Janvier 2010 08:30
Au Niger, le mode de gouvernement actuel est l’état unitaire où tous les pouvoirs sont centralisés et concentrés entre les mains d’une minorité de dirigeants. Le Niger est un vaste pays de 1.267.000 Kilomètres carrés, environ 13 millions d’habitants et 8 régions dirigées par un groupe d’hommes et de femmes nommés par des décrets et des arrêtés. Dans une moindre mesure, les pouvoirs sont décentralisés et déconcertés. Il existe même une régionalisation qui refuse d’être effective. Une partie du pouvoir centralisé est parfois attribué aux régions par le principe de dévolution. Ces pouvoirs sont parfois de nom car ils ne sont pas prescrits dans notre loi fondamentale, à savoir la constitution de notre pays.

Depuis des décennies, le Niger a été géré par ce mode de gouvernance qui n’encourage pas l’autonomisation des populations, leur esprit de leadership et d’autopromotion. Toutes les initiatives locales et régionales sont inhibées et les populations sont soumises à une dépendance chronique. Souvent, tout développement économique, social, culturel et politique est conçu, pensé et dicté du niveau central. L’organisation communautaire, communale, départementale et régionale se fait de haut en bas. Ce schéma politique semble être dépassé pour les raisons suivantes :
1) Participation : L’homme a atteint un niveau de développement élevé dans tous les domaines. Le domaine de la politique n’échappe pas à cette évolution des choses. L’homme a besoin d’être associé et impliqué dans la gestion de la cité

2) Autonomie : les populations, à tous les niveaux ont besoin d’une ‘souveraineté’. Les régions ou groupes de régions représentent des entités spécifiques dans plusieurs domaines. Elles ont besoin d’une auto-determination et une autogestion.

3) Séparation des pouvoirs : les populations aux différents niveaux de la pyramide de l’administration ont besoin d’une séparation des pouvoirs.

A l’inverse de ce schéma politique où prévaut le dogmatisme de l’unicité de l’état, existe le fédéralisme. Présentement plus de 25 états fédéraux dans le monde avec une population qui représente environ 40% de la population mondiale. Il faut citer par exemples le Nigeria, les Etats-Unis d’Amérique, le Canada, le Mexique, l’Inde, la Belgique, la Suisse, l’Allemagne, etc. Dans ces états federes, les états federes co-habitent dans une parfaite symbiose. L’unicité de l’état federe est garantie. Les compétences régaliennes, à savoir les Affaires Etrangères, la Monnaie et l’Economie et la défense sont du domaine de l’état fédéral. Les autres compétences sont du domaine des états fédérés.

Sans être un disciple des philosophes et politologues du fédéralisme suivants, Hamilton, Althusius, Montesquieu, Kant, Tocqueville, Proudhon, Maurras et Joseph Paul-Boncour, l’on peut aisément percevoir les avantages du fédéralisme. Cet article a pour but de relancer le débat sur le fédéralisme de manière très ouverte, non déguisée et responsable. Notre schéma politique calqué sur celui de la France est une aberration. Il faut le repenser. Les facteurs intérieurs et extérieurs favorables existent. Une révision constitutionnelle dans ce sens sera la bienvenue car même la France a essayé en 1792-1793 une sorte de fédéralisme en creants plusieurs états égaux en droit pour contre-carrer le pouvoir de la capitale Française (i.e., Paris). La France semble être le seul grand état de l’Union Européenne qui garde un système étatique unitaire. En dépit de cette résistance à l’esprit fédéral, en 2008, une révision de la constitution a vu le jour pour inciter à une plus grande décentralisation. Il y a quelques années, un parti politique a eu le mérite de proposer ce schéma politique aux Nigériens mais il n’a pas eu l’attention nécessaire.

Cette introduction d’un profane sur le fédéralisme a pour but de déclencher un débat inévitable au Niger et en Afrique. Le fédéralisme est un moyen de prévention des conflits. Il faut être pro-actif dans ce domaine. La rébellion du Nord et le Tazartché ne sont- ils pas des indices d’une revendication cachée du fédéralisme? Sans être futuriste, il semble que le Niger de demain sera un Niger ou nous aurons 8 régions autonomes et un état fédéral appelé la République Fédérale du Niger.

