publié le 07/08/2011 à 14:05
Les coupures d'électricité et la pénurie d'essence sont le lot quotidien de la population de Tripoli, où cette semaine le courant est resté coupé vingt-huit heures dans le quartier de Tadjoura.
Alors que les rebelles continuent de combattre les forces loyalistes sur plusieurs fronts, les pannes se sont succédé à un rythme de plus en plus soutenu ces dernières semaines.
De nombreux habitants de la capitale libyenne n'ont ni climatisation ni réfrigération pour affronter les journées caniculaires de l'été. La température, dimanche après-midi, était de 41°C.
Certains quartiers ne disposent que de quatre heures d'électricité par jour.
La télévision d'Etat a appelé la population à faire des économies d'énergie, notamment en arrêtant la climatisation en quittant les bureaux et en ne l'utilisant dans les mosquées que pendant les heures de prières.
Mohamed Abou Adjila Rachid, un ancien ministre de la Santé aujourd'hui haut responsable d'un hôpital, raconte avoir été privé de courant samedi en pleine intervention chirurgicale, qu'il a terminée à la lueur de l'écran d'un téléphone portable.
L'approvisionnement erratique en électricité affecte l'hôtel où sont logés les journalistes étrangers, l'un des rares endroits de la ville où internet reste disponible.
Dans les zones côtières autour de Tripoli, les véhicules s'alignent sur des kilomètres devant les rares stations-service encore ouvertes.
De nombreux Libyens ont vendu leurs voitures ou les ont laissées à l'abandon.
Pendant le mois de ramadan où les familles et amis se rassemblent le soir pour rompre le jeûne musulman, faire la cuisine devient difficile et se révèle de plus en plus onéreux.
Une bonbonne de gaz qui coûtait l'équivalent de deux ou trois dollars il y a quelques mois coûte aujourd'hui au moins vingt fois plus, quand elle est disponible.
"Personne n'achète plus rien", se lamente un boutiquier, Adel, dans son magasin de chaussures déserté et plongé dans l'obscurité à Ghout al Chaal, quartier de l'ouest de Tripoli où l'électricité a été coupée samedi après-midi. "C'est le pire ramadan de ma vie", ajoute-t-il.
Membre de l'Opep, la Libye possède les plus vastes ressources pétrolières d'Afrique et se fournit en électricité grâce à des centrales au gaz ou au gazole. Mais elle reste dépendante des importations pour s'approvisionner en essence.
Depuis le début de l'insurrection à la mi-février, les sanctions internationales pèsent sur les échanges commerciaux libyens. Le gouvernement cite aussi le problème de la contrebande de gazole libyen vers la Tunisie, où il est échangé contre de l'essence.
Pratiquement personne n'est épargné par les pénuries de carburant. Le bus gouvernemental affrété récemment pour conduire des journalistes étrangers a ainsi tenté en vain de s'approvisionner à plusieurs stations avant de devoir siphonner de l'essence dans un jerrican caché sous les sièges.
Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a imputé cette semaine l'origine de ces pénuries aux raids aériens de l'Otan sur des centrales électriques et aux attaques des rebelles contre des oléoducs.
L'Alliance est intervenue fin mars en Libye en vertu de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'Onu autorisant le recours à la force pour la protection des populations civiles.
"Ces attaques visent à affamer et déplacer la population libyenne et à provoquer une crise humanitaire. Qu'est-ce que les lignes électriques ont à voir avec des batailles militaires ou la protection des civils?" a déclaré Khaled Kaïm. "Les Libyens, grâce à Dieu, savent qui est réellement derrière tout ça."
Le message porte, du moins dans certaines franges de la population de Tripoli.
"Nous n'avons ni essence, ni voiture, et c'est de la faute de l'Otan", lance Abdoul Salim Tahrouni, un vendeur de légumes. "C'est OK, même si nous n'avons plus d'eau, nous resterons aux côtés de notre chef."
Interrogé sur ces allégations, un responsable de l'Otan a affirmé dimanche à Reuters que l'Alliance n'avait jamais visé les lignes d'approvisionnement électrique en Libye.
