mercredi 5 novembre 2014

« Timbuktu »,film en lice pour les Oscars qui fait la lumière sur les extrémistes

Jemal Oumar à Nouakchott pour Magharebia –
Pour la première fois, la Mauritanie présente un film dans la course aux Oscars.
Le film d’Abderrahmane Sissako, « Tombouctou » fait partie des quatre-vingt-trois films nominés dans la catégorie du meilleur film étranger lors des 87èmes Academy Awards.
« Tombouctou, le chagrin des oiseaux » met en lumière la loi très dure appliquée par les islamistes alliés à al-Qaida lors de leur prise de pouvoir dans le Nord-Mali en 2012.
Ce film pourrait avoir un impact sur les jeunes qui seraient attirés par l’Etat islamique (EIIL) et les autres groupes terroristes, explique l’une des jeunes stars de ce film.
Khalifa Ould Bouy Ahmed, un jeune homme qui joue le rôle d’un extrémiste, a expliqué à Magharebia que ce film aidera à faire la lumière sur la vie contradictoire des fondamentalistes.
« Alors que les islamistes radicaux interdisent de fumer et de parler aux femmes, nous voyons certains d’entre eux fumer en cachette et parler discrètement à des femmes », explique-t-il.
« Au vu des liens d’amitié que nous avions avec nombre de ces jeunes qui sont partis rejoindre les groupes extrémistes, j’ai été convaincu que je devais jouer dans ce film pour tenter de faire la lumière sur les déviations dangereuses et l’idéologie extrémiste dont ces jeunes ont été les victimes », ajoute-t-il.
Selon lui, le cinéma « peut jouer un rôle essentiel en montrant les islamistes radicaux, ce qui aidera d’autres jeunes à ne pas tomber eux aussi dans ce piège ».
« Ce film tente également de présenter une image réelle des origines des terroristes et des motifs qui poussent ces jeunes à recourir à l’extrémisme. Il dépeint également l’esprit de coexistence et de tolérance qui caractérise la vie des habitants locaux et les pousse à rejeter la loi des islamistes extrémistes », explique à Magharebia l’assistant réalisateur Sidi Mohamed Chiker.
« Je considère qu’il est de notre devoir d’aider à dissiper toute ambiguïté et d’expliquer au monde ce qu’est le phénomène du terrorisme et de l’extrémisme religieux dans notre région. C’est le rôle principal du cinéma », ajoute-t-il. « En tant qu’artistes arabes et africains, nous reconnaissons que nous arrivons certes relativement tard, mais nous présentons néanmoins une partie de l’image qui manquait. »
Magharebia a également rencontré Salem Dendou, vétéran du cinéma mauritanien, qui joue le rôle d’un personnage clé dans ce film, celui du magistrat terroriste qui ordonne les exécutions, les lapidations et les amputations des mains.
« Le but de ce film est de montrer l’importance de Tombouctou et de son symbolisme religieux tolérant », explique-t-il.
« Le rôle du cinéma est de présenter la réalité et de faire connaître le véritable visage du terrorisme », ajoute-t-il. « Ce rôle est plus important que celui de la politique et des médias, parce qu’il brosse un portrait direct et vivant de la réalité. »
Ce film, qui a été présenté dans plusieurs salles de Nouakchott en septembre et en octobre, a été tourné dans un cadre similaire, dans la ville historique d’Oualata, dans le sud-est de la Mauritanie.
Lors d’une conférence de presse organisée en marge de la première du film en septembre à Nouakchott, son réalisateur Abderrahmane Sissako a parlé des raisons qui l’avaient incité à faire ce film et de sa vision du cinéma en tant qu’artiste.
Il explique avoir dépeint le concept de la radicalisation religieuse et des conflits internes dans les personnalités des extrémistes et leur vision de la vie, ainsi que le maintien, de la part des habitants de la région, d’une culture qui rejette l’extrémisme et de leur fierté envers leurs spécificités locales, fondées sur un Islam modéré.
Ce film a remporté deux prix lors du Festival international du film de Cannes en 2014, où il était projeté pour la première fois.
http://magharebia.com/fr/articles/awi/features/2014/11/03/feature-02
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