lundi 4 mai 2009

Uranium : le gisement géant d’Imouraren sur les fonts baptismaux


Niger/Le président nigérien, Mamadou Tandja et AnnLauvergeon, patronne du groupe nucléaire français Areva.(Photo : AFP/AREVA/François Maréchal)
par Myriam Berber
Article publié le 04/05/2009 Dernière mise à jour le 04/05/2009 à 16:42 TU

source/RFI


Le président du Niger Mamadou Tandja et la patronne du groupe nucléaire français Anne Lauvergeon ont donné, lundi 4 mai 2009, le coup d’envoi des travaux dans la mine géante d’uranium d’Imouraren. L’exploitation de ce gisement devrait permettre au Niger de devenir le second producteur mondial d’uranium. Cette cérémonie de la pose de la première pierre symbolique est intervenue au lendemain d'une rencontre à Agadez, la grande ville du nord au coeur des mines d'uranium, entre le président Tandja et des chefs rebelles touareg, une première depuis la résurgence d'une rébellion début 2007.

La présidente du directoire d’Areva Anne Lauvergeon, a donné, lundi 4 mai au Niger, le premier coup de pioche du gisement d’Imouraren, situé à quelque 200 km au nord-ouest d’Agadez et à plus de 1 200 kilomètres de la capitale Niamey. Le 27 mars 2009, le président Nicolas Sarkozy s’est rendu à Niamey pour célébrer ce partenariat. L’accord signé en janvier à Niamey entre le groupe nucléaire français et l’Etat nigérien a été obtenu de haute lutte, face à des concurrents canadiens et chinois qui jugeaient le gisement d’Imouraren stratégique.

Pour obtenir l’agrément du gouvernement de Niamey, Areva a fait d’importantes concessions comme d’accepter une hausse de 50% du prix d’achat de l’uranium provenant du gisement à ciel ouvert d’Arlit et de la mine souterraine d’Akokan, deux sites dans le nord du pays. Le groupe nucléaire français a également accepté un accord de partage des richesses d’Imouraren. Areva détiendra 66,65% de la société créée en vue de l’exploitation du gisement, contre 33,35% pour l’Etat nigérien.

Un investissement initial de 1,2 milliard d’euros


Pour le Niger, un des pays les plus pauvres au monde, ce contrat est l’assurance de recettes budgétaires vitales. Areva a annoncé un investissement initial de plus de 1,2 milliard d’euros, ce qui devrait permettre la création de 4 000 à 5 000 emplois directs et indirects dans le pays, selon des sources nigériennes. Areva indique, par ailleurs, vouloir dépenser 6 millions d’euros sur les cinq prochaines années dans des actions en faveur des populations nigériennes (santé, éducation et formation, accès à l’eau, l’électricité et aux transports).

Avec une production à terme estimée à 5 000 tonnes par an pendant plus de 35 ans, le leader mondial du nucléaire est désormais à l’abri d’éventuels ruptures de stock. Le Niger est un partenaire incontournable pour Areva dont il est le premier fournisseur d’uranium. Le pays, à lui seul, fournira la moitié du combustible des centrales nucléaires françaises en 2012.

Des dommages environnementaux

Présent au Niger depuis plus de 40 ans, la multinationale française suscite de nombreuses critiques. Depuis des années, de nombreuses ONG dénoncent les effets catastrophiques de ses activités sur l’environnement, la santé et les populations locales, l’accusant de « piller » les richesses du pays. Cette exploitation a « des conséquences sanitaires et sociales désastreuses pour la population locale à majorité touareg et pour l’environnement », explique Survie, une ONG spécialisée dans les relations franco-africaines.

« L’entreprise française a fait exproprier des terres qui appartenaient aux tribus nomades », c’est ce qu’expliquait l’euro-députée verte Hélène Flautre lors d’un débat sur le nucléaire au Niger organisé par le réseau « Sortir du nucléaire » en mars dernier. Depuis début 2007, le gouvernement nigérien est confronté aux actions de la rébellion touareg qui réclame une plus grande part pour les populations locales des bénéfices tirés de l’exploitation de l’uranium.

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