Saidou Hangadoumbo, MD, MPH, PhD hsaidou@hotmail.com Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.
08 janvier 2010
Publie le 08 janvier 2010
Source : http://hsaidou.over-blog.com

Niger : Areva organise une inspection des sites d'exploitation d'uranium


Environnementdurable.com
« Cette étape devrait permettre de résoudre définitivement cette problématique et d'assurer l'absence d'exposition radiologique du public en lien avec des matériaux issus de l'activité minière uranifère » (Areva) Crédit photo : © miro kovacevic - Fotolia.com

Cette année, Areva devra prouver que la population du Niger n’est pas exposée à des matériaux radioactifs. Le groupe organisera « d'ici fin 2010 une inspection générale des villes d'Arlit et Akokan ». Greenpeace a pointé du doigt des niveaux de radioactivité élevés à Akokan.

ET AUSSI...
Uranium : Greenpeace s’enchaîne pour empêcher le passage d’un convoiTricastin : encore un incident pour l’industrie nucléaire !EDF stockerait des déchets radioactifs en RussieMOTS-CLES :Areva, Niger, uranium, radioactivité, Greenpeace Areva doit faire face « à la récurrence des accusations relatives à la dispersion de matériaux radiologiquement marqués ». Pour Patricia Marie, une porte-parole du groupe, « cette étape devrait permettre de résoudre définitivement cette problématique et d'assurer l'absence d'exposition radiologique du public en lien avec des matériaux issus de l'activité minière uranifère ».

« Des décennies d'exploitation minière uranifère ont créé un danger pour la population d'Akokan, un exemple typique de menace environnementale et sanitaire posée par l'industrie nucléaire », affirme Greenpeace. « Plusieurs étapes clefs ont d'ores et déjà été menées à terme », assure le groupe français.

« Nous avions signalé depuis 2006 des endroits à risques qui n'ont toujours pas été décontaminés. Ce sont ces mêmes lieux que Greenpeace a indexés », a expliqué Alhacen Almoustapha, responsable de l'ONG de protection de l'environnement Aghir In'man, à Arlit. « Nous lançons un appel à Areva pour nous comprendre et entreprendre des opérations de décontamination, notamment de vastes opérations de récupération de matériels et objets contaminés que l'on retrouve dans les rues des cités minières », a-t-il ajouté.
Hélène Toutchkov

Seif el-Islam Kaddafi fait sa révolution



Seif el-Islam Kaddafi lors d'une visite à l'Institut du monde arabe, à Paris, en juillet 2005
Libye - Politique
28/12/2009 11:48:20 | Jeune Afrique | Par : Abdelaziz Barrouhi
© Agostino Pacciani
Désormais numéro deux du régime, le fils aîné du « Guide » n’a pas perdu de temps. À peine sa nomination était-elle confirmée qu’il signait un accord de réconciliation avec les djihadistes et lançait un vaste chantier de réformes politiques et économiques.

Depuis sa désignation, à la mi-octobre, au poste de numéro deux de la Jamahiriya, Seif el-Islam Kaddafi n’a fait aucune apparition publique. Mais il travaille. En attendant que le Congrès général du peuple (CGP, Parlement) formalise lors de sa réunion annuelle, prévue dans les semaines à venir, sa nomination au poste de coordinateur général des Commandements populaires et sociaux. Selon des informations recueillies par Jeune Afrique, le CGP devrait à cette occasion adopter un projet de loi qui lui donnerait les attributions d’un chef d’État. En cours d’examen par les structures ­populaires de base, loin de toute publicité, le texte du projet rappelle que, lorsqu’il a lancé les Commandements populaires et sociaux en 1995, Mouammar Kaddafi avait prévu « qu’un jour leur coordinateur général serait formellement le chef de l’État ». Ce jour est arrivé. L’adoption de ce texte par le CGP, totalement acquis au « Guide » libyen, directement à l’origine de la promotion de son fils aîné, ne devrait être qu’une formalité. Seif sera ­ensuite en position de superviser l’action du CGP lui-même et celle du gouvernement. La diplomatie, l’armée et les services de sécurité feront théoriquement partie de ses attributions, mais il est fort douteux que cela soit totalement effectif du vivant de son père, âgé de 67 ou 69 ans (selon les sources).

