Les Touaregs s’agitent, dans le Nord-Mali
Caroline Grimberghs
Mis en ligne le 17/01/2012
Dans une région désertique et en partie aux mains d’Aqmi, les Touaregs continuent leur lutte pour une reconnaissance de leur identité. A plus de 1000 km de Bamako, les combats s’intensifient après le retour de Libye de nombreux hommes armés. 4 villes seraient aux mains des rebelles. L'armée dément.
La chute de Mouammar Kadhafi n’a pas encore dévoilé toutes ses conséquences. Depuis ce mardi, les combats ont repris dans le Nord-Mali. Cette région sensible doit faire face à une double instabilité : la présence dans la région d’Al-Quaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et les velléités indépendantistes des Touaregs qui resurgissent avec une force variable depuis les années 90. S’ajoute à cela, aujourd’hui, le retour de nombreux jeunes hommes, lourdement armés, qui quittent la Libye au lendemain de la chute de Kadhafi, retrouvent les campements familiaux et, désœuvrés, reprennent les combats laissés derrière eux à Tripoli ou Benghazi.
S’estimant lésés par le gouvernement malien, les rebelles touaregs présents dans cette région désertique du Nord du Mali ne veulent plus être rattachés à Bamako et son administration. Plus de 1200 kilomètres séparent la capitale de Gao, principale ville de la région du Nord. 1600 kilomètres même pour rejoindre Kidal, ville essentiellement peuplée de Touaregs. Nomades, ceux-ci vivent dans des campements disséminés entre Kidal, Tombouctou et le cercle de Douentza à proximité de la ville de Mopti. Dans cette région dite de l’Azawad, ils militent, depuis des années, pour une reconnaissance de l’identité touareg voire pour la création d’un Etat indépendant. La dernière résurgence de violence date de 2009. Le retour de ces hommes, en direct ligne de Libye, apporte un support matériel important même si le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) refuse d’estimer leur présence comme un élément central des actions de ces derniers jours : "Le MNLA existait déjà. Ils ont apporté un plus militaire mais pas politique" explique Mossa Ag Attaher, chargé de la communication du Mouvement.
Depuis ce mardi, la ville de Ménaka, située dans le nord-est du pays, près de la frontière avec le Niger, est le théâtre de violents affrontements : après des échanges de tirs, la ville a été bombardée par l’armée. "Les forces maliennes ont repoussé les assaillants", a déclaré le colonel Idrissa Traoré à l’agence Reuters, qui dit ne pas disposer d’informations concernant d’éventuelles victimes. "Nous avons arrêté quatre bandits armés au cours de notre riposte. Certains sont légèrement blessés", a de son côté déclaré le lieutenant Habib Togola. Après avoir très temporairement pris le contrôle de Ménaka, les rebelles se seraient repliés hors de la ville. Une information que dément le bureau politique du MNLA : "Les rebelles ont hissé les drapeaux de l’Azawad partout dans la ville. Nous opposons un démenti formel concernant la reprise de Ménaka par l’armée malienne" explique Mossa Ag Attaher, chargé de la communication du Mouvement et actuellement à Paris en vue de faire connaître et comprendre à la communauté internationale le combat du MNLA. Il précise qu’un avion militaire aurait été détruit par les combattants du MNLA sur place.
Vers 17h30, le MNLA annonçait la prise de la ville de Anderamboukane, par la force et précisait que l’armée aurait fuit les villes de N’tillit et Tessit quelques minutes avant l’arrivée des combattants.
"Les médias occidentaux tentent de nous assimiler aux islamistes d’Aqmi dans la région et cela nous porte préjudice. Nous défendons deux idéologies diamétralement opposées et combattons Aqmi. Nous leur demandons d’ailleurs de déguerpir du territoire". Territoire que les touaregs du Nord-Mali réclament indépendant.
Le bureau politique du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) s’est dispersé en France, en Mauritanie ou au Burkina Faso, se disant victime d’une "chasse à l’homme" menée par les autorités maliennes. Les combats de ces derniers jours ont placés les représentants de ce mouvement dans une situation d’insécurité les obligeant à quitter le territoire malien. Ils estiment se heurter à un refus des autorités et du président Amadou Toumani Touré, de dialoguer. "Aucun membre du MNLA ne peut vivre actuellement en sécurité au Mali. Nous avons usés de toutes les voies pacifiques possibles" explique-t-il.
Pour le moment, les rumeurs des uns succèdent aux déclarations des autres. Un flou encore compliqué par de fréquentes coupures, par les rebelles, des communications téléphoniques dans la région. "Les forces armées maliennes contrôlent la situation" déclare le colonel Idrissa Traoré. "La ville est sous le contrôle des combattants du MNLA" assure l’état-major des rebelles touaregs.
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