Edito / De Arlit à Tora Bora
Aqmi a raison d’enlever les Français qui, par contre, ont tort de s’attarder en Aghanistan et d’interdire la burqa. L’enregistrement de Ben Laden diffusé hier sur Al Jazzira et authentifié par les services américains rallume les phares de l’actualité sur le coup d’Arlit qui était en train de devenir un détail dans l’histoire à rebondissements de la terrible nébuleuse terroriste.
En fait, l’interprétation est simple : non seulement le destructeur des tours jumelles donne ici une fatwa légitimant Abuzeid et Belmokhtar mais il reconduit tacitement le contrat d’embauche d’Aqmi - des spécialistes avaient soutenu que cette organisation n’avait rien à voir avec Al Qaeda- et valide, par conséquent, le business-plan des émirs du rapt. Une bénédiction pour les chefs salafistes car au même moment le pouvoir mauritanien s’échine à les dépeindre comme des moins que rien, de vulgaires bandits et de tristes imposteurs se servant du Coran pour desservir l’Islam. C’est aussi une bouffée d’oxygène pour les jihadistes du Sahel autour desquels l’étau se resserre par les pressions respectives de la Mauritanie, de la France, du Mali, du Niger et de l’Algérie.
Le satisfecit donné par Ben Laden n’est d’aucun apport logistique pour les ravisseurs d’Arlit dont il se dit qu’ils sont désormais circonscrits et contraints de négocier la libération de leurs victimes et ce, pour pouvoir échapper eux-mêmes. Mais pour les inconditionnels du barbu saoudien que l’on retrouve dans bien des rues arabe et africaine, cet avis peut changer le regard sur Aqmi et celle-ci en a bien besoin aujourd’hui.
Ensuite, c’est très bon pour Ben Laden lui-même. Car c’est la preuve que cet homme, sans doute le plus recherché au monde a déjà vaincu l’Amérique, le 11 septembre 2001 et les années qui suivirent. Enfin, il relie Timetrine et Tora-Bora d’un pont invisible mais idéologiquement solide. Ce n’est pas tout bénéfice pour les hommes de Droudkel car leur validation par le milliardaire terroriste va décupler la détermination de leurs adversaires à les abattre. Mais ce qui leur faut juste maintenant, c’est un parrain qui compte et ils l’ont eu.
Adam Thiam
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