« Guerre civile souterraine »Architecte urbaniste, Seif a fait des études de gestion en Autriche et décroché un doctorat en relations internationales à la London School of Economics and Political Science en 2008. Parallèlement, il gagne ses premiers galons d’homme d’État en contribuant à la levée de l’embargo imposé à son pays entre 1992 et 2000 (à cause des affaires Lockerbie et UTA) et à la normalisation des relations avec les États-Unis après le démantèlement, fin 2003, du programme libyen d’armes de destruction massive. Seif s’applique désormais à mettre de l’ordre dans les affaires intérieures de la Jamahiriya pour mener à bien son programme de réformes politiques et économiques présenté en 2007 et censé aboutir à la construction de la « Libye de demain ».

Sa première initiative en tant que numéro deux a été de sceller la réconciliation, qu’il préparait depuis deux ans, avec le Groupe islamique libyen pour le combat (GILC), plus communément appelé Al-Mouqatilah (« la Combattante ») par les Libyens. Cela est peu connu, mais, dans les années 1990, pour reprendre les termes utilisés par Seif lui-même, une « guerre civile souterraine » opposait l’armée et les forces de sécurité de Kaddafi au GILC. Les affrontements étaient quotidiens et touchaient ­toutes les villes du pays. Seif en a tiré une leçon : dans une société libyenne conservatrice et pieuse, le meilleur moyen de combattre les extrémistes est de se ­mettre en bons termes avec leurs idéologues et leurs chefs. Des négociations avec ces derniers, détenus à la prison d’Abou Salim (dont plusieurs avaient été livrés à Kaddafi par les Américains) ou exilés à Londres, tel Nooman Ben Othman, sont, assure Seif, engagées avec l’aval du « Guide ». « Cela n’a pas été trop dur de le convaincre qu’il fallait dialoguer avec eux », ajoute-t-il. Sauf que, les services de sécurité ne l’entendant pas de cette oreille, les éradicateurs parmi leurs chefs lui ont mis des bâtons dans les roues, refusant, par exemple, d’accéder à sa demande d’alléger leurs conditions de détention à la prison d’Abou Salim afin qu’ils puissent consulter leurs amis sur les termes de l’accord en discussion. Seif annonce alors – c’était en août 2008 – qu’il se retire de la scène politique et menace de s’exiler à Londres. Selon nos informations, le « Guide » a fini par trancher en sa faveur à la fin de l’été 2009, après qu’Abdallah Senoussi * (celui de l’affaire UTA), l’un des principaux chefs des services de sécurité de Kaddafi, eut apporté son soutien, en avril 2009, à la levée des restrictions qui entravaient les consultations entre chefs islamistes.

À l’occasion du 40e anniversaire de l’accession de Kaddafi au pouvoir, le 1er septembre dernier, les chefs du GILC adressent au « Guide » un message de félicitations dans lequel ils lui présentent leurs excuses « pour tout ce [qu’ils ont] commis, à commencer par la constitution de [leur] groupe clandestin jusqu’aux actions [qu’ils ont] menées, les grandes comme les ­petites ». Et, quelques jours plus tard, ils achèvent la rédaction d’un document de 417 pages intitulé « Études correctives dans la compréhension du djihad », qui délégitime l’usage de la lutte armée en Libye et ailleurs, sauf dans le cas d’une résistance à l’occupation. Ils s’engagent également à prendre leurs distances avec le djihadisme d’Al-Qaïda, dont ils condamnent désormais la stratégie. Le rêve de Seif est devenu réalité.

Par une nuit du dernier ramadan, une douzaine de tables sont dressées avec des nappes blanches et des rafraîchissements pour des convives, tous des ­hommes, habillés en bleu, rasés de près et lançant des slogans à la gloire du « Guide ». On aurait dit la célébration d’un événement heureux sur la terrasse d’un salon de thé ou d’un mess des officiers. Sauf que la scène se passe derrière les murs d’enceinte de la prison centrale d’Abou Salim et sous la lumière de projecteurs habituellement destinés à débusquer d’éventuels fugitifs. Elle paraît surréaliste, mais elle est authentique. Filmée par la chaîne de télévision américaine CNN en ­septembre, elle sera diffusée à la fin de ­novembre. Seif n’est pas présent à la cérémonie, mais la mise en scène est de lui. Nommé numéro deux à la mi-octobre, son premier geste a été de faire libérer, le jour même, 88 dirigeants islamistes de niveau moyen, dont 45 membres du GILC, y compris ceux filmés par CNN à Abou Salim. Les chefs de haut rang, quant à eux, devraient être libérés à un stade ultérieur non précisé. « Nous avons d’autres chats à fouetter en Libye, estime Seif. Nous devons ­combattre la pauvreté, moderniser notre économie, améliorer le niveau de vie. Nous avons des ­problèmes terribles avec nos systèmes de santé et d’éducation. Et si nous continuons à nous entretuer, nous serons tous les premières victimes de la terreur. »

