Anne Lauvergeon rassure le personnel d’Areva
Vendredi au Niger, la présidente du groupe français a rappelé "la solidarité et l’unité" qui doivent prévaloir entre son entreprise et le pays africain.
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Anne Lauvergeon, la patronne d’Areva , et le ministre nigérien des Mines et de l’Energie (à droite) à la signature du contrat Imouraren/2009
Anne Lauvergeon venait au Niger pour porter deux messages, de solidarité et de détermination: l’un en interne, destiné aux salariés d’Areva, et l’autre pour les autorités nigériennes. Une communication un brin parasitée par Al- Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) qui, dans le même temps, a diffusé les premières images des sept otages, dont cinq Français, enlevés dans la nuit du 15 au 16 septembre à Arlit. "Les terroristes n’auront pas le dernier mot", a martelé vendredi la présidente d’Areva, martiale en tailleur beige, sous le hangar de l’aéroport utilisé par le petit avion d’Areva. "Areva reste au Niger", a-t-elle répété plusieurs fois, avec un large sourire. Mais elle s’est aussi crispée lorsqu’on lui a demandé, dans la perspective des prochaines négociations de la France avec Aqmi, si "Areva mettrait la main à la poche". "Je ne répondrai pas à cette question." Puis, se reprenant, très vite: "Notre première priorité, c’est la libération des otages."
De fait, les questions de la presse ont essentiellement porté sur les questions de sécurité. Et Anne Lauvergeon n’était pas prioritairement venue pour cela. Pour l’heure, un audit est en cours ; et des décisions seront prises prochainement. L’objectif premier était, pour la présidente du groupe français, de rassurer son personnel: 2.200 personnes réparties sur deux mines en activité – Cominak et Somaïr – à Arlit et sur le site d’Imouraren, la future, immense et prometteuse mine d’uranium. Avec l’attaque menée par Aqmi à Arlit, la ville appelée dans les années 70 "Petit Paris", Areva a été déstabilisée, prise en défaut. Les craintes, chez un personnel désormais exclusivement nigérien – après le rapatriement de tous les expatriés – portent sur l’avenir de la production et l’emploi. C’est pourquoi Anne Lauvergeon, accompagnée du ministre nigérien des Mines, M. Souleymane Abba, de deux généraux français "Areva" (le général Quesnot et le général Champenois), et du directeur de l’activité minière du groupe, Sébastien de Montessus, a passé une grande partie de la journée d’hier à Arlit. Partie à 8 heures du matin de Niamey, elle n’en est revenue qu’à 17 heures, après plusieurs réunions avec le personnel, une visite de l’usine de la Cominak, un déjeuner au restaurant de la société et un passage devant la modeste villa où ont été enlevés les époux Larribe, aujourd’hui otages. "Nous pensons très fort à eux et à leur famille", a-t-elle déclaré.
Après son arrivé jeudi à Niamey, la présidente d’Areva avait consacré une grande partie de son après-midi à des rencontres avec les officiels nigériens, à commencer par le chef de l’Etat, Salou Djibo, qu’elle n’avait rencontré qu’une fois depuis le coup d’Etat du 18 février. Le général l’a reçue en tête à tête, quelques minutes, avant une rencontre réunissant la ministre des Affaires Etrangères et ses collègues des Mines et de l’Intérieur. Côté français, outre la délégation venue de France avec la présidente d’Areva, on comptait le directeur général d’Areva au Niger, Olivier Muller, et l’ambassadeur de France, Alain Holleville. "Nous avons discuté avec le chef de l’Etat, face à cet acte terroriste, de la solidarité et de l’unité qui existent entre le Niger et notre entreprise. On ne mettra pas, l’expression a été donnée par un de ses ministres, une feuille de papier à cigarette entre le Niger et Areva. Nous sommes solidaires", a-t-elle déclaré en sortant de la Villa Verte, qui abrite la présidence nigérienne. Une entente franco-nigérienne indispensable: l’uranium est la première ressource du Niger; et cet cet uranium, la France ne peut s’en passer.
Nathalie Prévost, correspondante à Niamey (Niger) - Le Journal du Dimanche
Samedi 02 Octobre 2010
Hommage à Abdallah, celui qui a sauvé des Français
A une question sur les "complicités internes" de salariés nigériens d’Areva qui auraient pu aider les terroristes d’Aqmi, la présidente d’Areva a répondu par un hommage appuyé à Abdallah, enlevé par erreur à la place de son voisin français . "Les enquêtes sont en cours. Nous verrons bien ce qu’il en ressortira de complicités potentielles ou pas. […] Ce que nous savons, par contre, je voudrais en témoigner ici, c’est l’extraordinaire courage de notre collègue nigérien, qui, au péril de sa vie, a refusé de dire où étaient les expatriés. Qui a cru sa dernière heure venue, qui l’avait accepté et qui a préféré mourir que de parler [il a finalement été relâché par les ravisseurs]. […] Ne compliquons pas le sujet: je pense que, franchement, il ne faut jamais confondre les agresseurs et les agressés ."
Le JDD
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