L’opération Barkhane, qui compte 3 500 militaires dans le Sahel, opère notamment dans le nord du Mali, où les actions des groupes terroristes se sont intensifiées au cours de l’année. En première ligne, elle est régulièrement visée par l’ennemi, et son action parfois décriée par les populations.barkhane-20160718
 Dans son dernier rapport trimestriel sur le Mali, rendu public il y a quelques semaines, le secrétaire général de l’ONU alertait le Conseil de sécurité sur l’augmentation des attaques visant les forces maliennes, onusiennes et françaises. Les soldats de l’opération Barkhane, en première ligne, sont en contact permanent avec ces groupes terroristes multiformes et transfrontaliers. Néanmoins, la menace terroriste ne semble pas reculer et l’action des soldats français est parfois mise en cause. « L’ensemble du théâtre d’opération surveillé par la force Barkhane est à rapporter à l’étendue du territoire à contrôler. Même au vu de ce rapport, les groupes terroristes ont quand même une marge de manœuvre très limitée. Leurs attaques lâches et indirectes avec des engins explosifs prouvent globalement que notre action les gêne vraiment dans cette partie du Mali », indique le porte-parole de Barkhane, joint à l’état-major de la force à N’Djamena au Tchad.
Ligne de front Pour empêcher les groupes armés terroristes de reconquérir des zones refuges dans le nord du pays, Barkhane mène des opérations de contrôle de zone dans le triangle Kidal – Abeïbara – Tessalit. Cette année, dans le secteur d’Abeïbara, fief du chef djihadiste Iyad Ag Ghaly, plusieurs attaques ont eu lieu, dont la dernière a blessé six soldats français. « À Abeïbara, nous avons une base temporaire qui nous permet de rayonner dans la région et d’empêcher les groupes terroristes de reconstituer leur sanctuaire. Notre présence, qui n’est pas forcément toujours fixe, perturbe ces groupes armés terroristes. On n’est pas toujours là où on nous attend, c’est un inconfort pour eux. Il faut les maintenir dans cette incertitude », affirme notre interlocuteur.
L’énigme Cheick Ag Aoussa Pour autant, l’insécurité qui perdure dans la région a été rehaussée d’un cran par le conflit intercommunautaire que se livrent le GATIA et la CMA, deux mouvements signataires de l’accord. La mort récente du numéro 2 du HCUA (membre de la CMA), Cheick Ag Aoussa, dans des circonstances troubles, a été le point d’orgue d’une campagne de dénigrement de Barkhane, et l’a indexée comme principal responsable de la mort de ce chef de guerre. « Il y a de nombreuses hypothèses et des élucubrations qui ont été faites par les uns et les autres, auxquelles il ne faut pas prêter foi », rétorque-t-on du côté de Barkhane, où on estime que les répercussions directes que pourrait avoir la mort de ce faucon sont à minimiser. « Ça pouvait être un élément déclencheur d’autres incidents, mais pour l’instant ce n’est pas le cas. Sur le terrain, la situation ne s’est pas enflammée. Aucune faction n’en a profité pour prendre l’ascendant sur l’autre. Malgré tout ce qui s’est dit sur les réseaux sociaux, les appels à manifestation, la situation est restée sous contrôle », poursuit le porte-parole.
Allers retours Selon certains observateurs, la mort de Cheikh Ag Aoussa, le chef militaire du HCUA, pourrait favoriser le passage des combattants qui lui étaient fidèles dans le rang des djihadistes d’Ançar Eddine, avec lequel il était lié, pouvant accroître l’insécurité dans la région et les attaques visant les forces étrangères. « Nos interlocuteurs sont clairement les groupes armés signataires. Après, qu’il y ait des allers retours des uns et des autres en leur sein vers des groupes terroristes, on ne peut malheureusement pas le contrôler. Nous parlons à ceux qui ont signé l’Accord de paix et qui s’engagent à remettre en œuvre l’autorité de l’État malien, partout au Mali », précise-t-il. Et de prévenir, « Barkhane continuera à lutter sans relâche contre les groupes armés terroristes. Ceux qui changent de camp pour rejoindre les groupes terroristes, deviendraient de fait nos adversaires ».