Droits de l’hommeParallèlement, Seif a ouvert des chantiers de réformes politiques pour consacrer l’ouverture et l’État de droit, à commencer par la réforme des codes juridiques, devenus archaïques. Selon Abderrahmane Bouzouita, président de la Cour suprême, ces codes doivent tous être fondamentalement révisés pour les « rendre conformes aux conventions internationales sur les droits de l’homme et les libertés ». C’est notamment le cas du code pénal, dont le projet de refonte a été achevé à la fin de novembre. « Le suivi et les observations de Seif el-Islam sur la protection des droits de l’homme nous ont beaucoup aidés à élaborer un code moderne », ajoute Bouzouita, qui a dirigé l’an dernier, à la demande de Seif, la rédaction d’un projet de Constitution dont l’adoption se fait néanmoins ­attendre en raison de l’opposition exprimée par la vieille garde. Ce qui fait dire à des politologues tripolitains que, pour mener à bien les réformes, la neutralisation de la vieille garde est l’une des priorités. « Il faut, estime l’écrivain Ramadan Jarbou, retirer aux Comités révolutionnaires tous les pouvoirs – exécutif, sécuritaire et politique – et les cantonner à leur mission première, celle de motiver le peuple pour qu’il exerce le pouvoir. Par ailleurs, il convient de réviser les attributions des services de sécurité de manière que leurs agents soient comptables de leurs actes devant les juges. »

Un vent de libertéAutre dossier d’ouverture sur le bureau de Seif : l’instauration en cours d’une marge de liberté d’expression et de la presse. Déjà, une certaine liberté de ton est perceptible dans les médias libyens, y compris publics. Sur son intervention, la censure qui frappait une cinquantaine d’ouvrages – dont celui du penseur Mohamed Challabi sur la famille Senoussi, renversée par Kaddafi en 1969 – a été levée. Ils ont d’ailleurs été exposés à la Foire du livre de Tripoli dans la semaine du 22 novembre. Pour la première fois depuis sa création, il y a deux ans, Al-Ghad, le groupe de presse de Seif – qui comprend notamment deux chaînes de télévision, dont une émettant de Londres, ainsi que deux journaux –, a vu arriver à sa tête un journaliste indépendant vivant en exil à Londres, Souleimane Dougha, qui a aussitôt annoncé qu’il envisageait de créer avant la fin de l’année une ­agence de presse dénommée Libye Presse. Laquelle viendrait ainsi bousculer le monopole de l’agence officielle Jana sur l’actualité nationale.

La situation des droits de l’homme va-t-elle enfin s’améliorer dans le pays ? L’attention des Libyens en cette période est braquée sur Abou Salim, une épine dans le pied du régime. La section des droits de l’homme de la Fondation Kaddafi pour le développement et la bienfaisance (fondée par Seif en 1997) a retrouvé du mordant. Dans son rapport annuel 2009, publié le 10 décembre, elle rapporte des « cas de torture et de mauvais traitements », des « détentions injustifiées » et des « violations flagrantes des lois », et dénonce l’absence de la « moindre indépendance » des associations professionnelles et des syndicats. Elle appelle en outre à une « enquête transparente, juste et équitable » sur le massacre, en 1996, d’au moins 1 200 prisonniers à Abou Salim et à la libération de tous les prisonniers dont l’innocence a été établie et qui ont achevé de purger leurs peines. À l’instigation de Seif, Human Rights Watch, l’organisation humanitaire basée à New York, a dévoilé le 12 décembre à Tripoli son rapport annuel sur les droits de l’homme en Libye, avec ses aspects positifs et négatifs – une première dans le monde arabe. Le document note que « des améliorations limitées sont en cours en Libye, comme l’extension de la liberté d’expression et les projets de réforme du code pénal. Mais les lois répressives en matière d’expression et les abus des services de sécurité internes demeurent la norme ».