En dépit du contrôle étroit exercé par les autorités sur le travail des journalistes étrangers dans la capitale, des signes de mécontentement sont perceptibles. Des témoins font état de rassemblement isolés, sporadiques, d'habitants exaspérés par la détérioration des conditions de vie.
Jean-Stéphane Brosse pour le service français
Par Reuters
De nombreux habitants de la capitale libyenne n'ont ni climatisation ni réfrigération pour affronter les journées caniculaires de l'été. La température, dimanche après-midi, était de 41°C.
Certains quartiers ne disposent que de quatre heures d'électricité par jour.
La télévision d'Etat a appelé la population à faire des économies d'énergie, notamment en arrêtant la climatisation en quittant les bureaux et en ne l'utilisant dans les mosquées que pendant les heures de prières.
Mohamed Abou Adjila Rachid, un ancien ministre de la Santé aujourd'hui haut responsable d'un hôpital, raconte avoir été privé de courant samedi en pleine intervention chirurgicale, qu'il a terminée à la lueur de l'écran d'un téléphone portable.
L'approvisionnement erratique en électricité affecte l'hôtel où sont logés les journalistes étrangers, l'un des rares endroits de la ville où internet reste disponible.
Dans les zones côtières autour de Tripoli, les véhicules s'alignent sur des kilomètres devant les rares stations-service encore ouvertes.
De nombreux Libyens ont vendu leurs voitures ou les ont laissées à l'abandon.
Pendant le mois de ramadan où les familles et amis se rassemblent le soir pour rompre le jeûne musulman, faire la cuisine devient difficile et se révèle de plus en plus onéreux.
Une bonbonne de gaz qui coûtait l'équivalent de deux ou trois dollars il y a quelques mois coûte aujourd'hui au moins vingt fois plus, quand elle est disponible.
"Personne n'achète plus rien", se lamente un boutiquier, Adel, dans son magasin de chaussures déserté et plongé dans l'obscurité à Ghout al Chaal, quartier de l'ouest de Tripoli où l'électricité a été coupée samedi après-midi. "C'est le pire ramadan de ma vie", ajoute-t-il.
Membre de l'Opep, la Libye possède les plus vastes ressources pétrolières d'Afrique et se fournit en électricité grâce à des centrales au gaz ou au gazole. Mais elle reste dépendante des importations pour s'approvisionner en essence.
Depuis le début de l'insurrection à la mi-février, les sanctions internationales pèsent sur les échanges commerciaux libyens. Le gouvernement cite aussi le problème de la contrebande de gazole libyen vers la Tunisie, où il est échangé contre de l'essence.
Pratiquement personne n'est épargné par les pénuries de carburant. Le bus gouvernemental affrété récemment pour conduire des journalistes étrangers a ainsi tenté en vain de s'approvisionner à plusieurs stations avant de devoir siphonner de l'essence dans un jerrican caché sous les sièges.
Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a imputé cette semaine l'origine de ces pénuries aux raids aériens de l'Otan sur des centrales électriques et aux attaques des rebelles contre des oléoducs.
L'Alliance est intervenue fin mars en Libye en vertu de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'Onu autorisant le recours à la force pour la protection des populations civiles.
"Ces attaques visent à affamer et déplacer la population libyenne et à provoquer une crise humanitaire. Qu'est-ce que les lignes électriques ont à voir avec des batailles militaires ou la protection des civils?" a déclaré Khaled Kaïm. "Les Libyens, grâce à Dieu, savent qui est réellement derrière tout ça."
Le message porte, du moins dans certaines franges de la population de Tripoli.
"Nous n'avons ni essence, ni voiture, et c'est de la faute de l'Otan", lance Abdoul Salim Tahrouni, un vendeur de légumes. "C'est OK, même si nous n'avons plus d'eau, nous resterons aux côtés de notre chef."
Interrogé sur ces allégations, un responsable de l'Otan a affirmé dimanche à Reuters que l'Alliance n'avait jamais visé les lignes d'approvisionnement électrique en Libye.
En dépit du contrôle étroit exercé par les autorités sur le travail des journalistes étrangers dans la capitale, des signes de mécontentement sont perceptibles. Des témoins font état de rassemblement isolés, sporadiques, d'habitants exaspérés par la détérioration des conditions de vie.
Jean-Stéphane Brosse pour le service français
Par Reuters
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