jeudi 13 décembre 2012

ELHADJ AHMOUDOU AHANLAWE DANS LE COLLIMATEUR DU POUVOIR DU PRESIDENT ISSOUFOU

ELHADJ AHMOUDOU AHANLAWE DANS LE COLLIMATEUR DU POUVOIR DU PRESIDENT ISSOUFOU 08 Décembre 2012 Aïr Info Politique - Nation Le mercredi 31 octobre 2012, vers 18 heures, cinq véhicules armés de 14/5 et 12/7 arrivent au campement de Tchitintagatt situé à 3 km au nord de Imouraren. La mission était conduite par un lieutenant du nom de Arzika et avait pour ordre de conduire le vieux Elhadj Ahmoudou Ahanlawé, chef traditionnel de la zone et ancien vice-président de la commission des Droits de l’Homme du temps de l’ancien président Tandja Mamadou. Qu’a fait ce vieillard septuagénaire et malade de surcroit pour être interpellé manu militari ? Aïr Info a mené l’enquête. D’après nos sources, en arrivant au campement du vieux Ahanlawé, le lieutenant lui a demandé de lui avouer tout ce qu’il sait sur un véhicule de couleur blanche bondé d’armes qui a été aperçu à côté de sa maison. Le vieux outré par une telle question nie tout en bloc. Il répondit au lieutenant qu’il est malade et qu’il n’est au courant de rien. Piqué au vif, le lieutenant a demandé alors au vieux Ahanlawé de les suivre jusqu’à Arlit. Mais le vieux refuse en relevant que le lieutenant Arzika qui conduisait la mission n’était muni d’aucun mandat d’amener signé par le juge. Vraisemblablement ce dernier ne les possédait pas et donc a agi en toute illégalité. Devant le refus d’obtempérer du vieux de les suivre, le Lieutenant Arzika appelle alors son supérieur hiérarchique basé à Arlit. Ce dernier lui aurait ordonné alors de fouiller toute la maison du Vieux. Là aussi, il fut relevé au Lieutenant qu’il doit présenter un mandat de perquisition. Mais ce derneir passa outre et ordonna à ces agents de fouiller toute la maison. En perquisitionnant, ils vont trouver un fusil de chasse et un appareil de transmission radio. Pour lever toute équivoque, sur place Ahanlawé leur montre le permis du port de l’arme en question et les papiers de l’appareil radio qu’il avait légalement acquis pour son agence de voyages. Dans leur fouille, les militaires vont tomber sur une lettre écrite en français et intitulée “ Lettre aux sages de la commune de Dannat ”. Elle sera aussi emportée avec les autres objets trouvés. Dans la lettre dont Aïr Info s’est procurée copie, Ahanlawé condamne la société Areva de polluer l’environnement de Dannat et de ne rien investir pour la zone polluée. Il fustige le comportement de Areva qui assoiffe la population de Dannat laquelle est obligée de marcher jusqu’à cinq kilomètres pour trouver de l’eau à boire, précisément jusqu’à Toukakan. Il est dit aussi dans la lettre que malgré des boutons bizarres qui poussent sur la peau des habitants de la zone consécutifs à la radiation, Areva ne donne aucun médicament à ces pauvres malades. La lettre parle aussi du chômage qui étrangle les jeunes de la zone. Après avoir passé la nuit au campement de Tchitintagatt, les cinq véhicules plus celui du vieux Ahmoudou vont quitter vers 6 heures du matin. Arrivés à Arlit, vers huit heures, Ahanlawé va être présenté au supérieur du lieutenant Arzika, un certain Iro. Ce dernier lui pose la même question sur le véhicule blanc aperçu dans sa zone. Le supérieur ira jusqu’à reprocher à Ahanlawé d’être à la base d’un trafic d’armes entre la Libye et le Mali. En un mot, il soupçonnerait Ahanlawé de livrer des armes aux Touaregs maliens et que c’est dans ce cadre qu’il aurait même été arrêté par les Algériens. Avec véhémence, le vieux Ahanlawé va infirmer ces graves accusations. Il affirme qu’il est un honnête citoyen qui respecte son pays et par conséquent dit n’avoir jamais trempé dans un quelconque trafic d’armes. Et quant à l’arrestation dont parlait l’officier, Ahanlawé rectifie qu’elle n’a pas eu lieu en Algérie mais en Libye après qu’il ait eu des démêlés avec des Toubous. Il a justifié son voyage en Libye dans le cadre d’une présentation des condoléances à sa famille habitant Kambo Sebha qui a perdu un de ses membres. D’après nos sources, l’officier Iro ira jusqu’à demander clairement au vieux Ahmoudou de quitter Tchitintagatt pour aller vivre à Niamey. Mais le vieux lui aurait répondu ceci : “ Je suis né ici , je vais mourir ici ! “. Après toutes ces questions, on rendit à Ahmoudou son arme mais pas son appareil radio. Des excuses seront alors présentées à Ahanlawé et vers 15 heures, il fut prié de rentrer chez lui. Fait curieux dans cette affaire, nos investigations ont montré que la gendarmerie d’Arlit ignorait tout sur cette affaire jusqu’à ce que le Chef de Brigade, le nommé Aboubacar et le chef de la Coordination d’Arlit le sieur Mahamane Ousmane soient mis au courant par l’officier qui a interpellé Ahanlawé. Questions ? De qui a t-il alors reçu l’ordre d’interpeller le vieux ? Pourquoi le lieutenant Arzika n’a même pas jugé utile de se prémunir d’un mandat d’amener ou de perquisition en bonne et due forme ? Ce sont de tels comportements qui accentuent l’aversion de l’Etat par une partie de la population d’Agadez. Pour y remédier, Il faut que les forces de sécurité arrêtent ce déni de justice flagrant sous prétexte qu’Agadez est une zone militaire. La population d’Agadez doit jouir du même traitement en droits que le reste du pays. Au moment où Ahanlawé pensait que ses déboires ont pris fin, le lendemain, c’est au tour du procureur d’Arlit de l’appeler et de lui notifier de quitter Arlit pour Niamey. Ce que le vieux fit dans les heures qui ont suivi. Qu’est ce qui attend Ahanlawé à Niamey ? Que reproche-t-on réellement à ce vieillard fatigué et qui se bat contre la maladie de l’âge ? Si d’aucuns trouvent justifié de l’interpeller à cause de son franc-parler agaçant, notamment face à l’industriel Areva, d’autres par contre évoquent un implacable règlement de compte politique pour faire plier l’échine à ce fervent militant de Tandja Mamadou. Qui a tort et qui a raison ? Les prochains jours nous le diront ! Ibrahim Manzo DIALLO

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