Pour le volet économique, il faudra sans doute attendre la composition de la nouvelle équipe gouvernementale, qui devrait être annoncée lors de la réunion annuelle du CGP. Seif a cependant paré au plus pressé : il a repris le contrôle de la compagnie pétrolière nationale (National Oil Corporation, NOC) en réinstallant à sa tête l’ancien Premier ­ministre réformateur Chokri Ghanem. Ce qui a eu pour effet de rassurer les compagnies pétrolières étrangères. Il a aussi pris une décision stratégique : en raison de la situation du marché mondial et pour des questions budgétaires, ce n’est pas en 2012 mais en 2017 que les capacités pétrolières du pays seront portées à 3 millions de barils par jour.

Incontestablement, depuis qu’il est numéro deux, et en attendant la clarification de ses attributions par le CGP, Seif dispose d’une marge de manœuvre qu’il n’avait pas auparavant pour mettre en œuvre son programme économique et politique. Son accord de réconciliation avec les islamistes, comme il le dit lui-même, devrait aussi permettre de ­réunir un consensus national autour de ce programme. Son intronisation en tant que numéro deux consacre son statut de dauphin putatif renforcé par l’image de réformateur libéral qu’il s’est taillée dans le monde, notamment dans les pays occidentaux, et accroît sa popularité en Libye au sein de l’élite intellectuelle, des jeunes et des opérateurs écono­miques.

Le voilà donc avec une bonne longueur d’avance sur son frère cadet, Mootassem, un militaire avec rang de colonel major dans l’armée et conseiller en titre de la sécurité nationale. Au cas où il aurait des ambitions supplémentaires, Mootassem peut compter sur le soutien d’une bonne partie de l’armée et de la vieille garde révolutionnaire, deux corps contrôlés par la tribu des Gueddafa dont est issu le « Guide ».



* Abdallah Senoussi est marié à une soeur de Safia Farkash, seconde épouse de Kaddafi et mère de Seif.

Interview : Jérémie Reichenbach realisateur du documentaire TESHUMARA


Interview : Jérémie Reichenbach
Par Sedryk le Tuesday 05 January 2010

A l'occasion de la sortie en DVD du film "Teshumara, les guitares de la rébellion touareg", son réalisateur, Jérémie Reichenbach, répond à nos questions et revient sur sa rencontre avec les musiciens de Tinariwen.

Comment s'est passée ta rencontre avec la musique touarègue ? Ça remonte à mon premier voyage au Niger, en 1997. Je m'y suis fait un ami qui avait fait partie de Takrist N'Akal, la première formation Nigérienne. C'est lui qui m'a fait découvrir la guitare touarègue et qui m'a traduit les chansons. 1997, c'était peu de temps après les accords de paix, c'était l'époque des intégrations des anciens combattants dans l'armée. Après ce voyage, je me suis renseigné sur le sujet, j'ai lu des livres, comme ceux de Claudot-Hawad, puis j'ai rencontré Nadia Belalimat qui m'a fait lire son travail.
Suite à ce premier voyage, j'ai donc eu envie de faire un film qui raconterait l'histoire des mouvements de rébellion au Mali et au Niger, au travers des chansons. En creusant, je me suis rendu compte du rôle central de Tinariwen dans la naissance de cette musique et je me suis rapproché d'eux. Pendant longtemps, j'ai eu dans l'idée de faire un film beaucoup plus général autour de la guitare touarègue et son lien avec la politique.

Au final, le film n'évoque que le Mali...Avec quelques digressions quand même sur des musiciens du Niger, comme Ajjo, la joueuse d'imzad, ou les groupes de tindé. Puis lors du tournage je me suis rendu compte à quel point les histoires des deux pays étaient particulières, mais j'ai mis longtemps à accepter de ne parler que du Mali.

Quand et comment as-tu rencontré les Tinariwen ?
J'ai d'abord rencontré Abdallah à Paris par l'intermédiaire de Nadia Belalimat. En 2000, je suis allé à Bamako où j'ai revu Abdallah, ainsi qu'Hassan. A ce moment là, j'ai entendu parler de ce projet de premier festival au désert, à Tin-Essako en janvier 2001. Je ne pensais pas revenir si tôt mais j'ai réussi àe convaincre mon producteur qu'il fallait absolument être présent à cet événement où tous les musiciens allaient être réunis. Une grosse partie du tournage a eu lieu à ce moment là et j'ai pu rencontrer les autres membres du groupe. A ce moment là, il y avait dans Tinariwen des gens comme Japonais ou Kobiwan, qui ne font plus partie du groupe qu'on connait maintenant.

