TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne. Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
dimanche 9 décembre 2012
Des réfugiées maliennes racontent leur calvaire
Des réfugiées maliennes racontent leur calvaire
Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott – 07/12/12
Des Maliennes déplacées racontent leurs histoires poignantes de fuite après que le cours de leur vie normale eut été arrêté et que leurs libertés eurent été supprimées par les islamistes armés.
[AFP/Abdelhak Senna] Les femmes du camp de réfugiés de M’Berra en Mauritanie expliquent avoir quitté le Mali par suite des pratiques très dures imposées par les groupes armés.
Des milliers de Maliens ont trouvé refuge en Mauritanie pour échapper à un conflit de plusieurs mois. Mais si les premiers contingents de réfugiés fuyaient les combats et la guerre civile, les plus récents ont des motifs différents.
« La population du nord du Mali ne voulait pas quitter sa terre. Mais les pratiques très dures imposées par Ansar al-Din et al-Qaida l’ont contrainte à s’enfuir », a expliqué le militant touareg Boubakar Ansaru.
« Les plus vulnérables sont les femmes », a indiqué Abdul Rahman Ag Atay, membre du comité de coordination de la jeunesse touareg dans le camp de réfugiés de M’Berra, proche de la ville de Bassiknou, dans le sud-est du pays.
Elles sont soumises quotidiennement à des flagellations, à des agressions et à l’imposition du code vestimentaire islamique, explique-t-il.
« Alors que les hommes sont partis pour le front ou ont déjà fui à pied, les femmes, du fait de leur situation, restent dans les villes, en particulier à Tombouctou », ajouté Ag Atay.
Lorsqu’al-Qaida et ses affiliés au Maghreb islamique ont chassé le Mouvement national pour la libération de l’Azaouad (MNLA) de Tombouctou, cette ville du nord du Mali a changé au-delà de ce qui est imaginable, déclare Mariama Walet Mohamed à Magharebia.
« Je suis née ici et j’y ai passé toute ma vie, totalement libre. Je portais les vêtements que je voulais, et je me déplaçais librement où bon me semblait », explique cette réfugiée âgée de 28 ans. « Mais la prise de contrôle de la ville par les groupes de militants a totalement bouleversé ma vie. J’ai commencé à m’apercevoir que tout ce que j’avais appris sur l’Islam tolérant et la manière dont je vivais étaient considérés comme mauvais par les nouveaux maîtres de la ville. »
« Depuis, lorsque je sortais habillée comme j’avais l’habitude de le faire, j’étais agressée et battue parce qu’une partie de mon corps était exposée », ajoute-t-elle. « Au départ, nous avons tenté en tant que filles de résister à ces principes très stricts imposés par les djihadistes. Nous avons été battues à coups de bâton et jetées en prison. »
Lorsque cette brutalité est devenue trop difficile à supporter, Walet Mohamed a passé un accord avec le chauffeur d’une société de transport public pour partir avec lui pendant la nuit.
« Le reste de ma famille a emmené tout notre bétail en-dehors de la ville, sous le prétexte de l’emmener aux pâtures. J’ai rejoint toute ma famille 24 heures plus tard dans le camp de M’Berra », explique-t-elle. « Je remercie Dieu de m’avoir permis d’arriver saine et sauve et d’avoir échappé à la prison qui nous était imposée par les djihadistes islamistes. »
Pour la réfugiée Fadimetou Walet Bibi, 50 ans, le pire des souffrances qu’elle a endurées était le fait que ces violences étaient perpétrées au nom de l’Islam.
« J’ai connu la guerre des années 1990 contre l’armée malienne, qui a fait de nombreuses victimes. Mais le traitement infligé par ces militants a été pire, parce que la torture et la restriction des libertés peuvent être plus sévères que la mort », explique-t-elle. « Je suis venue dans ce camp de réfugiés lors des récents affrontements entre le MNLA et le Mouvement pour l’unité et le djihad en Afrique de l’Ouest, en compagnie de mes quatre filles. »
« Mes filles et moi avons été battues à plusieurs reprises par les djihadistes à Tombouctou alors que nous allions au marché », ajoute-t-elle. « La raison en était toujours la manière de nous habiller, qu’ils considéraient comme non islamique. L’une de mes filles souffre encore de fortes douleurs au dos et aux jambes après avoir été battue par des jeunes partisans d’Ansar al-Din. »
Et Walet Bibi d’ajouter : « Le plus étrange, c’est que ces jeunes, qui n’ont aucune expérience de la vie, se voient conférer une autorité totale pour diriger la population et appliquer la sharia. »
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