dimanche 9 décembre 2012

Fanfaronnades

Fanfaronnades M. Saadoune- le Quotidien d’Oran Les Etats-Unis ne partagent pas l’enthousiasme de la France et de ses alliés africains pour une action mili taire «rapide» au nord du Mali. Ils l’ont fait savoir de manière régulière même si l’on ne s’attend pas à ce qu’ils usent d’un veto contre une résolution soumise par la France. Il reste que l’ampleur des réserves américaines contraste franchement avec le discours guerrier très léger de certains dirigeants ouest-africains, à l’image d’Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire).Alors que la France se fait plutôt discrète sur le sujet, après avoir pris acte du bout des lèvres de l’évolution des positions chez les organisations touaregs, ces dirigeants ouest-africains semblent tout faire pour prendre de vitesse les efforts en vue d’une solution politique entre les acteurs maliens de la crise. A croire qu’un processus politique entre Bamako et les groupes targuis – qui implique une sérieuse réforme de l’Etat – est devenu une «menace» prioritaire qu’il s’agit pour ces gouvernements pro-français de contrer. Leurs critiques contre les remarques pertinentes de Ban Ki-moon et leur empressement à vouloir aller «rapidement» et en «urgence» vers l’intervention militaire sont difficilement explicables par des arguments rationnels. Pensent-ils qu’une négociation débouchant sur une réforme de fond de l’Etat malien soit plus risquée pour eux que le maintien d’une instabilité endémique au nord du Mali et par conséquent à l’ensemble du Sahel ? Il est difficile de cerner les motivations réelles de ces Etats qui suivent en surenchérissant la politique défendue par Paris. Leur discours belliciste contraste singulièrement avec leurs capacités réelles d’action au nord du Mali. Les experts militaires doutent fortement – pour ne pas parler de certitude – de la capacité des 3.300 hommes de la Cédéao appuyés par une armée malienne déroutée à reprendre en main le nord du Mali et à rétablir la stabilité. Il y a de la fanfaronnade dans ces postures des dirigeants ouest-africains. Ils sont par certains côtés totalement irresponsables quand on observe l’étendue du territoire concerné et les problèmes que vivent les populations du Nord. Cet excès de bellicisme explique peut-être qu’une «source diplomatique occidentale» a décidé de dire tout haut les raisons des grandes réticences des Américains. Ces derniers ne croient tout simplement pas à la «capacité de Bamako et de ses voisins à mener à bien l’opération», «ils n’ont pas confiance dans la capacité des troupes africaines et de l’armée malienne à faire le travail». On n’est pas sur un registre politique mais sur celui, très terre à terre, des capacités opérationnelles des forces de la Cédéao à mener une action militaire au Nord-Mali. A plus forte raison quand cette action militaire ne cible pas de manière stricte les organisations terroristes et agit comme une sorte de «reconquête» revancharde du sud du Mali contre les populations du Nord. La légèreté des Alassane Ouattara and co est telle qu’on se demande s’ils ont pleinement conscience de ce dont ils parlent. La France qui officiellement ne veut pas être physiquement présente dans une guerre n’ignore pas non plus que se mettre à dos les Touaregs dans une démarche militariste qui les assimile à des intrus dans leur propre pays et à des terroristes est très dangereux. D’un point de vue purement rationnel – et opérationnel -, c’est une attitude inexplicable. Et qui suscite une suspicion légitime sur les buts réels que l’on assigne à une intervention militaire se donnant des cibles très larges alors qu’il s’agit officiellement de combattre les terroristes. http://www.lequotidien-oran.com/?news=5176492 8 décembre 2012

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