Sur combien de temps s'est étalé le tournage ?
Plusieurs années. Il y a donc eu tout ce tournage début 2001, mais j'avais l'impression qu'il me manquait des choses alors j'y suis retourné en 2002. Suite à différents problèmes de production, le film n'a été terminé qu'en 2005 et est sorti en salle en 2006.

Quelles difficultés particulières as-tu rencontrées lors du tournage ?Ça a été un peu compliqué au début avec les membres du groupe. Il faut dire que j'ai moi-même beaucoup appris en faisant le film et je ne m’y prendrais pas de la manière aujourd’hui. A cette époque le groupe avait du mal à vivre de sa musique. Quand je suis arrivé avec mon projet, ils pensaient qu’il s’agissait d’un film à gros budget. Ils estimaient que cela devait être à la hauteur de leur histoire. Mais petit à petit, ils m'ont accordé leur confiance et ont cru dans le projet, même s’il était fait avec de petits moyens.

L'un des mérites du film est de montrer le groupe dans son fonctionnement original, avec ses membres historiques, avant qu'il devienne le groupe qu'on connait aujourd'hui...

Oui, et d'ailleurs, je pense qu'ils ne tiendraient plus complètement le même discours qu'à l'époque, maintenant qu'ils ont répondu à des centaines d'interviews et que leur situation a beaucoup changé. nCe film représente beaucoup pour moi et même si j’y vois beaucoup d’imperfections et de maladresses et que je le vois un peu comme un film de jeunesse, la réalisation de Teshumara m’a énormément appris tant humainement que dans mon travail de documentariste.
J’ai pourtant un regret, que l'on n'ait pas pu mettre en place un réel partenariat avec les producteurs musicaux, j'aurais aimé qu’ils se réapproprient le film, et puis aussi pouvoir continuer à filmer le groupe encore aujourd'hui... Mais le film à tout de même eu une belle carrière et à été projeté de nombreuses fois en France mais aussi à Rome, à Londres à Lisbonne, en Roumanie et au Maroc… Il a remporté deux prix lors de festivals…
Mais ce qui me fait le plus plaisir, au-delà de la vie que le documentaire a eu ici et dans les festivals, c'est son accueil là-bas. Tous les jeunes ishumar connaissent le film, et je sais qu'il a été copié, piraté, en Algérie au Mali et au Niger. On m’a même raconté qu’il était vendu sous le manteau en Lybie. Le film est devenu une référence, et c’est très gratifiant.

Ton souvenir le plus fort sur ce tournage ?
Il y en a beaucoup ! Les conditions de tournage ont été difficiles. Une fois, par exemple, on s'est retrouvé bloqué 10 jours à Kidal car il n'y avait plus d'approvisionnement en essence. Il a fallu négocier avec l'armée malienne, qui nous l'a vendu 2 fois plus cher !
Je me souviens aussi d’une séquence que j’ai tournée et que je n’ai finalement pas pu utiliser dans le montage final du film. J’avais visité un village construit pour les réfugiés touaregs, proche de Gao, qui avait durant la rébellion été attaqué par les milices gandacoï où de nombreux civils avaient été massacrés. Le village avait été depuis complètement déserté et cette petite ville fantôme m’avait fait une impression très étrange. Comme les toits des maisons avaient été volés, cela rappelait les images des villes d’Europe d’après guerre...

"Teshumara" a été achevé il y a plusieurs années et sort maintenant en DVD... Avec le recul, comment juges-tu ton film ?Pour dire la vérité, quand je le revois aujourd'hui, j'aurais envie de le remonter, certaines choses ne me plaisent plus... Mais je suis toujours aussi emmené par les témoignages d'Ibrahim, notamment quand il raconte l'histoire de son père qui a été arrêté à Kidal puis exécuté. Je trouve aussi la fin très émouvante quand il fait le bilan de la rébellion et des accords de paix. Il y a de l'amertume, mais également plein d'espoir et je trouve qu'il a été très visionnaire. Il a cette prémonition que cette paix toute neuve n'est que relative et que l'histoire de la rébellion n'est pas finie.
Sinon, pour ce qui est de la musique, j'aime particulièrement les morceaux de Japonais, notamment "Awa didjen", filmé sous la tente. J'en profite pour signaler que l'édition DVD contient aussi en bonus un morceau de Tidawt filmé à Agadez pendant les repérages, en 2000.

