Rédaction Radionet - Mercredi, 25 Janvier 2012 13:57
« Nous sommes des oubliés mais nous gardons patience, même si notre patience a des limites » : l'amertume le dispute à la colère chez les ex-rebelles Touareg du nord du Niger qui, plus de deux ans après la fin des combats, attendent que l'Etat se penche enfin sur leur sort.
Amawé Angatt, 33 ans, et la poignée d'ex-rebelles qui comme lui ont participé au « Forum paix et développement » lundi et hier à Arlit, près d'Agadez, grande cité du nord désertique, ont le même air sombre quand ils racontent leur quotidien depuis la rébellion de 2007-2009 : une vie d' « assistés », aux crochets de leurs proches.
« Même pour acheter du thé », boisson consommée ici à longueur de journée, « il faut que je tende la main à ma mère, c'est une honte! », confie Ahmed Abdou, 35 ans. Lui aussi avait pris le maquis pour rejoindre les rebelles sur le mont Tamgak, leur repaire en plein désert de l'Aïr : « je le regrette amèrement. Je rêvais de devenir un agent des douanes au cas où le gouvernement accepterait de nous donner du travail, mais je ne suis rien du tout aujourd'hui ».
Iliassou Adam est un vétéran de la première rébellion (1991-1995). « Faute de travail, je ne me suis toujours pas marié à 37 ans. Chez les Touaregs, c'est une déchéance sociale totale », rumine-t-il.
« Trop marqué par la déception, un de nos camarades est même devenu fou et vit sur des tas d'immondices à Agadez », raconte Abderahmane Abdoussama, 41 ans, un autre ex-combattant de cette époque.
La dernière révolte touaregue s'était achevée par une amnistie pour les rebelles, mais sans aucun engagement pour leur réinsertion sociale.
Un accès prioritaire des jeunes locaux aux emplois sur les sites miniers de la région était au cœur des revendications de la rébellion : « Souvent on vous dit : +nous ne voulons pas de bandits ou d'ex-rebelles ici+ », peste Alhassen Guichen, devenu bénévole pour une ONG locale.
Les anciens combattants sont régulièrement accusés d'entretenir l'insécurité sur les routes par le banditisme.
« S'ils veulent la paix, ils n'ont qu'à nous donner du travail dans les sociétés minières et nous intégrer dans les Forces de défense et de sécurité » lance le vétéran Abderahmane Abdoussama.
Leur précarité actuelle n'est pas sans risque, avertissent certains ex-rebelles. D'autant que l'attaque la semaine dernière par des Touaregs contre trois villes du Mali voisin, reprises par l'armée - une première depuis 2009, et le récent retour de Libye de Touareg pro-Kadhafi armés - fait craindre au Niger une contagion.
Après la dernière rébellion, « le gouvernement nous a laissés dans la nature, mais ce n'est pas responsable de laisser 4.000 ex-combattants rompus au métier des armes dans la nature », met en garde Alhassen Guichen.
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