jeudi 24 décembre 2009

AQMI/Abou Hannas, le juge du désert


Courrier International - 23.12.2009
mercredi 23 décembre 2009
Le sort des six ressortissants français, espagnols et italiens capturés ces derniers jours dans la zone du Sahel pourrait dépendre d’un jeune imam mauritanien devenu la caution religieuse d’Al-Qaida au Maghreb islamique, avance le quotidien espagnol El País.

Les enlèvements de ressortissants européens se multiplient depuis un mois dans le Sahel. Aux rapts du Français Pierre Cammatte, le 25 novembre à Mékana, au Mali, et de trois humanitaires espagnols le 29 novembre dans le nord-ouest de la Mauritanie, revendiqués par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), est venue s’ajouter, le 19 décembre, la capture d’un couple d’Italiens dans le sud-est de la Mauritanie, près de la frontière malienne.

Concernant les trois Espagnols, leur sort est entre les mains d’un Mauritanien connu sous le nom d’Abou Hannas, croit savoir le quotidien El País. Cet homme, âgé d’une trentaine d’années, ancien imam passé à la lutte armée, est depuis quelques années le référent religieux d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), un groupe issu de l’alliance en 2006 des militants algériens du Groupe salafiste de prédication et de combat (GSPC) et de ceux du réseau d’Oussama Ben Laden. La nébuleuse AQMI est composée aujourd’hui, selon des sources des renseignements français et mauritaniens, de quatre brigades fortes de 300 hommes de sept nationalités différentes. "La forte expansion d’AQMI a obligé ses dirigeants à se doter d’un juge du désert qui puisse expliquer leurs décisions et les bénir", rapporte l’envoyé spécial du quotidien espagnol à Nouakchott, la capitale mauritanienne, sur la foi de sources proches des salafistes.

La gendarmerie mauritanienne attribue au juge du désert Abou Hannas la rédaction d’un document intitulé "Manuel sur les prisonniers étrangers", saisi lors d’une opération policière à Nouakchott. Ces quelques feuillets en arabe expliquent que faire avec les personnes enlevées et comment les traiter : s’il s’agit de femmes, les djihadistes sont autorisés à les prendre pour épouses, s’il s’agit de militaires, à les tuer et dans le cas de civils, ils doivent demander un échange de prisonniers ou une rançon.

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