jeudi 10 décembre 2009

Changements climatiques : L’Afrique s’accroche à la compensation


Jean Claude Kongo Le Pays N° 4510 du 10-12-09
jeudi 10 décembre 2009


Le continent africain est bel et bien présent à la conférence sur le climat, à Copenhague. Il y est représenté en masse et, fait nouveau, semble bien décidé à faire front commun et à parler d’une seule voix pour défendre ses intérêts.

Ce que les pays africains à ce jour n’auront pas réussi la prouesse de réaliser lorsqu’il s’est agi de l’esclavage et de la colonisation, ils sont en passe de l’accomplir, pour les changements climatiques, au sommet de Copenhague : ils auront su taire leurs divergences multiples pour accorder leurs violons, faire chorus et exiger une seule et même chose : des compensations pour leur continent, le moins pollueur de la planète, mais, paradoxalement le plus affecté par les changements climatiques provoqués par la pollution des autres. Et c’est le même discours que l’on entend de la bouche de tous les Africains, qu’ils soient représentants des pays sahéliens ou ceux des pays forestiers d’Afrique centrale. L’union sacrée est bien réelle et le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, qui dirige la délégation africaine à Copenhague, comme pour indiquer que les Africains n’étaient pas vraiment présents à ce sommet pour rigoler, a bien indiqué que le continent noir quitterait la table des négociations si des compensations financières ne leur étaient pas consenties, et suffisamment pour lutter contre les conséquences du réchauffement climatique. L’Afrique est plus que jamais décidée à faire entendre sa voix. Et fort heureusement pour elle, de puissantes ONG ainsi que d’importantes personnalités politiques occidentales font cause commune avec elle. Toutes sont convaincues, avec elle, que le continent souffre déjà au quotidien du fléau du réchauffement climatique et que ce dernier est appelé à grandir si rien n’est fait pour y mettre dès à présent un coup de frein définitif.

Reste à savoir si l’argumentaire présenté sera suffisant pour convaincre les décideurs. Et à supposer qu’ils y consentent, si la tentation n’existera pas, de la part des "donateurs", de "couler" en douce la compensation demandée dans l’aide déjà existante pour la coopération ainsi que le développement. Si tel était le cas, le continent ne serait pas vraiment sorti de l’auberge, puisqu’à l’allure où vont les choses, c’est l’Afrique entière qui subit de plein fouet les effets pervers du réchauffement du climat et qui, bien malheureusement, ne possède pas vraiment les moyens adéquats pour y remédier. Les récentes inondations qui ont occasionné des milliers de sans-abris dans la zone ouest-africaine, aux mois d’août et de septembre derniers, auront fini par convaincre même les plus sceptiques parmi les habitants du continent, que le changement climatique dont on parle tant n’est pas une vue de l’esprit.

Il faut alors souhaiter deux choses : primo, que les Occidentaux se révèlent altruistes et accèdent à la requête des représentants du continent à ce sommet. C’est toute l’Afrique qui en a réellement grand besoin. Secundo, que les dirigeants africains, à supposer qu’ils obtiennent cette compensation, se mettent en devoir de l’utiliser à bon escient, pour la chose en vue de laquelle elle aura été consentie. Cela ne servirait à rien si les millions d’euros à venir et destinés à sauvegarder le futur climatique du continent devaient finir par se retrouver bien au chaud dans quelque compte douillet de banques suisses ou s’en retourner ailleurs et alimenter quelque caisse secrète d’obscurs fournisseurs d’armes d’Europe centrale ou d’Asie. Un peu comme ce fut le cas pour l’aide au développement. Ce qu’on a obtenu par la supplication et les larmes, la sagesse commande de l’utiliser avec intelligence, probité et sérieux. Ce serait là la moindre des choses. Et c’est la survie de l’Afrique de demain qui, sérieusement, en dépend.

Par Jean Claude KONGO

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