samedi 20 août 2011

En Libye, les incertitudes de l'après-Kadhafi


Ouest France.fr


samedi 20 août 2011

Avec la prise de Zliten, hier, les rebelles libyens se sont encore rapprochés de Tripoli. L'opposition se prépare à prendre le pouvoir, mais ses divisions inquiètent.

Repères

Si le régime de Kadhafi tombe, le Conseil national de transition (CNT) est-il apte à gouverner ?
L'organe politique de la rébellion, basé à Benghazi (est), d'où est partie la révolte, a adopté, le 3 août, une déclaration constitutionnelle. Ce texte définit les règles qui doivent prévaloir avant l'adoption, par référendum, d'une Constitution démocratique. Il a prévu de s'installer à Tripoli dès sa libération.
Qui compose ce Conseil ?
Des technocrates et des diplomates. Ils sont réformateurs et pro-occidentaux, comme Mahmoud Jibril, le chef du bureau exécutif. Diplômé de sciences politiques aux États-Unis, il était chargé, avant le soulèvement, d'attirer les investissements en Libye. D'autres sont d'anciens proches de Kadhafi, qui ont fait défection pour protester contre la répression. C'est le cas du président du CNT, Moustapha Abdeljalil, ministre de la Justice jusqu'à février. Enfin, on y trouve des défenseurs des droits de l'homme, comme le vice-président du CNT, l'avocat Abdel Hafez Ghoga, mais aussi des islamistes et des partisans de la monarchie abolie par Kadhafi en 1969.
Quelle est sa légitimité ?
Le CNT se définit comme le « seul représentant du peuple libyen ». Les Occidentaux et nombre de pays arabes le reconnaissent déjà comme leur interlocuteur et le financent. Il affirme avoir des membres clandestins, issus des villes encore sous influence de Kadhafi. Dans les faits, il reste très ancré en Cyrénaïque et est composé en majorité de l'élite arabe. Il lui faudra intégrer des représentants de l'Ouest, des Touaregs et des Berbères.
Dirige-t-il l'insurrection ?
Il n'a qu'une autorité partielle sur les combattants. Ceux-ci sont répartis en brigades, structurées autour de chefs locaux, et parfois très indépendantes vis-à-vis de Benghazi. Après l'assassinat du chef de l'état-major insurgé, Abel Fatah Younès, le CNT a appelé toutes les factions à se rassembler. Certaines sont réfractaires, comme le Groupe islamique combattant en Libye, dont un des chefs avait fait allégeance à Al-Qaida en 2006.
Au pouvoir, l'unité du CNT ne risque-t-elle pas de se fissurer ?
C'est un conglomérat hétéroclite, dont le ciment est l'anti-kadhafisme. Les spéculations sur l'assassinat du général Fatah Younès ont révélé de profondes fractures. Les islamistes sont soupçonnés car ils ont un mobile : lorsqu'il était chef du renseignement, Younès les a sévèrement réprimés. Pour d'autres, l'ancien ministre de la Défense menait un double jeu et l'aurait payé. En réaction à ces divisions, le 8 août, Moustapha Abdeljalil a dissous le bureau exécutif. Cet assassinat complique aussi les relations avec la tribu des Obeidi, l'une des plus puissantes, dont Younès était originaire. Pour l'apaiser, le CNT a remplacé Younès par l'un de ses cousins. Reste à savoir si, au pouvoir, le CNT resterait assez souple pour gérer de telles contradictions.

Amélie MOUGEY.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

La question qu'il faut vous poser est quel est l'avenir des touregs en Libye, eux qui se sont rangés massivement du côté de Gaddafi, mis à part quelques uns très minoritaires.