mercredi 10 mars 2010

Terrorisme au Sahel : Al-Qaïda maghreb veut plus


10-02-10-Le Soir d’algerie
Terrorisme au Sahel : Al-Qaïda maghreb veut plus
mercredi 10 mars 2010
Depuis dimanche dernier, une annonce en grande pompe en langue arabe et française sur l’imminence de la diffusion d’un « discours d’Al- Qaïda-au Maghreb (AQMI) adressé aux dirigeants et aux peuples des Etats du Sahel et de l’Afrique subsaharienne » est annoncée sur la plupart des sites Internet utilisés par Al-Qaïda et ses satellites.

Il est précisé que ce discours sera prononcé par celui qui est affublé du nom de « Cheikh Abou Obayda Youcef ». C’est-à-dire l’ancien « émir » de la « zone VI » couvrant une partie du nord-est du pays, plus sanguinairement connu sous le nom de « Youcef El- Annabi », et qui a été « promu » comme « président du conseil consultatif » de l’organisation terroriste.

Autrement dit, son numéro deux actuellement. Il n’y a pas à être dans le secret des dieux pour deviner la substance de ce « discours » . Le moment choisi pour le diffuser est marqué par la libération par le Mali de quatre de ses terroristes, qu’il avait capturés les armes à la main, en échange de la vie d’un ressortissant français qui avait été pris en otage en Mauritanie et séquestré sur son territoire. Pour l’organisation terroriste, il s’agit du moment le plus marquant de son histoire. Elle est arrivée à faire plier le Mali à ses exigences tout en parvenant à obtenir de la France qu’elle exerce le maximum de pressions sur ce pays pour l’obliger à la satisfaire.

Aucune autre organisation parmi celles qui ont sévi avant elle en Algérie n’a pu arracher une telle « victoire », bien qu’elles s’y soient essayées par des menaces ou même par des prises d’otages comme dans le cas du détournement de l’Airbus d’Air France en 1994 par le GIA. Forte de cet « exploit », aujourd’hui, AQMI veut tout simplement plus non seulement du Mali mais aussi du reste des « dirigeants et peuples du Sahel et de l’Afrique subsaharienne ». Déjà, depuis lundi dernier, des informations font état, sans que cela soit confirmé par une source officielle, d’une attaque de l’organisation terroriste d’un poste de l’armée nigérienne dans la région de Tillaberi, où il y aurait eu plusieurs soldats tués et blessés et même enlevés, selon certaines sources, avant que les assaillants ne se replient dans le nord du Mali en emportant un lot d’armes.

Tout le problème est que, à l’heure actuelle, c’est surtout l’Etat du Mali qui est utilisé comme base principale par l’organisation terroriste pour ses velléités expansionnistes dans le reste de la région sahélienne jusqu’au Nigeria et même au-delà. La tendance globale des pays de cette partie de l’Afrique a été (et reste) de faire semblant d’ignorer où en est AQMI en terme de présence et de menaces, alors que sa base dans le septentrion malien est en grande partie constituée de leurs enfants du Niger au Nigeria en passant par le Burkina Faso et sans oublier le Mali qui sont venus renforcer les « Maghrébins ». Quoi qu’il puisse être dit et en tenant compte, avec la plus grande largesse d’esprit possible pour comprendre, de la situation indigente du Mali qui ne lui permet pas de prendre ses responsabilités vis-à-vis de la présence de l’organisation terroriste sur son territoire, il est un fait que sa volonté politique de la contrer est totalement absente.

Le fait de permettre aux forces de sécurité algériennes et mauritaniennes de traverser les frontières de leurs pays respectifs et de pénétrer dans le territoire malien dans le cas de poursuites de terroristes pris en chasse, comme est affirmé ici et là, est davantage dans l’intérêt du Mali et non un service rendu pour ses voisins du Nord. Car, en définitive, moins les terroristes y trouveront refuge sur son territoire et plus sa sécurité et celle de ses « hôtes étrangers » qui y sont pris en otages ou séquestrés seront moins menacées. Et à cela, il faudrait souligner que les terroristes pourchassés ne parviennent que très rarement à traverser la frontière sans qu’ils soient neutralisés, abattus ou arrêtés.

Aujourd’hui, le Mali est tenu d’affirmer concrètement la fermeté de sa souveraineté sur son territoire national, gravement compromise par l’implantation dans sa partie nord d’une organisation qui lui a déjà démontré à plusieurs reprises qu’elle ne le ménagera pas. La permissivité et l’impunité qui lui ont été accordées ont été comprises – comme il se devait – comme un signe de faiblesse. Et elle va en profiter pour s’investir davantage dans toute la région. C’est ce à quoi il va falloir s’attendre dans le « discours du Cheikh Abou Obayda Youcef ».

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