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dimanche 16 décembre 2012
Ansar al-Sharia s’installe au Mali
Ansar al-Sharia s’installe au Mali
Raby Ould Idoumou pour Magharebia à Nouakchott – 14/12/12
Des extrémistes libyens seraient en train de s’associer aux djihadistes présents au Mali, en y créant une nouvelle branche d’Ansar al-Sharia.
[AFP/Issouf Sanogo] Les islamistes de Gao viennent de fonder une nouvelle branche d’Ansar al-Sharia.
Les islamistes maliens ont annoncé dimanche dernier, le 9 décembre, la création de leur propre groupe « Ansar al-Sharia » à Gao, la plus grande ville du nord du Mali.
La plupart des leaders de ce nouveau groupe sont originaires de la tribu Barabiche de Tombouctou et sont proches du porte-parole officiel d’Ansar al-Din, Sanad Ould Bouamama.
Selon le quotidien mauritanien al-Akhbar, cette création fait passer le nombre de groupes armés présents dans la région de l’Azaouad à cinq : l’émirat saharien d’al-Qaida au Maghreb islamique, le Mouvement pour l’unité et le djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), la brigade El Moulethemine d’al-Qaida, Ansar al-Din et maintenant, Ansar al-Sharia.
La création de ce groupe aujourd’hui n’a rien de surprenant, dans la mesure où les groupes terroristes et leurs mouvements alliés estiment qu’Ansar al-Sharia, dont l’influence ne cesse de croître au Maghreb, représente une solution réelle à la crise dans le nord du Mali.
Selon Djazair News, de nouveaux rapports des services de renseignement ont confirmé que les leaders d’al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) dans le nord du Mali exercent des efforts concertés pour établir des liens avec Ansar al-Sharia en Libye, afin de pouvoir y créer une base destinée à frapper les intérêts occidentaux dans la région, en réponse aux appels à la guerre contre les groupes terroristes au Mali.
Le Daily Telegraph a indiqué le 4 décembre que les leaders d’AQMI « se rendent régulièrement à Ghat, une ville dans le désert située dans le sud-ouest de la Libye, non loin de la frontière avec le Niger ».
« Leur but est de s’implanter en Libye, pour pouvoir, à partir de là, lancer des attaques contre des cibles occidentales, ainsi que pour avoir accès aux vastes arsenaux d’armes, notamment des missiles anti-aériens de fabrication russe, pris par les rebelles libyens durant la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi à la fin de l’année dernière », indique le journal.
« En retour, AQMI propose d’assurer aux groupes islamistes libyens un entraînement et un financement », a ajouté le Telegraph.
Un certain nombre d’armes provenant de l’arsenal de Kadhafi sont tombées entre les mains des islamistes en Algérie et en Tunisie, a récemment déclaré le Président tunisien Moncef Marzouki au magazine World Today.
Dans le même temps, le leader d’Ansar al-Sharia en Tunisie a appelé à mener le djihad contre ceux qu’il a qualifiés d’ennemis de la religion en Tunisie.
Ansar al-Sharia est apparu pour la première fois au Yémen en avril 2011, lorsque le groupe avait été mis en place par al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA). Ce groupe aurait été créé en réponse à la demande d’Oussama ben Laden qui souhaitait rebaptiser al-Qaida.
« Les groupes islamistes armés ont désormais des appellations de promotion, au travers desquelles ils cherchent à s’attirer la sympathie des populations musulmanes en général », a expliqué Abdallah Ould El Nah, chercheur spécialisé dans les questions de sécurité et de défense.
« Ces groupes armés se présentent comme des partisans de l’Islam, que ce soit la religion ou la sharia, bien qu’ils soient très éloignés de ses enseignements tolérants et de ses appels à la paix », a-t-il ajouté.
Ansar al-Sharia dans le nord du Mali n’est que l’une des composantes d’une organisation qui se propage de manière virale. En plus des branches en Tunisie et au Yémen, des groupes similaires ont fait leur apparition au Maroc et en Libye, où Ansar al-Sharia a été jugé responsable de l’attaque terroriste menée contre le consulat américain à Benghazi.
Tous ces groupes partagent une idéologie djihadiste commune, selon un document rédigé par un prédicateur salafiste mauritanien et publié sur des forums en ligne.
Abu Mondhar al-Chinguetti avait écrit en mai dernier que ces nouveaux groupes étaient fondés sur certains principes comme « l’opposition à la démocratie, l’idéologie salafiste djihadiste, le rêve de fonder des émirats islamiques répondant à leur propre vision des choses, et les tentatives d’imposer des restrictions aux libertés ».
Le journaliste mauritanien al-Neji Ould Mohammedu estime qu’Ansar al-Sharia « se développera au fil du temps, essentiellement dans des pays et des sociétés où la stabilité politique est absente ».
Pour sa part, Hamadi Ould Dah, analyste du terrorisme au Sahel, explique que les groupes extrémistes au Mali pourraient adopter une stratégie consistant à fournir des services sociaux aux populations, de manière à gagner des soutiens locaux, à l’instar de ce qui a été fait au Yémen.
« Ils ont adopté la même approche dans un certain nombre de villes en Tunisie, en apportant une aide aux populations, mais dans le même temps, en fomentant le chaos et en propageant la violence dans les rues d’une manière sans précédent », explique-t-il.
« En Tunisie, par exemple, le nombre d’éléments d’Ansar al-Sharia est passé de quelques centaines d’extrémistes à des dizaines de milliers en 2011. Nous sommes confrontés à un phénomène qui risque de devenir incontrôlable et qui doit, de ce fait, être traité très rapidement », a-t-il ajouté.
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