Six mois après l'éclatement de la révolte à Benghazi (est), le 17 février, le Guide libyen, au pouvoir depuis 1969, ne contrôle plus que la capitale et quelques fiefs. Mais il résiste encore...
Malgré les bombardements de l'Otan, Kadhafi tient toujours. Le conflit est-il enlisé ?
L'opération Protecteur unifié, censée durer quelques semaines, s'éternise. L'aviation de l'Otan ¯ chargée par l'Onu de protéger les civils ¯ a privé Kadhafi du gros de sa machine de guerre, l'empêchant de reconquérir Benghazi et d'écraser la révolte dans un bain de sang. Mais depuis avril, les lignes de front entre des kadhafistes mieux armés et des rebelles peu disciplinés restaient figées. Jusqu'à ce week-end, où les insurgés ont progressé significativement vers Tripoli, prenant plusieurs villes clés à l'ouest et au sud de la capitale. Kadhafi ne peut plus se ravitailler en Tunisie. La principale voie d'accès au sud, encore sous son influence, est coupée.
Les rebelles disent voir le « bout du tunnel » ?
Prudence ! Nombre de percées rebelles ont été suivies de contre-offensives dévastatrices. Mais le travail de sape de l'Otan finit par payer. En dépit du retrait des bombardiers américains, dès avril, puis norvégiens, et du retour au bercail des porte-avions Garibaldi (Italie) et Charles-de-Gaulle (France), la coalition a réalisé 127 sorties, lundi, dans le ciel libyen. Les kadhafistes « ne sont plus capables d'une opération significative », assure le général canadien Charles Bouchard. Il qualifie le tir (dans le sable) d'un missile Scud, lundi, de « geste désespéré ». En face, les rebelles sont mieux armés, un peu grâce à la France, beaucoup grâce au Qatar, et ils sont mieux conseillés, notamment par des Britanniques.
Le régime Kadhafi est-il condamné ?
« Ses jours sont comptés », affirmait hier Leon Panetta, le secrétaire américain à la Défense. Kadhafi est isolé. Sur la scène internationale : les Occidentaux, la Turquie, plusieurs États arabes ont reconnu le Conseil national de transition (CNT), installé à Benghazi, comme leur interlocuteur. Ils lui reversent les avoirs libyens gelés au début du conflit. À Tripoli même, le Guide est de plus en plus seul. Nombre d'officiers ont fui. Dernière défection : celle, lundi, du ministre de l'Intérieur. Mais le plus combatif des fils Kadhafi, Khamis, que les rebelles disaient tué par l'Otan, a reparu la semaine dernière. Il commande toujours plusieurs milliers d'hommes.
Tripoli verra-t-elle un bain de sang ?
Plutôt que de foncer tête baissée vers la capitale, les rebelles semblent vouloir l'étouffer. « Nous libérerons bientôt tout le sud », indiquait hier le porte-parole en France du CNT. Objectif : Sabha, la plaque tournante kadhafiste du désert. Ils espèrent aussi qu'à leur approche, Tripoli se soulèvera. Pour l'heure, les seules manifestations, contre les coupures de courant et le manque d'essence, sont largement encadrées et dirigées contre l'Otan et ses bombardements. Kadhafi jure de se battre jusqu'au bout. Mais, quoi qu'ils le nient, les deux camps négocient dans l'île tunisienne de Djerba.
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