Depuis que tu les as filmés, les Tinariwen sont devenus très connus dans le monde entier... En as-tu été surpris ou t'y attendais-tu ?Quand j'ai vu comme cette musique me touchait, je me disais que je ne devais pas être le seul, mais je ne m'attendais pas non plus à un tel succès dans le monde entier et à cette "mode" touarègue actuelle.

Qu'as-tu ressenti la première fois que tu as entendu de la guitare touarègue ?
Déjà, la première fois, c'était des gens qui la jouaient, ce n'était pas des enregistrements. Il y avait ce côté très rock qui me plaisait, mais aussi ce côté très lancinant et répétitif. Au premier abord, beaucoup de morceaux semblent se ressembler car ils sont dans la même tonalité. D'où la grande qualité du travail fait sur les disques de Tinariwen qui ne donnent pas du tout cette impression là.

De très nombreux groupes se sont engouffrés derrière Tinariwen, t'intéresses-tu à ces jeunes groupes ? Lesquels te paraissent les plus intéressants ?
Je garde un oeil sur ce qu'il se fait mais je m'en suis un peu éloigné aussi. Je ne peux pas faire que des films sur la musique touarègue ! Je ne suis pas fan de tout, mais j'aime bien Tamikrest, les jeunes de Kidal, et aussi Bambino au Niger, évidemment.

Tu viens de réaliser un nouveau film sur les Touaregs, "La mort de la gazelle"... Quel est le propos de ce film ?

Je connais maintenant mieux le Niger que le Mali et j'ai donc suivi de très près tous les événements au moment de la naissance du MNJ. J'avais souvent des nouvelles car beaucoup de gens que je connaissais rejoignait le front et je ne me retrouvais pas dans la façon dont les événements étaient traités par les médias. C'était toujours traité de façon très succincte et superficielle, notamment au moment de l'arrestation de ces 2 journalistes français. Tout d'un coup, la vie de ces 2 journalistes avait plus de poids que tout un peuple. Je ne pouvais plus supporter ça et j'ai pensé que j'avais autre chose à apporter. À l’origine, je voulais aussi parler de ce que subissait les populations civiles, mais, pour des raisons de sécurité, j'ai dû resté avec les combattants du MNJ. Au final, c'est surtout un film sur ces jeunes recrues.

Quand tu es parti, avais-tu conscience que c'était un tournage à haut risque ?Oui, tout à fait. Je n'avais pas tellement peur de me faire arrêter par le gouvernement mais plutôt de me faire canarder ou de sauter sur une mine. Je suis resté un mois sur le terrain, en me retrouvant un peu bloqué car le MNJ attendait une grosse attaque de l'armée. On ne pouvait donc pas trop bouger et on a passé beaucoup de temps à attendre. Il y avait bien sûr beaucoup de secret autour de toutes ces opérations, on ne savait jamais quand on allait bouger, où on allait dormir. J'étais au même niveau d'informations que les combattants de base.

J'imagine que cela n'a pas dû être facile de se faire accepter par les combattants, à cause de ce côté secret, justement...Cela n'a pas été difficile pour les combattants, mais plutôt de la part des chefs. Au final, ils sont très peu présents dans le film. C'est d'ailleurs ce qui m'a été reproché ensuite par les membres du MNJ car le film n'est pas porteur du message politique officiel du mouvement. Mais la réalité des jeunes combattants que j’ai trouvé sur le terrain m’a paru très éloignée du discours officiel. J’ai plutôt connu des jeunes mal formés et mal équipés, qui risquaient leur vie sans vraiment savoir pourquoi. D'ailleurs, le mouvement s'est fini de manière assez triste... Autant au milieu des années 90, on pouvait espérer quelque chose des accords de paix, mais là, la situation ne peut pas se régler uniquement avec les milliers ou millions de dollars de la Libye, s'il n'y a pas une vraie volonté politique d'arranger les choses.

Tu t'attends donc à ce que ça recommence ?Oui, d'une manière ou d'une autre. Toutes ces vies perdues, tous ces jeunes qui ont sacrifié 2 ans de leur vie au front, et tout ça pour ça ? Une fois que les combattants auront dépensé l'argent qui doit leur être reversé, que vont-ils faire ?



Propos recueillis par Sedryk.

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